Les efforts sans précédent du président Donald Trump pour renverser l’issue du scrutin de novembre ont attiré une foule imposante devant la Maison-Blanche et M. Trump a incité ses supporters à se diriger vers le Capitole. (Photo: Getty Images)
Près de quarante-cinq minutes après le début du couvre-feu à Washington, des responsables américains ont confirmé que le Capitole était de nouveau sécurisé. Plus tôt dans la journée, des centaines de manifestants favorables au président Donald Trump ont envahi mercredi le Capitole à Washington dans un climat insurrectionnel, interrompant la session du Congrès qui devait confirmer la victoire de Joe Biden.
Lors d’une allocution au ton grave, le prochain président démocrate a dénoncé une attaque « sans précédent » contre la démocratie américaine. Il a appelé Donald Trump à s’exprimer « immédiatement » à la télévision pour réclamer « la fin du siège » du Capitole et dénoncer cette « insurrection ».
Joe Biden qualifie ces agissements de «chaos», qui ne représentent pas qui le peuple américain est vraiment. (Photo d’archives: 123RF)
Dans une série de tweets — dont certains ont été supprimé par Twitter —, Donald Trump a demandé à ses partisans de se tenir à l’écart de la violence, avant de leur demander finalement, dans une courte vidéo, de « rentrer chez eux ».
Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés à Washington où la maire, Muriel Bowser, a imposé un couvre-feu à partir de 18h00 locales.
« Nous reprenons la Chambre », « c’est notre parlement », a déclaré à l’AFP un manifestant anonyme, dans des scènes de chaos qui semblaient inimaginables au sein de la première puissance mondiale.
« Scènes honteuses »
Ces images ont suscité l’indignation à travers le monde.
Berlin a appelé les pro-Trump à « cesser de piétiner la démocratie ». Londres dénonce des « scènes honteuses ». Le chef de l’Otan Jens Stoltenberg a dénoncé mercredi des « scènes choquantes », martelant que le résultat de cette élection démocratique devait être « respecté ».
Peu après la fin d’un discours particulièrement virulent de Donald Trump dénonçant des élections « truquées » et promettant de ne jamais concéder sa défaite, certains de ses sympathisants ont pénétré dans le célèbre bâtiment abritant le Sénat et la Chambre des représentants.
Une femme, blessée par balle à l’intérieur du Capitole, a d’ailleurs succombé à ses blessures selon plusieurs médias américains.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter d’évacuer les manifestants pro-Trump qui ont envahi la scène installée pour la prestation de serment de Joe Biden le 20 janvier.
De très nombreuses voix se sont élevées à Washington pour dénoncer l’attitude du président américain, accusé d’avoir soufflé sur les braises en refusant de reconnaître sa défaite et en relayant pendant des semaines des théories du complot sur de supposées fraudes électorales.
« Le président incite au terrorisme intérieur », a déploré sur Twitter l’élu démocrate du Wisconsin Mark Pocan, évoquant « un triste jour pour l’Amérique ».
Les manifestants ont fait irruption lors des débats de la Chambre des représentants, ont investi les terrasses du capitole et provoqué l’évacuation des bâtiments du Congrès, peu après que le vice-président Mike Pence eut annoncé qu’il ne pourrait pas s’opposer à la certification de la victoire de Joe Biden.
Dans une lettre publiée quelques minutes avant l’ouverture de la session du Parlement américain, Mike Pence avait expliqué que les « contraintes » de la Constitution ne lui permettaient pas de modifier les résultats du scrutin du 3 novembre, tels que transmis par les États.
Le vice-président répondait ainsi directement à Donald Trump, dont il a été le fidèle lieutenant pendant les quatre dernières années.
Dans un geste extraordinaire qui restera probablement dans les livres d’histoire, le milliardaire républicain avait choisi de défier le Congrès en réunissant des dizaines de milliers de ses supporteurs à Washington.
« Si Mike Pence fait la bonne chose, nous gagnons l’élection », avait-il lancé. « S’il ne le fait pas, ce sera une triste journée pour notre pays », a-t-il ajouté, laissant entendre qu’il doutait de l’attitude de son numéro deux.
Avant que les débats ne sombrent dans la confusion, Mike Pence avait bien commencé à présider la session conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui doit officialiser le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden contre 232 pour Donald Trump.
Selon la Constitution, son rôle consiste à « ouvrir » les certificats envoyés par chacun des 50 États pour transmettre les votes de leurs grands électeurs. Seuls les élus peuvent contester les résultats dans certains États.
Dès le début de la session, des républicains ont émis des objections aux résultats de l’élection dans l’État d’Arizona. Les deux chambres se sont alors séparées pour en débattre.
De plus en plus isolé, le président Donald Trump s’en est pris avec virulence mercredi à son propre camp républicain juste avant que le Congrès n’entérine la victoire de Joe Biden.
Les ténors républicains sont « faibles » et « pathétiques », a-t-il lancé sous un ciel chargé de lourds nuages, à des dizaines de milliers de partisans
« Nous n’abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais » la défaite, a-t-il martelé.
Mais son obstination à contester l’élection de Joe Biden divise le parti républicain.
« Spirale mortelle »
« Si cette élection était invalidée sur la base de simples allégations des perdants, notre démocratie entrerait dans une spirale mortelle », lui a rétorqué Mitch McConnell, le chef des républicains au Sénat.
Le chef des démocrates Chuck Schumer de son côté a estimé que les républicains soutenant Donald Trump s’associaient à « une tentative de coup d’État ».
Ces violents incidents sont intervenus au lendemain d’élections partielles en Géorgie qui ont donné l’avantage aux démocrates désormais bien placés pour prendre le contrôle du Sénat.
Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l’histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet État du Sud traditionnellement conservateur.
Et les démocrates ont remporté la deuxième sénatoriale cruciale en Géorgie, selon les projections des médias annoncées mercredi après-midi, un terrible revers pour le Grand Old Party.
En effet les républicains, après avoir perdu la Maison-Blanche, voyaient ainsi la prestigieuse chambre haute leur échapper.