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C’est le week-end du TriMemphré Polar: on parle de barres énergie

Diane Bérard|Mis à jour le 11 juillet 2024

C’est le week-end du TriMemphré Polar: on parle de barres énergie

Sidi Ba et Guillaume Bourque, cofondateurs de Haumana (Photo: Hoang-Nam Vo-Lê, @namaste_vo)

Ce week-end, le 13 et 14 juillet, Magog accueille la 24 édition du TriMemphré Polar, une série de 20 épreuves sportives incluant des triathlons, des duathlons, des compétitions d’Aquavelo ainsi que le Championnat canadien et la Coupe du Monde de parathriathlon. J’y serai pour encourager deux athlètes très spéciaux, mon fils et ma sœur (#respect)

Les épreuves du TriMemphré Polar s’adressent à l’élite aussi bien qu’aux amateurs. Ces compétitions exigent de la persévérance et de l’endurance. Mon fils et ma sœur s’entraînent avec assiduité depuis six mois. Ils accumulent les kilomètres… et les calories. S’entraîner brûle du carburant, il faut le remplacer. Autour des athlètes, il s’est développé une industrie de «l’énergie»: barres, gels, boissons, etc. Je profite donc des épreuves de Magog pour vous raconter l’histoire d’une jeune entreprise sociale qui tente de se tailler une place dans cette industrie: la Montréalaise Haumana, fondée par Sidi Ba et Guillaume Bourque.

Comment se différencier dans une industrie en pleine effervescence?

Sidi Ba est né d’une mère Québécoise et d’un père Sénégalais. C’est là qu’il faut fouiller pour trouver le premier facteur de différenciation. «Nos barres protéinées font le pont entre mes deux communautés d’origine, explique le jeune entrepreneur. Du Québec, elles incarnent un style de vie nord-américain. Du Sénégal, elles puisent un savoir ancestral autour de la mise en valeur du fruit du baobab.» Les barres Haumana sont veganes, crues et sans gluten. Leur ingrédient de base est le fruit du baobab.

Je vous l’ai dit, «l’industrie de l’énergie» est en pleine effervescence. Et chaque fabricant tente de se différencier. La Québécoise Näak, par exemple, fabrique des barres protéinées à partir de farine de grillons. On parle de plus en plus des vertus environnementales et nutritives de ces petites bêtes. Mais comment Sid et Guillaume ont-ils pensé à employer le fruit du baobab?

«À l’université, j’ai fondé un OBNL qui visait à retaper des salles de classes dans le village de Matam, au nord du Sénégal. Le projet s’est transformé en une bibliothèque, pour offrir un lieu de rassemblement à la population. Un jour, alors que nous y tenions une activité communautaire, une résidente de Matam nous a offert une boisson locale, «Goûtez à ça les gars!». C’était brun et laiteux, je n’étais pas convaincu… Je me suis trompé, c’était délicieux. La dame m’a expliqué que cette boisson est fabriquée à partir du fruit du baobab, qui possède des propriétés nutritives importantes.»

Les deux complices tentent de reproduire ce jus. Mais le temps de conservation s’avère trop court. «Et puis, nous voulions créer un produit qui nous ressemblait, que nous aurions nous-mêmes consommé, dit Sidi. Nous sommes tous les deux actifs, une barre protéinée à base du fruit du baobab nous est apparue la solution.»

Une décision lourde de conséquences

Alors que le duo poursuit sa réflexion sur son produit, il prend une décision qui influencera de façon significative son modèle d’affaires. «Les barres protéinées sont vendues dans des emballages individuels. Pour en prolonger la durée de vie (5 à 7 mois) les fabricants retirent l’oxygène pour le remplacer par de l’azote. Nous ne souhaitons pas employer ce procédé, explique Sidi. Du coup, cela élimine la distribution de leurs barres chez les grands détaillants.» Sur les tablettes, leurs barres se conservent trois semaines. Au frigo, 1 ½ mois. Les vendre à de grands détaillants comporte trop de risque de gaspillage alimentaire, estiment les entrepreneurs. Quant aux petites surfaces, elles commanderaient des quantités trop limitées. Le duo a donc choisi de ne vendre qu’en ligne. Et ils ne fabriquent que les quantités commandées.

