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Caterina Milioto: passion et communication

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑novembre 2022

Caterina Milioto: passion et communication

Caterina Milioto (Photo: Martin Flamand)

QUI SONT LES PDG DE L’ANNÉE 2022? Pour les automobilistes, les chantiers du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, de l’échangeur Turcot et du pont Champlain riment avec congestion, mais pour Intervia, il s’agit plutôt d’un beau défi à relever.

Cette firme de génie-conseil fondée en 2016 par Caterina Milioto est spécialisée dans la planification et la gestion de la mobilité. «On partage tous cette passion dans ma PME, explique la présidente en entrevue. La mobilité, c’est vraiment notre niche.»

Sa passion et son dévouement à cette «niche» ont d’ailleurs valu à Caterina Milioto le prix PDG de l’année 2022 Les Affaires, dans la catégorie petite entreprise (49 employés et moins), dont les lauréats étaient dévoilés le 23 novembre.

Avec ses deux parents qui ont possédé leur petite entreprise tout comme trois de ses sœurs, cette Montréalaise a toujours eu la fibre entrepreneuriale. Après avoir travaillé pour la Ville de Montréal et le Groupe SM dans le domaine du transport, elle est devenue consultante. Approchée par des clients pour des mandats, elle a commencé à embaucher pour répondre à la demande.

«Ma croissance s’est donc faite de manière “organique”», explique l’unique actionnaire d’Intervia, qui compte 45 employés et dont les revenus augmentent d’environ 20 % annuellement depuis sa création.

«Le déclencheur, c’était de construire quelque chose, ajoute celle qui a grandi à Saint-Léonard. J’avais une vision d’une entreprise boutique avec un petit groupe d’employés bien rémunérés qui se sentent bien.»

 

Culture d’entreprise forte

Si Caterina Milioto aime tant le volet mobilité, c’est qu’il nécessite autant d’aptitudes humaines que techniques. «Il y a beaucoup de communication dans notre métier, contrairement au reste du génie civil, dit l’ingénieure de formation. Cela m’attire. Il faut tenir compte de l’environnement, des usagers, des commerçants, etc. Cela prend des consultations. C’est un travail exigeant et stressant, car les impacts sont visibles.»

L’humain est donc au centre de son aventure entrepreneuriale. «Le bonheur, c’est super important à Intervia, déclare-t-elle. On veut des gens heureux et habiles. L’esprit d’équipe est essentiel. Il faut être prêt à aider un collègue n’importe quand.»

Cette habilité, on la retrouve entre pairs qui travaillent ensemble sur de multiples projets. Le travail en vase clos n’existe pas. La direction fait aussi preuve de souplesse pour accommoder ses employés, dont la moitié sont des femmes, ce qui est rare dans le milieu très masculin de l’ingénierie.

«On a par exemple eu six congés de maternité depuis deux ans, explique-t-elle. J’étais super contente pour elles, puisque je sais qu’avoir des enfants, c’est la plus belle chose de la vie, confie celle qui en a deux. Même si cela posait des défis, on a trouvé des solutions.»

 

La rétention des talents

La femme d’affaires mise beaucoup sur la rétention et le développement de son personnel pour faire grandir sa PME. «On vend des cerveaux et je veux m’assurer de les garder», résume-t-elle.

Elle songe ainsi à ouvrir l’actionnariat pour permettre à deux directeurs d’expérience de devenir copropriétaires. Elle a aussi embauché un consultant en rémunération pour évaluer si les employés sont payés à leur juste mesure.

La formation est également très importante. «Dans les universités, il n’y a pas vraiment de cours en mobilité. Donc, c’est vraiment en entreprise que tu te développes. Chez nous, les plus jeunes sont mentorés.»

Elle constate que pour rester une référence en mobilité, sa PME devra bien former et retenir ses jeunes. D’ailleurs, les 25-35 ans constituent la tranche la plus nombreuse de ses talents. La présidente compte sur un milieu de travail motivant pour y parvenir. «Nous avons une culture d’apprentissage, mentionne-t-elle. Nos employés ont plus de liberté en étant chez nous. Les tâches sont variées. Cela stimule la polyvalence.»

Pour partager les connaissances, Intervia publie régulièrement en interne ses «capsules d’apprentissage», provenant d’enseignements retenus par des salariés. Il y a aussi un comité innovation. «Ce sont des plus jeunes qui gèrent cela, souligne-t-elle. C’est le “fun” de les voir aller.» De nouvelles technologies numériques pour mieux mesurer le trafic et faire des simulations ont été mises au point. Il y a aussi eu l’élaboration de plans de signalisation géoréférencés de plus grande qualité, ce qui a valu à l’entreprise d’obtenir la plus haute note chez les fournisseurs en la matière par la Ville de Montréal. Ce sont les outils de demain.

En attendant l’avenir, le recrutement demeurera un défi. «On met beaucoup d’efforts là-dessus», révèle Caterina Milioto. C’est pour cette raison qu’une directrice en talent et en culture d’entreprise a été embauchée. Son rôle est d’apprendre à connaître les employés, à trouver des moyens pour les retenir et les développer. Faire vivre la culture d’Intervia de l’intérieur et assurer son rayonnement à l’extérieur afin d’attirer des finissants font aussi partie de sa mission.

Avec les travaux prévus sur l’autoroute Métropolitaine et Ville-Marie, ainsi que sur d’autres infrastructures vieillissantes dans la région montréalaise, les prochaines années permettront certainement à Caterina Milioto d’assouvir pleinement sa passion.

 

Les grandes réalisations d’Intervia en 2022


  • Intervia a augmenté ses revenus de 20 % dans la dernière année.
  • L’entreprise s’est doté d’un comité Innovation, ce qui a permis de créer des plans de signalisation géoréférencés de plus grande qualité.
  • Elle a obtenu la plus haute note d’évaluation chez les fournisseurs par la Ville de Montréal.
  • Intervia a également fait des dons importants à la fondation La rue des femmes et Kids for Life Foundation et a créé un jardin communautaire dans sa cour arrière pour les employés et les autres occupants de son immeuble de bureaux.