Comment ce stratège entrevoit les derniers mois de 2021?
Dominique Beauchamp|Publié le 08 septembre 2021Après le ralentissement de l'automne, l'économie devrait reprendre du mieux au quatrième trimestre. (Source: Canaccord Genuity)
Ces jours-ci, les données économiques en Europe et le rebond des exportations chinoises en août redonnent espoir que le variant Delta ne fera pas dérailler la reprise mondiale.
Le stratège quantitatif de Canaccord Genuity croit néanmoins à la possibilité d’une correction qui pourrait offrir une autre occasion d’achat en Bourse.
Aux yeux de Martin Roberge, les investisseurs tant institutionnels qu’individuels ont fait le plein de paris sur les actions au moment où les marges et les profits du troisième trimestre des sociétés risquent de décevoir. La modération de l’économie et la hausse prononcée des coûts seront deux freins pour les entreprises.
La propagation du variant Delta n’est pas le seul facteur en cause, dit-il. Les problèmes majeurs d’approvisionnement, le goulot d’étranglement du transport, l’échéance de plusieurs programmes gouvernementaux et le bond des prix nuisent déjà à la demande pour les biens et les services.
Une fois que la quatrième vague de la COVID-19 aura atteint son pic, plus tard ce mois-ci font espérer les experts, l’économie devrait reprendre du mieux, plus tard au quatrième trimestre, entrevoit-il.
Les entreprises veulent regarnir leurs stocks. La chaîne d’approvisionnement devrait se désengorger un peu. L’emploi devrait continuer à s’améliorer. «Ces facteurs devraient alimenter la prochaine phase du cycle économique. Nos indicateurs pointent vers une ré-accélération plus tard au quatrième trimestre», note-t-il dans son plus récent rapport mensuel de stratégie.
En même temps, Martin Roberge juge que les investisseurs ne sont pas prêts à ce que la première hausse du taux directeur par la Fed survienne plus tôt que prévu. Il voit l’inflation américaine se stabiliser à 3% au printemps 2022 par rapport au pic de 5,4% en juillet.
La Fed réduira aussi bientôt ses rachats d’obligations tandis le Trésor américain émettra de nouvelles événements pourrait faire monter les taux américains phares de dix ans de 1,37% jusqu’à 1,75% d’ici la fin de l’année, entrevoit-il.
Le stratège émet l’hypothèse que le 21 septembre la Fed fera part de son intention de réduire les rachats mensuels de 120 milliards de dollars américains d’obligations à partir d’octobre ou de novembre. La menace du variant Delta devrait alors s’être atténuée.
Les délibérations des membres de la Fed signaleront par la même occasion que la première hausse du taux directeur pourrait survenir dès la fin de 2022.
Martin Roberge rappelle que le S&P 500 Bourse a perdu de 9,6% à 19,4% lors des quatre dernières occasions de retrait des liquidités par la Fed. Au minimum, le pivot monétaire de la banque centrale et les bénéfices moins vigoureux sont propices au retour de la volatilité.
Dans ces circonstances, Martin Roberge amorce l’automne avec une répartition en actions mondiales plus allégée que de coutume (53% du portefeuille au lieu de 55%) ainsi qu’une encaisse de 7% au lieu de 5%.
Double tactique à court terme
La stratégie sectorielle à adopter à court terme est aussi un casse-tête. La préférence des investisseurs pour les titres appréciés pour leur forte croissance ou celle pour les titres sous-évalués — le phénomène de rotation qui a soutenu les indices ces derniers mois — est plus difficile à mettre en pratique qu’avant, croit-il.
La remontée des taux risque en effet de nuire à la valorisation des titres à forte croissance tandis les titres plus cycliques attendent un rebond plus solide de l’économie mondiale et chinoise.
Face à des choix moins clairs, certains investisseurs seront tentés de réduire leurs plus gros paris dans les actions, un catalyseur qui pourrait déclencher le mouvement baissier, avance le stratège.
Les fonds immobiliers américains devraient profiter du rebond des loyers. (Source: Canaccord Genuity)
À court terme Martin Roberge propose donc à ses clients de miser sur deux secteurs américains plus stables qui bénéficient aussi de la reprise, soit la santé et les fonds immobiliers. Il suggère aussi de profiter de tout repli dans les segments plus cycliques pour acheter des titres de l’énergie, des matériaux et du secteur industriel.
Le stratège signale que le S&P/TSX a connu dix épisodes de correction après de forts gains lors des huit premiers mois de l’année. Ces épisodes se sont avérés des occasions d’achat puisque l’indice torontois avait rebondi de 2% en moyenne après les replis et avait fini l’année à la hausse 80% du temps.