Une coopérative de 20 femmes sénégalaises produit la poudre de baobab qui constitue l’ingrédient de base de ces barres. Cette poudre peut être entreposée plusieurs mois. Sidi et Guillaume fabriquent les barres à la main, deux jours par mois – les 2e et 4e lundi du mois. Elles sont expédiées aux clients le même jour.

Haumana a opté pour un modèle d’abonnement. Chaque boîte (38$) contient deux sacs, réutilisables et biodégradables. On trouve six barres, de 50 grammes chacune, dans chaque sac. Pour créer un engouement chez le consommateur, les deux complices ont l’intention de créer une nouvelle saveur par mois. Ainsi, la boîte contient un sac classique (baobab ou baobab et chocolat) et un sac découverte. La saveur de juillet est baobab et gingembre.

S’adapter à sa clientèle

La valeur nutritive de chaque barre Haumana est clairement indiquée sur le site. J’ai donc comparé la composition de mon gel énergie préféré avec la barre Haumana du mois. Conclusion: mon gel contient plus de sucre, mais moins de fibre et de protéines que la barre baobab et gingembre. Sidi sait que tous les sportifs feront comme moi. Ils compareront la valeur nutritive de sa barre à celle de leur produit préféré, et des autres produits disponibles sur le marché. C’est pourquoi l’entreprise a commencé à travailler avec une nutritionniste, pour perfectionner ses recettes.

Pendant l’entraînement, j’entrepose mon gel dans la poche de mon short. Si je courais avec une ceinture à la taille, c’est là que je l’y mettrais. Dans un cas comme dans l’autre, je ne pourrais pas transporter la barre de Sidi et Guillaume, car elle n’est pas enveloppée, pour des raisons environnementales. Je pourrais la consommer avant ma course ou au retour. Mais je ne peux pas la placer dans ma poche pendant l’entraînement. J’imagine l’effet catastrophique à la chaleur… Les entrepreneurs sont conscients de cet enjeu, issu de leur modèle d’affaires, lui-même fondé sur leurs valeurs. Ils l’assument et cherchent une solution pour étendre les usages de leur barre. Ils comptent vendre un emballage réutilisable. De telles pellicules sont déjà disponibles sur le marché, plusieurs sont faites de cire d’abeille. On verra si l’emballage réutilisable s’avère suffisamment efficace pour convaincre les sportifs d’emporter ces barres pendant l’entraînement.

Conjuguer théorie, pratique et valeurs

Haumana est une entreprise sociale artisanale. Ce n’est pas encore le gagne-pain de ses fondateurs. Ils ont fait des choix qui ne permettent pas une croissance rapide. Mais ils sont patients. Et ils gardent leurs yeux et leurs oreilles ouverts. «Nous admirons beaucoup la Québécoise Oat Box, qui livre du gruau et du granola à domicile sous une formule abonnement depuis 2014. Eux aussi proposent de nouvelles saveurs tous les mois. En juin, ils ont fait leur entrée chez Métro. Pour les épiceries, ils ont développé de nouveaux produits. Nous suivons de près l’évolution du modèle d’affaires d’Oat Box. Leurs valeurs sont très voisines des nôtres.»

Les valeurs des fondateurs d’Haumana sont très claires. Leur modèle d’affaires, lui, est en évolution. Sidi et Guillaume connaissent très bien la théorie. Ils sont diplômés en gestion. Ils savent manier le BMC ( business model canvas) et la méthode d’analyse SWOT (strenghts, weaknesses, opportunities, threats). Leur défi consiste à conjuguer théorie, pratique et valeurs.

En terminant, je souhaite bonne chance à tous les athlètes qui participent au TriMemphré Polar.