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Climat: les conditions extrêmes s’invitent dans la campagne

La Presse Canadienne|Publié le 27 août 2021

Climat: les conditions extrêmes s’invitent dans la campagne

Le changement climatique signifie que les événements météorologiques extrêmes devraient devenir plus fréquents dans les années à venir. (Photo: La Presse Canadienne)

Todd Lewis considère qu’il est chanceux. L’agriculteur vit dans une partie de la Saskatchewan qui a reçu suffisamment de pluie pour produire une récolte moyenne, ce qu’il pouvait espérer de mieux un jour de la fin juillet.

Cet été a été marqué par l’une des pires sécheresses observées depuis des décennies, après un hiver où peu de neige est tombée, laissant les champs avec peu d’humidité au sol.

«Ce n’est même pas chaud et venteux, c’est juste chaud», a déclaré Todd Lewis, assis sur le balcon de sa maison à environ une demi-heure de route au sud de Regina, où il représente la quatrième génération de sa famille à cultiver cette terre, cultivant du canola, du blé dur et de l’alpiste.

Comme presque tout le monde dans le milieu agricole, le président des Producteurs agricoles de la Saskatchewan est habitué aux ciels changeants et aux saisons difficiles.

Et les experts avertissent que le changement climatique signifie que les événements météorologiques extrêmes devraient devenir plus fréquents dans les années à venir.

Pour les écologistes, la vague de chaleur mortelle et les incendies de forêt de cet été en Colombie-Britannique, combinés à la sécheresse dans les Prairies, pourraient façonner la façon dont les électeurs envisagent la question lors des élections fédérales du 20 septembre.

«Le changement climatique est complètement sorti de sa case environnementale», a déclaré Rick Smith, président de l’Institut canadien pour des choix climatiques.

«Pour beaucoup plus de Canadiens qu’auparavant, le changement climatique concerne la santé et le bien-être de leurs familles en ce moment, par opposition à une préoccupation lointaine à un moment donné dans l’avenir.»

Il pense que la façon dont les gens réfléchissent à la question même a évolué au cours des dernières années et est beaucoup moins controversée.

 

Avoir une plateforme climatique forte est important

Le prix du carbone des libéraux était au premier plan lors des élections fédérales de 2019, les conservateurs promettant de supprimer la mesure s’ils étaient élus, ce qui ne s’est pas produit.

Depuis lors, les conservateurs ont publié leur propre politique concernant le prix du carbone, le dirigeant Erin O’Toole reconnaissant que le parti avait besoin d’un meilleur plan climatique s’il espérait gagner.

Le gouvernement libéral a également relevé les objectifs du Canada pour 2030 en matière de réduction de la pollution par les gaz à effet de serre et a promulgué dans la loi l’objectif d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050 et de ne vendre que des véhicules moins polluants comme les voitures électriques d’ici 2035.

Rick Smith est d’avis qu’il n’y a pas si longtemps, la plupart des personnes préoccupées par le changement climatique étaient des experts en environnement et des bureaucrates.

«Et tout d’un coup, les marchés des capitaux sont pleinement engagés avec les ministères des Finances pour atteindre la neutralité carbone. Chaque grande entreprise du pays essaie de comprendre comment incorporer la neutralité carbone dans leurs opérations.»

Le Climate Action Network a rapporté qu’environ 63% des électeurs ont voté pour les partis fédéraux dotés de «platesformes climatiques fortes» lors des dernières élections.

La directrice générale Catherine Abreu s’attend à ce que ce soit encore plus élevé cette fois-ci et pense que la façon dont les gens comprennent le changement climatique a mûri avec de plus en plus de personnes demandant: «D’accord, quel est le plan?»

«Que signifie la carboneutralité? Et comment allons-nous élaborer une véritable stratégie pour identifier les secteurs dans lesquels nous allons investir afin qu’ils assurent l’avenir de la prospérité et des emplois au Canada?»

«Et je pense que c’est vraiment là où la conversation se dirige en ce moment.»

Catherine Abreu croit que c’est la raison pour laquelle le gouvernement libéral a finalement lancé des consultations sur la façon de faire la transition des travailleurs vers une économie à faible émission de carbone, ce qui avait été promis pour la première fois plusieurs années plus tôt.

 

Les changements climatiques obligent des ajustements

Le NPD et le Parti vert du Canada avancent que les libéraux ne sont pas assez ambitieux avec leur programme de lutte au changement climatique, et croient que le pays doit répondre à la façon dont il se sèvrera de sa dépendance aux combustibles fossiles s’il espère réduire les émissions assez rapidement pour empêcher le pire du changement climatique.

Les conservateurs d’Erin O’Toole ont voté contre le plan de neutralité carbone des libéraux, déclarant que les membres d’un organe consultatif réuni pour guider la prise de décision du gouvernement étaient des «activistes du climat» et qu’il n’incluait pas de représentation de l’industrie pétrolière et gazière.

De retour à la ferme de Todd Lewis, il indique avoir observé de plus longues périodes humides, mais aussi de plus longues périodes de sécheresse, et se demande ce que signifie le changement climatique pour l’agriculture.

Il avance qu’il est important de s’assurer que les cultures ont un accès approprié à l’irrigation pour lutter contre les conditions sèches. Il ajoute que payer une taxe sur le carbone sur le carburant utilisé pour sécher les céréales, en particulier après une récolte généralement humide comme en 2019, n’arrange pas les choses.

«C’est un problème compliqué, ce changement climatique, et ce qui va se passer», a-t-il déclaré.

«Je pense que nous avons été assez agiles pour pouvoir faire des ajustements et je pense que nous devrons le faire de plus en plus.»