(Photo : 123RF)
INDUSTRIE ÉVÉNEMENTIELLE. Ils s’appellent Rand Fishkin, Aaron James Draplin ou encore Brian Solis. Ce sont des sommités dans leur domaine respectif, soit le référencement naturel (SEO), le design graphique et le numérique. Leur point commun ? Ils sont tous venus au moins une fois dans la province pour être la tête d’affiche de Web à Québec (WAQ), le « plus grand événement numérique francophone d’Amérique du Nord ».
« Plus le temps passe et moins le côté vedette compte », remarque Bertrand Lirette, directeur de la programmation de l’événement dont la 10e édition se déroulera du 21 au 23 avril. Et pour cause : la majorité des billets – au coût de plus de 600 $ pour les trois jours – sont déjà vendus avant le dévoilement intégral de la programmation.
« Les gens nous font confiance, poursuit-il. Il y a quelques années, on est allé chercher de gros noms, mais aujourd’hui, on cherche plus à se focaliser sur le contenu, c’est-à-dire l’expertise et la manière de bien la communiquer, et l’aspect humain. On vise un échange avec les participants plutôt qu’un passage éclair. »
Prendre de l’avance
Pour dénicher les bons conférenciers, M. Lirette et son équipe d’une quinzaine de personnes s’activent un an à l’avance, en assistant notamment à de nombreux autres événements. Il faut dire que l’enjeu est crucial : le contenu est la raison première de participation à un événement selon une étude d’American Express Global Business Travel.
À tel point que David Larose en a fait son métier. L’agence qu’il a fondée en 2001, OriZon, se présente comme le plus important bureau de conférenciers francophones du Canada. D’ailleurs, pour M. Larose, il existe une différence importante entre un conférencier et un conférencier professionnel. « Ce n’est pas parce qu’on a accompli de grandes choses qu’on est nécessairement un conférencier professionnel, souligne-t-il. Donner une conférence demande du travail, de la réflexion… »
Le travail pour déterminer la bonne tête d’affiche commence, selon M. Larose, par une définition claire du besoin. Ce qui revient à se poser de nombreuses questions : à qui s’adresse la conférence ? Autrement dit, qui seront les personnes dans la salle et pas seulement de quelle entreprise proviennent-elles ? Pourquoi faire cet événement ? Quels sont les objectifs de la présentation de la tête d’affiche ? Quelle sera sa durée ? Son thème ? Son style sera-t-il académique, énergique ou humoristique ?
S’ajoutent des critères plus « personnels » : veut-on un conférencier local ou international ? Connu ou non ? Sans oublier le budget, bien entendu. « Pour un conférencier professionnel de plus de cinq ans d’expérience, il faut compter en moyenne entre 3 500 $ et 5 000 $ pour une intervention de 45 à 90 min », estime le fondateur d’OriZon.
Si les critères n’ont pas beaucoup varié ces dernières années, les clients, eux, sont devenus plus exigeants, car plus informés. « D’où l’importance de bien valider en amont l’expérience réelle et le nombre d’interventions récentes d’un conférencier », ajoute-t-il. Une tâche d’autant plus difficile que l’athlète olympique, l’entrepreneur ou le comédien qui fait son effet au congrès des dentistes, par exemple, ne sera peut-être pas la bonne personne devant un groupe d’ingénieurs.
« On a plus une démarche d’ambassadeurs que de têtes d’affiche, confie pour sa part Joannie Bergeron, de l’agence Immersive Productions. C’est en effet difficile de trouver une personne qui représente entièrement l’ADN et les valeurs d’un événement. Ce sont les personas qui déterminent pour nous. »
Quid de l’animation ?
Au-delà des conférenciers, la réussite d’un événement tient aussi parfois à la qualité de son animation. Karina Lehoux, fondatrice et présidente d’Eklosion, s’est spécialisée dans ce domaine, que ce soit pour des colloques, des congrès ou des soirées de gala. « Un événement, c’est une stratégie de communication. Il peut donc être pertinent de se payer quelqu’un qui va donner du conseil, de la disponibilité et une intervention professionnelle », estime celle qui s’apprête à fêter son 1 000e mandat depuis 2012.
Le président ou la présidente de l’entreprise peut ainsi très bien faire l’affaire sur scène. Mais gare aux pièges : « Quand on a d’autres tâches, on peut avoir moins de temps de préparation pour bien maîtriser les messages à faire passer, note Mme Lehoux. Aussi, le fait de provenir de l’extérieur permet une neutralité qui sert la communication : on peut par exemple demander à des personnes de résumer un propos qui s’éternise, ce qui est plus difficile à faire pour un dirigeant qui s’adresse à un employé. »
Selon Mme Lehoux, la règle d’or de l’animateur est la capacité d’écoute. Des messages clés du client, des autres intervenants, des équipes techniques, de la salle… « Si on est là pour se donner en spectacle, on n’est pas à la bonne place dans le milieu des entreprises », résume-t-elle. À bon entendeur !