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Christian Cossette: opportunité et modernisation

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑novembre 2022

Christian Cossette: opportunité et modernisation

Christian Cossette (Photo: Martin Flamand)

QUI SONT LES PDG DE L’ANNÉE 2022? Voir ce que personne n’a vu pour saisir l’occasion d’une vie. C’est ce qui est arrivé à Christian Cossette, fondateur de CO7 Technologies, une entreprise dont les revenus sont de plus de 16 millions de dollars (M$) après seulement deux ans d’existence.

Le jury du prix PDG de l’année 2022 Les Affaires a récompensé Christian Cossette dans la catégorie jeune pousse (5 ans et moins). Les lauréats ont été dévoilés le 23 novembre.

«J’ai eu un flash, confie-t-il en entrevue. Cela me semblait si évident. Je ne voyais aucun risque. Dans tout ce que j’ai fait dans ma vie, c’est le moment où j’ai vu les planètes s’aligner.»

Cette chance, c’était d’acquérir trois produits appartenant à la multinationale française Schneider Electric, pour laquelle il travaillait. Comme directeur du marketing et de l’ingénierie pour la division canadienne en énergie de cette entreprise, il avait présenté en 2019 un plan d’affaires pour faire croître la Division. Mais ses patrons lui demandent finalement de trouver un acheteur pour les deux types de disjoncteurs de moyenne tension [qui sont gros comme un cabanon] et pour un coupe-circuit pour transformateur que Schneider produisait.

«J’ai donc proposé d’acheter la propriété intellectuelle pour ces trois produits, précise Christian Cossette. Je connaissais beaucoup le marché et je savais que c’était une occasion unique. Même si ces produits ne faisaient plus l’affaire de Schneider, ils étaient très demandés. J’étais au bon moment à la bonne place.»

L’obtention du financement a été ardue, mais il a finalement réussi à conclure la transaction en mars 2020 après s’être endetté et avoir reçu un coup de pouce de PME MTL et de la RBC. «On a eu le chèque à minuit moins une. C’est là que tous mes cheveux gris sont apparus!» dit-il en riant.

 

L’influence d’Hydro-Québec

Un des éléments qui ont convaincu Christian Cossette de risquer l’avenir financier de sa famille, c’est Hydro-Québec. «Je ne me serais pas lancé si la société d’État n’avait pas été un gros client. J’avais une fondation solide. Je vends de l’équipement de base pour les réseaux. Or, ceux-ci sont vieillissants et il faut les moderniser. En plus, il y a la construction de nouveaux parcs solaires et éoliens ainsi que l’électrification des transports. Je voyais énormément de potentiel.»

Surpris que Schneider ait tourné son regard ailleurs, l’entrepreneur comprend cependant que pour une multinationale «qui fait plus de 20 milliards de dollars de revenus annuellement, un contrat de 5 M$ avec Hydro-Québec, ce n’était pas gros. Mais moi, je voyais que je pouvais lancer une PME avec ça», ajoute-t-il.

L’ingénieur de formation souligne que son entreprise s’est rapidement diversifiée, puisque la part de ses revenus liés à Hydro-Québec est passée de 90% l’an dernier à 75% aujourd’hui. «Notre croissance se fait par l’exportation», dit-il. La PME montréalaise vend ses produits un peu partout dans le monde, que ce soit aux États-Unis, au Proche-Orient, en Asie et même en Afrique.

«Quand on dit qu’on est homologué avec Hydro-Québec, on part avec une longueur d’avance, car elle exige un niveau de qualité élevé, mentionne le patron. Cela nous donne de la crédibilité.»

 

Dans la cour des grands

CO7 Technologie concurrence des géants comme ABB et Siemens. Le patron fait toutefois valoir que c’est justement la petite taille de sa PME qui l’avantage.

«On est focalisés sur la distribution électrique, note-t-il. Pour les gros joueurs, cette portion-là constitue un mal nécessaire pour vendre le reste de leur “package”. Nos clients ont souvent besoin d’une attention particulière qu’on peut fournir. On peut adapter la conception de nos produits et livrer très rapidement. Cela fait la différence.»

La PME emploie une cinquantaine de personnes. L’embauche de tant de gens en si peu de temps s’est bien déroulée, malgré la pénurie de main-d’œuvre. Le secret? Miser sur des immigrants qui n’avaient pas eu leur chance ailleurs. «Environ 65% du personnel est né à l’étranger, mentionne Christian Cossette. Certains avaient de la difficulté à se placer. Et ces nouveaux employés nous ont présenté d’autres candidats de leur entourage. On a une équipe vraiment solide. Et les BBQ brésiliens sont incroyables!»

 

Axes de croissance

Loin de s’asseoir sur ses lauriers, CO7 Technologies veut stimuler sa croissance avec trois approches distinctes. Premièrement, elle a mis sur pied une équipe de recherche et développement pour élargir sa gamme de produits. Des résultats se feront bientôt sentir. Par exemple, un gaz à effet de serre contenu dans un type de disjoncteur sera remplacé par un gaz inerte. Un avantage concurrentiel certain.

L’autre axe consiste à acheter des technologies européennes afin de les adapter aux besoins nord-américains. Finalement, des pourparlers très avancés ont été entamés pour mettre la main sur une PME de Caroline du Nord qui fabrique une gamme complémentaire. «Avec tout l’argent investi par l’administration Biden dans les infrastructures, c’est le temps d’être là-bas. Cela nous donnerait un pied-à-terre dans un énorme marché.»

 

Les grandes réalisations de CO7 Technologies en 2022


  • CO7 Technologies a construit une usine, élaboré des procédures de fabrications, obtenu la certification ISO 9001 et embauché plus de 40 nouveaux employés.
  • L’entreprise a atteint un chiffre d’affaires de 16,3 millions de dollars en juillet 2022.
  • Elle est également devenue un des principaux fournisseurs d’Hydro-Québec dans son domaine et vend ses produits dans les Amériques, en Europe, en Asie et en Afrique.
  • CO7 Technologies a aussi lancé son disjoncteur VOX sans SF6, un gaz à effet de serre, faisant de l’entreprise un pionnier, puisqu’elle est le premier fabricant au monde à lancer un tel disjoncteur.