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Thomas Gaudet

L'allégorie des finances personnelles

Thomas Gaudet

Expert(e) invité(e)

Choisir la bonne année pour être fiscalement pauvre

Thomas Gaudet|Publié le 24 novembre 2022

Choisir la bonne année pour être fiscalement pauvre

«Vous essayez de tirer la couverte de votre bord, mais la réponse est rarement positive. Il n’y a pas d’issue n’est-ce pas? Pour un cas bien précis, il y en a une.» (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. L’année 2022 fut haute en émotions. Les contribuables ont vécu des turbulences financières. Gérer la hausse des coûts de la bouffe à chien, le renouvellement hypothécaire, la rencontre salariale, etc.

Vous essayez de tirer la couverte de votre bord, mais l’épicier vous indique que les coûts de transport ont augmenté, ce qui ne lui laisse pas d’autres choix que de majorer leurs prix de vente.

Vous essayez de tirer la couverte de votre bord, mais la banque ne veut pas vous entendre, car elle doit augmenter ses taux d’intérêt qui lui sont dictés par la Banque du Canada.

Vous essayez de tirer la couverte de votre bord, mais votre patron dit que les coûts des marchandises ont augmenté significativement au fil de la dernière année et vous indique que votre salaire est juste et équitable selon votre rendement. Il n’y a pas d’issue n’est-ce pas? Je vais vous montrer que pour un cas bien précis, il y en a une. Sans le savoir, Joseph lui, l’a trouvée. C’est quasiment une histoire digne du Code Da Vinci. 

 

Situation

Joseph Garnier a 28 ans et vit seul en loyer depuis qu’il est sorti de l’Université de Montréal. Il travaille comme comptable à temps plein. Comme il travaille depuis 2019, il a généré des droits REER depuis tout ce temps. En 2021, il décide de cotiser 22 000$ à son REER. À ce moment-là, il recevait un salaire de 57 000$. Son revenu net pour l’année 2021 est alors de 35 000$. Son motif était de maximiser son REER, car il veut éventuellement profiter du RAP. Je vous rappelle qu’on est en 2021, et que nul ne connaissait l’existence du CELIAPP à ce moment-là.

 

Bonbons fiscaux

En 2022, une série de mesure a été instaurée par le gouvernement fédéral et provincial pour aider les citoyens à garder la tête hors de l’eau. Ces mesures venaient en aide aux contribuables qui avaient un certain revenu net déclaré (après déduction comme la cotisation REER et la cotisation à un régime de retraite et autres déductions) lors de l’année civile 2021. Voyons voir ce que Joseph a obtenu comme bonbons fiscaux des différents paliers de gouvernement:

Québec:

  • Prestation exceptionnelle pour pallier la hausse du coût de la vie: 275$
  • Crédit d’impôt-solidarité: 1055$
  • Crédit d’impôt attribuant un montant ponctuel pour pallier la hausse du coût de la vie: 500$
  • Chèque pour lutter contre l’inflation: 600$

Fédéral:

  • Crédit de TPS: 467$
  • Versement unique supplémentaire du crédit pour la TPS: 117$

Joseph a reçu un grand total combiné fédéral et provincial de: 3014$. Le clou du spectacle est que ce montant est non-imposable. C’est l’équivalent d’avoir le beurre, l’argent du beurre et le beurrier. Ce montant est important, surtout si vous habitez dans un loyer depuis plusieurs années et que l’immeuble dans lequel vous êtes a été construit depuis plus de cinq ans. Il est aussi important si vous regardez toujours les spéciaux à l’épicerie. Il est surtout important si vous n’avez pas d’automobile et que vous prenez le métro. Bref, si Joseph a un faible coût de vie et que sa gestion des dépenses a été exemplaire, il peut définitivement tirer son épingle du jeu. Il peut épargner davantage à la suite de l’octroi de ces sommes.

 

Solde disponible et imposition

On se rappelle que Joseph Garnier a un salaire de 57 000$ et a fait une cotisation REER mastodonte de 22 000$. Parce que le gouvernement regarde le revenu net en 2021, soit le revenu après déduction comme la cotisation REER et la cotisation à un régime de retrait, pour qualifier l’octroi de bonbons fiscaux de 2022, Joseph peut obtenir un surplus fiscal de l’ordre de 3014$. Maintenant, calculons ce qui lui reste dans ses poches:

Salaire: 57 000$

Solde REER: 22 000$

Salaire net des retenues salariales (le solde REER a été soustrait): 18 370$ selon le simulateur 2021

Retour impôts sur une cotisation REER de 22 000$: 6735$ selon la Table d’impôt 2021

Bonbons fiscaux calculés plus haut: 3014$

Montant dans les poches de Joseph: 50 119$

Taux d’imposition effectif (incluant les charges sociales): 12,07%

Pour un salaire de 57 000$, il a gardé dans ses poches, après les retenues salariales (impôts, RRQ, Æ, RQAP), 50 119$. Joseph a donc un taux d’impôts effectif de 12,07%. Bien évidemment, lors du retrait de son REER, on peut supposer que celui-ci va payer de l’impôt. Supposons qu’il a un taux d’imposition de 25% lors du retrait, car Joseph planifie très bien ses finances personnelles. Il aura tout de même 44 619$ dans ses poches, ce qui correspond à un taux d’imposition effectif de 21,72% (net de l’impôt provincial et fédéral, RRQ, assurance-emploi et RQAP).

Pourquoi son taux d’imposition est-il si bas? La première raison est qu’il habite seul. Le calcul serait différent si Joseph avait quelqu’un dans sa vie. La deuxième raison est que les instances gouvernementales ont donné des montants supplémentaires aux Québécois et Québécoises pour les aider en cette période difficile.

Sans le savoir, Joseph a fait la cotisation au bon moment dans une situation économique turbulente. C’est ce qu’on appelle un tour de magie financier. Souvent, les contribuables se font dire que la cotisation REER n’est pas payante pour les gens à faible revenu. Voilà un cas qui prouve le contraire.