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Sylvie Huard

Espace famille en affaires

Sylvie Huard

Expert(e) invité(e)

Comment choisir son repreneur sans «foutre le bordel»

Sylvie Huard|Publié le 24 septembre 2020

Comment choisir son repreneur sans «foutre le bordel»

(Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)

BLOGUE INVITÉ. Comment choisir le bon repreneur? En apparence, cette question peut sembler assez simple. Quand on commence à y réfléchir, on se rend toutefois très vite compte de la complexité de ce processus qui implique la participation de plusieurs parties. 

*Note: afin d’illustrer la complexité du processus que représente le choix d’un repreneur, nous avons dû créer une nouvelle famille constituée d’une mère et de trois enfants. C’est cette famille en affaires que vous retrouverez dans les illustrations de cet article.

Rôle de l’entreprise: se positionner dans le marché

Avant même de penser à aborder la question du choix du repreneur, l’entreprise a un rôle primordial à jouer. Comment, en effet, choisir le bon repreneur si l’on ne sait pas de quoi (ou, dans ce cas-ci, de qui !) on a besoin ?


Cliquez sur le dessin pour le voir en grand format. (Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)


L’entreprise a donc la responsabilité de bien se positionner dans le marché et de s’interroger sur sa vision : quelle est-elle ? Où est-ce que l’entreprise se voit dans cinq ou dix ans ? C’est de cette vision que découlera le grand défi que devra relever l’entreprise. Et c’est à partir de ce défi qu’elle pourra établir un profil de poste qui dictera le rôle et les responsabilités du prochain dirigeant. Une fois cette réflexion aboutie, il sera enfin temps de poser LA question: qui reprendra les rênes de l’entreprise ?

Rôle des parents: choisir le bon moment et guider la réflexion

La question du choix du repreneur peut s’avérer très délicate pour les parents. Ces derniers souhaitent ardemment que l’un de leurs enfants reprenne le flambeau. Mais qu’arrive-t-il lorsque plusieurs enfants se montrent intéressés ? Et qu’advient-il lorsqu’aucun d’entre eux ne l’est ? Comment tâter le terrain sans « foutre le bordel » dans la famille ? Chose certaine, ce genre de question ne se lance pas autour d’un brunch le dimanche matin.

La première responsabilité des parents dirigeants d’entreprise est donc de choisir un moment propice pour la tenue de cette discussion (toute discussion importante devrait d’ailleurs se tenir lors d’un moment opportun). Ensuite, afin de faciliter la tâche aux enfants, ils ont tout intérêt à préparer la discussion en leur présentant, dans un premier temps, le profil de poste du prochain dirigeant et en les invitant, dans un deuxième temps, à réfléchir. Pourquoi ne pas leur proposer des questions afin de les aider à se connaître et à trouver leur place ?

En voici quelques-unes qui pourraient s’avérer éclairantes :

• Quels sont tes champs d’intérêt ? (Pour répondre à cette question, n’hésitez pas à utiliser le jeu « Totem » !)

• Est-ce que tu te vois gérer une équipe ?

• Quel est ton style de leadership ?

• Quelles sont tes aptitudes ? Est-ce qu’elles coïncident avec le rôle et les responsabilités du prochain repreneur ?

• Quelles sont tes valeurs ? Est-ce qu’elles coïncident avec celles de l’entreprise ?

• Quel rôle as-tu envie de jouer dans l’entreprise ?

