«Je suis entrepreneur aujourd’hui, car j’ai été sportif de haut niveau dans ma jeunesse.» (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Il y a quelques semaines, lors d’une marche que je prenais sur le Mont-Royal, je me suis mis à réfléchir sur ce que je ferais de différent si j’avais l’occasion de me lancer en affaires avec l’expérience que j’ai acquise au fil des années. Après une quinzaine d’années en affaires, le Nicolas d’aujourd’hui est-il si différent?
Avant tout, je désire clarifier deux termes, qui, à mes yeux, sont bien différents. Expérience et ancienneté. L’expérience démontre que tout au long d’un parcours, on acquiert certes de l’ancienneté chronologiquement parlant, mais on apprend également grâce aux différentes épreuves que la vie d’entrepreneur nous fait surmonter. L’autre n’est qu’une référence temps qui démontre que nous avons traversé les jours, mois ou années sans avoir acquis quoi que ce soit.
Pour ma part, j’ai vécu ces dernières années avec comme seul objectif de m’améliorer quotidiennement. Me lançant dans le vide sans rien connaître du monde des affaires et encore moins du domaine des spiritueux, je n’avais d’autres choix que de devoir apprendre, tout apprendre et m’abreuver de chacune des expériences que je vivais.
Dans les échecs comme dans les succès, j’ai toujours mis beaucoup de temps à essayer de comprendre, en quelque sorte, le résultat de mes actions. Pourquoi la même action ne donne pas toujours le même résultat? Pourquoi les initiatives les moins préparées sont souvent celles qui fonctionnent le plus? Cette introspection m’a énormément aidé à traverser plusieurs années de vaches maigres et de comprendre que le succès est un marathon et non un sprint, et que, comme le dit si bien le proverbe, le plus important n’est pas de survivre à la bataille, mais bien de gagner la guerre.
Au fil de ma réflexion, je me suis surpris à quelques reprises à analyser certains de mes plus grands échecs et à me dire que si je pouvais recommencer, je ferais tout pour les éviter. Cependant, en enlevant la plupart d’entre eux, je devais en même temps éliminer certains de mes meilleurs coups qui voyaient le jour dans le sillage de ceux-ci. Plus j’y réfléchissais, plus je me disais que je ne changerais rien de ce que j’avais entrepris, mis à part quelques détails anodins.
J’ai eu deux grandes chances dans ma vie qui font en sorte que j’écris cette chronique aujourd’hui. La première est celle d’avoir eu beaucoup de talent, mais aucune éthique de travail. C’est drôle à dire, mais c’est grâce à ce défaut passager d’adolescence, que mon rêve de jouer au basketball professionnel, ainsi que celui de devenir architecte, ne se sont jamais concrétisés. La seconde est d’avoir étudié dans un programme de sport-études qui, finalement, a été la meilleure école d’entrepreneuriat. Grâce au sport, j’ai découvert non seulement l’importance du moindre petit détail, du travail d’équipe, des sacrifices à prendre, de la préparation minutieuse, mais surtout d’accepter l’échec.
C’est simple, je suis entrepreneur aujourd’hui, car j’ai été sportif de haut niveau dans ma jeunesse. J’ai réussi à traverser de longues périodes d’adversité, car j’avais l’habitude après une défaite de retourner sur le terrain pour pratiquer encore plus et de ne jamais me définir par le résultat final, l’échec ou la victoire, mais plutôt par tout le travail accompli lors de ma préparation.
Plus j’avançais dans ma réflexion, plus je me disais que jamais je n’aurais pu être à cette étape de ma carrière entrepreneuriale si je n’avais pas vécu autant les beaux jours que les moins beaux.
Dans une société où le diktat de la perfection règne, je crois, au contraire, qu’il y a un immense avantage à ne pas essayer d’enfouir dans sa mémoire tout échec ou mauvaise expérience vécue. Un peu comme les cicatrices sur la peau nous rappellent un moment douloureux, les échecs rencontrés tout au long de notre parcours permettent, à ceux qui les acceptent et prennent le temps de les comprendre, de continuer à avancer, de s’améliorer au fil du temps et d’acquérir cette fameuse expérience.
En finissant ma marche, bien que ce ne fut pas toujours facile, je me suis dit que si je devais recommencer, je ne changerais absolument rien et ferais tout de la même manière!