Cinq conseils pour éviter les conflits familiaux lors d’un décès
Carmela Guerriero|Publié le 20 Décembre 2019(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Décès et succession sont souvent synonymes de conflit, mais certaines précautions permettent de les éviter.
J’ai malheureusement en tête une foule de souvenirs de familles ayant été déchirées à la suite du règlement de la succession de la mère ou du père. Je suis toujours surprise de constater que les parents s’imaginent un peu naïvement que puisque les enfants s’entendent bien, qu’il est impossible qu’il y ait des conflits à la suite de leur décès. C’est pourtant connu, lorsque des sommes d’argent importantes sont en jeu, des conflits apparaissent, et ce, même lorsqu’il y avait bonne entente! Imaginez s’il existe de vieux conflits…
J’ai récemment lu un article qui traitait des rivalités fraternelles, et l’auteur y partageait 5 conseils pour réduire le risque que des chicanes de famille surviennent à la suite d’un décès, ou pour minimiser leur ampleur si ces chicanes sont existantes.
1) Soyez honnêtes: reconnaissez les conflits familiaux
La plupart du temps, les bouleversements émotionnels survenant lors du règlement d’une succession résultent de conflits qui mijotent depuis longtemps et qui resurgissent avec intensité lors du règlement d’une succession. Par exemple, certains enfants pourraient avoir l’impression que les parents ont fait preuve d’une certaine forme de favoritisme durant leur enfance. Ce sentiment pourrait même découler d’évènements qui peuvent sembler anodins, comme l’achat de vêtements neufs à un aîné.
Si vous pensez que certains conflits ou émotions de ce genre sont susceptibles de réapparaître, de prendre de l’ampleur et de poser problème à la suite de votre décès, il est important de prendre les précautions pour éviter que cela ne survienne. La bonne entente fraternelle est un élément clé pour le bon règlement d’une succession.
2) Laissez des instructions claires dans votre testament
Il est primordial de laisser des instructions claires à vos proches quant à l’existence et l’emplacement de vos documents importants. Il arrive souvent que les gens perdent des semaines à faire la chasse aux documents entre le sous-sol et le grenier, ou bien à essayer d’avoir accès aux différents coffres-forts, avant de finalement trouver le testament recherché. Ce délai inutile fait augmenter le stress et génère des frustrations au sein des héritiers.
3) Communiquez clairement des souhaits spécifiques
Lors du règlement d’une succession, beaucoup de différends surviennent au moment de déterminer le sort des actifs de valeurs, comme la maison familiale. En effet, si l’on prend cet exemple, il arrive souvent qu’un héritier souhaite fortement qu’elle soit mise en vente, alors qu’un autre voudrait plutôt qu’elle reste au sein de la famille. Dans votre testament, indiquez clairement comment vous souhaitez que vos actifs soient gérés à votre décès. Ainsi, il est moins probable qu’apparaissent ambiguïtés, malentendus et désaccords.
Les objets personnels qui ont une valeur sentimentale ou historique particulière provoquent aussi souvent des querelles. Si un membre de la famille affirme qu’on lui a promis un tel objet, par exemple, mais que les documents de la succession ne sont pas clairs à ce sujet, il risque d’y avoir des blessures émotionnelles et des conflits.
C’est une bonne idée, de votre vivant, de discuter avec vos enfants des biens qu’ils aimeraient avoir lors de votre décès. En effet, imaginez vos quatre filles qui espèrent avoir le même collier de perles. Il est impossible de le séparer, mais la discussion amènera sans doute des solutions.
Une autre idée est de prendre des photos des objets «spéciaux», comme certains meubles ou bijoux, et d’indiquer très clairement ceux qui doivent en hériter. Cela peut être fait dans votre testament ou bien dans un addenda. Mettre ces souhaits par écrit de cette façon permet d’éliminer toute possibilité de mauvaise interprétation.
4) Nommez un liquidateur neutre
Il est assez fréquent pour un parent de désigner un de ses enfants comme liquidateur de sa succession. Mais il est reconnu qu’il vaut mieux nommer quelqu’un de neutre, comme un professionnel, qui n’a aucun intérêt dans la succession.
Quand un enfant prend les rênes du règlement de la succession d’un parent, et qu’il existe d’autres enfants, des conflits sont presque automatiquement générés, et tout parent voudrait éviter cela.
Une tierce personne objective et formée dans le domaine est sans contredit mieux placée que quiconque, surtout si l’on pense aux conflits qui peuvent surgir. C’est pourquoi l’embauche de professionnels pour gérer vos affaires, plutôt que de placer un parent ou un ami au centre d’une affaire qui peut rapidement devenir difficile et inconfortable, est certainement une bonne option!
5) Tenez une réunion de famille
Il arrive souvent, après le décès d’un proche, que les dernières personnes à apprendre les détails contenus dans le testament soient les bénéficiaires. Cette situation n’est pas optimale. Imaginez-vous recevoir des informations importantes concernant votre héritage au moment des funérailles de votre parent décédé, par exemple. Pour éviter ce genre de situation, prévoir une réunion familiale pour ouvrir le dialogue sur vos projets et les motivations qui les soutiennent s’avère un choix judicieux. Ainsi, tous les proches étroitement impliqués sauront à quoi s’attendre au moment du règlement de la succession.
Si, par exemple, vous laissez une somme importante à un organisme de bienfaisance sans avertir personne ni justifier votre décision, certains de vos héritiers pourraient être confus et irrités, surtout si cette information fait partie des premières nouvelles qu’ils reçoivent lors du règlement de la succession. Cependant, si vous leur avez préalablement bien expliqué les raisons vous motivant à agir ainsi, alors ce genre d’émotions négatives ne risque pas de surgir. Ils auront la chance de vous poser leurs questions et de vous faire part de leur opinion.
Il est certain qu’il est impossible de prévoir tous les conflits familiaux qui pourraient survenir après votre départ, mais une chose est certaine : prendre le temps d’expliquer vos plans de transfert de patrimoine, vos motivations et intérêts à vos enfants à l’avance permet de réduire les chances qu’ils surviennent.