 

S’il y a plus d’un poste à pourvoir au sein de l’entreprise, pourquoi ne pas demander aux ressources humaines de dresser une liste des postes accompagnés d’une courte description ? Qui sait, peut-être que tous les enfants pourront trouver leur compte au sein de l’entreprise…

Une fois ces questions lancées, il ne reste plus qu’à prévoir la rencontre. Une rencontre où tout le monde sera présent et sera accueilli sans jugements. La dernière responsabilité des parents, c’est celle-ci : créer une ambiance propice à la discussion et accueillir les réflexions de leurs enfants, et ce, peu importe les conclusions qu’ils auront tirées de leurs réflexions. Après tout, il se pourrait que la réponse avec laquelle arriveront les enfants ne soit pas celle qu’ils auraient aimé entendre…

Rôle des enfants: se questionner

Les enfants au sein des familles en affaires peuvent réagir de toutes sortes de façon à l’annonce d’un processus de transfert d’entreprise. Un pourrait se dire qu’il ou elle n’a pas besoin de se poser mille questions : sa route est déjà toute tracée, nul besoin de se creuser les méninges, comme ses amis, pour se tracer un avenir. Un autre pourrait ressentir un poids immense sur ses épaules : désireux de plaire à ses parents, il pourrait être difficile pour elle ou lui de reconnaître son désir de suivre une autre voie sans ressentir de culpabilité.

Or, nous venons de le voir, le rôle des enfants est d’abord et avant tout de se questionner. Est-ce que c’est vraiment ça que je veux ? Est-ce vraiment ça, mon projet de vie ? Est-ce que c’est le genre de carrière que j’ai envie de mener ? Est-ce que je suis fait pour être entrepreneur ?

Cette réflexion sera facilitée par les parents, qui aideront leurs enfants à se poser les bonnes questions, mais aussi par le profil de poste créé par l’entreprise. C’est à partir de cette description que les enfants pourront amorcer leur réflexion. Qui sait, peut-être que l’un d’entre se reconnaîtra d’emblée, tandis que les autres comprendront que le poste n’est tout simplement pas pour eux.


Cliquez sur le dessin pour le voir en grand format. (Illustrations: Karine Lequy et Florence Lemay)

 

Choix d’un repreneur: un processus collectif

Bref, le choix du repreneur implique la participation de plusieurs personnes dans l’entreprise. Or, si chacun y met du sien, ce processus complexe devient un moment de partage et de connexion hors du commun.

Il faut bien sûr être prêt à conclure qu’aucun des enfants ne correspond au profil de poste établi. Il sera alors temps de chercher un directeur externe. Cette conclusion est, très souvent, facilitée lorsque la réflexion a été menée correctement. Après tout, les parents ne souhaitent qu’une chose : le bonheur de leurs enfants…

Une fois que le repreneur idéal est identifié, comment partager le patrimoine entre les générations pour que tous soient en confiance et satisfaits ? C’est ce que nous aborderons dans le prochain article.

 

*Ce billet est écrit en collaboration avec Mélodie Brochu. 

C’est en 2015 que Mélodie Brochu lance son entreprise Mélodie Brochu, orientation et médiation et, depuis, elle a pour vocation d’accompagner les individus lors d’importantes périodes de transitions telles que la séparation du couple ou la (re)définition du choix professionnel. De la conception à la mise en œuvre, elle conseille les individus, de l’adolescence à l’âge adulte, à toutes les étapes du processus qui leur permettra de tracer la nouvelle voie à suivre; celle qu’ils choisiront pour eux et/ou pour leur famille. C’est avec empathie et professionnalisme qu’elle les guide dans l’élaboration de leur projet familial à redéfinir à la suite d’une rupture ou dans la clarification de leur projet de carrière.

C’est en 2015 que Mélodie Brochu lance son entreprise «Mélodie Brochu, orientation et médiation» et, depuis, elle a pour vocation d’accompagner les individus lors d’importantes périodes de transitions telles que la séparation du couple ou la (re)définition du choix professionnel. De la conception à la mise en œuvre, elle conseille les individus, de l’adolescence à l’âge adulte, à toutes les étapes du processus qui leur permettra de tracer la nouvelle voie à suivre; celle qu’ils choisiront pour eux et/ou pour leur famille. C’est avec empathie et professionnalisme qu’elle les guide dans l’élaboration de leur projet familial à redéfinir à la suite d’une rupture ou dans la clarification de leur projet de carrière.