(Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement récent ou prochain qui a marqué ou marquera l’évolution des marchés boursiers. Le texte expliquera l’événement et relatera son impact sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Les banques centrales canadienne et américaine ont bien télégraphié la chose. À moins d’un événement inattendu, elles vont toutes les deux hausser leur taux d’intérêt directeur au début du mois de mars. Devez-vous ajuster votre portefeuille ?
Certainement, répondent les experts. Même que cela devient urgent, car il est déjà un peu tard, explique Jean Duguay, chef des placements, Groupe Eterna. Bien que les banques centrales n’ont pas encore monté leur taux directeur, les taux de rendement des obligations ont pour leur part augmenté substantiellement au cours de la dernière année. Par exemple, le taux sur les obligations de 10 ans du gouvernement du Québec est passé de 1,30 % à 2,10 % depuis 12 mois touchant même 2,35 % en novembre. Et il est fort probable que les taux de rendement des obligations vont continuer de monter lorsque les banques centrales vont hausser leur taux directeur. Alors que font les experts ?
Surtout les actions canadiennes
Les économistes de la Banque Nationale, Stéfane Marion et Matthieu Arseneau suggèrent aux investisseurs de sous-pondérer les obligations et de surpondérer les actions canadiennes.
La performance des obligations a été négative en 2021, car lorsque les taux montent le prix des obligations baissent. Compte tenu de la probabilité de hausses de taux, le rendement qu’offriront les obligations en 2022 risque d’être très faible, s’il n’est pas à nouveau négatif.
Quant au marché boursier, les banques canadiennes et les sociétés du secteur des matières premières créent un intérêt certain pour le marché canadien, croit Jean Duguay. Si la hausse des prix des matières premières devait se poursuivre, comme plusieurs analystes le prévoient, le rendement de l’indice S&P/TSX à Toronto pourrait bien excéder ceux du S&P500 et du Nasdaq à New York.
Les technos
Les titres technos à multiples d’évaluation élevés sont déjà en forte correction, et la tentation pourrait être forte pour certains de se débarrasser de tout ce secteur. La hausse des taux d’intérêt a un effet pervers sur ces titres. Ils sont évalués en fonction de la croissance des revenus qu’ils génèrent. Mais la hausse des taux rend les flux de trésorerie escomptés moins attrayants, ce qui entraine le désaveu de nombreux investisseurs envers ces titres.
Toutefois, sans sous-estimer le risque à court terme, Jean Duguay signale néanmoins que le secteur de la technologie est porteur à long terme. La chute des cours rendra certains de ces titres plus attrayants.
Ce qu’il faut éviter
Dans un contexte de hausses de taux d’intérêt, assurez-vous d’abord d’éviter les compagnies qui, bien qu’elles génèrent des revenus, ne montrent pas de rentabilité satisfaisante, explique Daniel Chartier, gestionnaire de portefeuilles, Valeurs mobilières Desjardins.
Mais aussi, alors que l’inflation est devenue un facteur de préoccupation, on pourrait croire que le secteur des biens de consommation essentiels devrait gagner la faveur des investisseurs. Mais il faudra être vigilant, car le coût des intrants vient parfois changer la donne, explique Daniel Chartier. Certaines compagnies telles Cascades et Saputo entre autres subissent les contrecoups de l’augmentation des couts de leurs intrants, tels le papier-caisse pour un et le lait pour l’autre. Les investisseurs l’ont reconnu et les titres en souffrent.
Ce qu’il faut détenir
Les banques et les sociétés d’assurance canadiennes constituent un secteur fort intéressant, selon Daniel Chartier. « Surtout les assureurs pour qui la hausse des taux d’intérêt facilite la gestion de leurs actifs », dit-il.
Comme la reprise s’annonce intéressante, il faut aussi regarder les titres des secteurs qui participent à l’économie, tel WSP Global pour les infrastructures et CGI pour les services.
Quant aux métaux de base, le gestionnaire de Desjardins suggère le Fonds négocié en bourse XBM (iShares S&P/TSX Global Base Metals Index)