«Pourquoi ne pas fédérer plusieurs acteurs afin de développer un nouveau modèle?» (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Depuis une dizaine d’années, j’ai le privilège le parcourir le Québec afin d’y donner des conférences, rencontrer des clients et entretenir différentes relations d’affaires. De Blanc-Sablon à Rouyn-Noranda, en passant par Sherbrooke, Chibougamau ou l’île d’Anticosti, j’ai souvent partagé avec vous, par le biais de cette chronique, la beauté et la résilience de notre territoire et de ses habitants.
Nous sommes 9 millions à vivre sur une superficie de plus de 1,7 million de kilomètres carrés et nous partageons 12 000 kilomètres de frontières avec plusieurs autres provinces canadiennes, ainsi que les États américains du Maine, du New Hampshire, du Vermont et de New York.
Idéalement positionné entre l’Europe et l’Amérique, autant notre territoire regorge de richesses incroyables, autant son immensité représente un réel casse-tête, ainsi qu’une panoplie de défis, notamment pour les PME qui y sont installées.
C’est lors de mon passage en Gaspésie la semaine dernière que cette réalité m’a, une fois de plus, parue si évidente. À l’ère de la mondialisation, où l’on souhaite que les frontières disparaissent, à l’époque où l’on exige que tout aille de plus en plus vite en minimisant le plus possible les frictions, je suis toujours aussi surpris de la complexité de déplacement pour me rendre en région.
Attention! Avant d’aller plus loin, une dose de réalisme s’impose dans la discussion. Il faut arrêter de citer en exemple les modes de transport européens, surtout dans les pays d’Europe de l’Ouest. Autant l’étendue géographique, ainsi que la densité moyenne d’habitants par kilomètre carré, justifie en tout point l’offre de transport rapide et économique, autant sur les rails ou dans les airs.
Dans notre belle province, la réalité est bien différente. En effet, plus de 80% de la population totale est établie le long de la vallée du Saint-Laurent, entre Sept-Îles et Montréal, et presque la totalité, 97% pour être plus exact, est concentrée sur à peine 20% du territoire.
Pour les PME en région, l’étendue du territoire et la faible densité de population représentent plusieurs obstacles de taille. Bien entendu, le premier est celui de l’accessibilité, mais il y a aussi le coût élevé, autant des déplacements que du transport de marchandises; les défis logistiques, notamment ceux reliés aux conditions climatiques; et aussi, et l’on n’en parle pas assez, de la connectivité limitée dans plusieurs régions en raison de la distance des grands centres, du coût élevé de l’installation d’infrastructures réseaux et parfois même des difficultés d’accès afin d’y installer le nécessaire.
Dans un monde des affaires où rapidité, connectivité, transports et logistiques sont essentiels, les PME de régions sont-elles vouées à évoluer contre vents et marées éternellement? J’espère que non!
Des solutions?
Maintenant, on fait quoi? Malheureusement, je n’ai pas la solution miracle. Cependant, je crois sincèrement que c’est grâce à une collaboration publique/privée que se trouve une possible solution rendant le déplacement en région moins complexe et moins cher, car ce sont les deux problèmes les plus importants.
Sachant que plusieurs entreprises et sociétés d’État possèdent leurs propres avions afin de transporter leurs employés des grands centres vers différents lieux de travail (mines, forêts, barrages) situés aux quatre coins du Québec, que quelques compagnies aériennes locales survivent, année après année, afin d’offrir des vols vers ces régions, que le Gouvernement souhaite développer davantage certaines de celles-ci et que les différentes Chambres de commerces et autres organismes se battent depuis des années pour faciliter le déplacement entre leur coin de pays et les grands centres, pourquoi ne pas fédérer tous ces acteurs afin de développer un nouveau modèle?
Étant plus du mode «trouvons une solution» plutôt que «s’éterniser sur le problème», pourquoi ne pas s’inspirer du modèle des partenariats publics/privés pour développer quelques liens aériens, certes pas parfaits, mais qui seraient en quelques sortes des vols quotidiens, rapides et abordables. En s’assurant de répondre autant aux besoins du Gouvernement, à ceux des entreprises privées, ainsi qu’à ceux des communautés locales, on arrêterait le jeu du blâme qui consiste à tous se pointer sans que jamais rien ne change.
Je vous le donne, mon idée est peut-être trop idéaliste, complexe ou tout simplement impossible à mettre sur pied. Mais une chose est certaine, il faut absolument continuer de travailler ensemble afin de trouver une solution viable à ce problème plus que complexe!
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