Christiane Germain: la caissière qui ne manquait jamais de change
Catherine Charron|Publié le 19 juillet 2023C'est derrière un comptoir de fromages que la coprésidente du Groupe Germain, Christiane Germain, a commencé à bosser. (Photo: courtoisie)
LA PREMIÈRE JOB DU BOSS. Du haut de ses quatorze ans, pas question pour la jeune Christiane Germain de faire son entrée sur le marché du travail dans un restaurant dirigé par ses parents.
Motivée par sa soif d’indépendance, de tracer sa propre voie et de gagner un peu d’argent de poche, celle qui deviendra coprésidente du Groupe Germain a fait ses premières armes en donnant un coup de main à sa voisine, Mme Murphy, qui possédait une fromagerie établie dans son quartier.
À l’époque, c’était un nouveau genre d’adresse, souligne la figure de proue de l’industrie hospitalière au Québec. «J’ai toujours été intéressée par le commerce, et à cet âge-là, c’était un emploi plutôt accessible.»
Au cours de l’année passée derrière ce comptoir à temps partiel, elle aura non seulement parfait ses connaissances en matière de fromage, mais aussi de services à la clientèle.
«C’est sur que j’en avais déjà, de par le milieu dans lequel j’ai grandi. Les clients ont toujours fait partie de nos conversations à la maison. Ce n’était donc pas du chinois pour moi. Mais être dans le feu de l’action, et en entendre parler, ce sont deux choses complètement différentes.»
Après avoir accroché son tablier, c’est à la porte d’une boutique de vêtements pour hommes qu’elle a par la suite cogné pour offrir ses services, prête pour un autre défi.
«Elle se trouvait dans une section du centre d’achats qui était en rénovation, une nouvelle adresse qui devait bientôt ouvrir, raconte-t-elle. J’en ai déduit qu’ils auraient besoin d’une caissière.»
Anticiper les besoins des clients
Déjà, Christiane Germain anticipait les besoins de ses clients pour veiller à ce que les activités de la boutique aillent rondement.
«Je n’ai jamais compris pourquoi, mais il y avait toujours un achalandage en après-midi, entre 14h et 16h. Tous les samedis, j’étais dans le jus, se rappelle-t-elle. Je m’assurais sur l’heure du dîner d’avoir suffisamment de rouleaux de papier dans ma caisse, et de la monnaie dans le tiroir.»
Bien préparée, et rapide derrière son clavier, elle était donc «capable de fournir» malgré le volume de clients.
Pour que cette expérience se passe bien, Christiane Germain a vite compris l’importance d’entretenir de bonnes relations avec ses collègues de travail. «J’ai réalisé que ça me rendait la vie plus facile», se rappelle-t-elle.
Elle précise qu’il lui arrive même, près de cinquante ans plus tard, de recroiser à l’occasion un de ses anciens coéquipiers avec qui elle partage ses souvenirs de l’époque.
C’est d’ailleurs ce qu’elle souhaite aux jeunes qui s’apprêtent à décrocher leur premier emploi, de tisser de tels liens avec leur équipe.
«J’avais toujours du plaisir de m’y rendre. Je ne me souviens pas d’y aller à reculons. […] J’étais bien tombée, c’était un milieu sain. Mon patron, M. Rousseau, était très gentil.»
Certes, elle les encourage à prendre au sérieux leur emploi, en arrivant par exemple à l’heure ou en accomplissant les tâches demandées. Or, ce n’est pas incompatible avec le fait d’éprouver du bonheur au boulot, «surtout à cet âge-là. Si ça devient une corvée, c’est une mauvaise façon de commencer sur le marché du travail», croit-elle.
Ce conseil, elle l’a même prodiguée pas plus tard que deux jours avant notre entretien aux salariés du nouvel hôtel de Calgary du Groupe Germain en marge de son ouverture. «Ça parait quand les employés sont heureux», estime la dirigeante.