(Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
« Fortune favors the brave », disait Matt Damon.
Vous avez probablement visionné cette publicité du célèbre acteur américain Matt Damon qui encourageait les gens à acheter le bitcoin. Elle est d’abord apparue sur les grands réseaux américains en octobre dernier, puis reprise lors du Super Bowl devant les plus de 100 millions de téléspectateurs qu’attire chaque année cet événement. La vidéo a aussi été visionnée par près de 30 millions de personnes sur les réseaux sociaux.
L’intervention de Damon n’a pas vraiment aidé cette cryptomonnaie car de 69 000 $US qu’elle cotait lors de la diffusion des premières annonces de l’acteur, le bitcoin a de la difficulté à se maintenir au-dessus de 20 000 $US aujourd’hui.
Zoe Kleinman, journaliste à la BBC couvrant principalement le secteur de la technologie, écrivait récemment que peu de gens semblent vouloir commenter la déroute du bitcoin et du secteur de la cryptomonnaie en général. On peut comprendre que plusieurs ne veulent pas déplaire à tous ceux et celles qui se sont laissés emporter par des propos aussi encourageants que ceux, entre autres, d’Elon Musk, qui avoue y avoir investi une grosse somme.
Le bitcoin, tout comme la plupart des investissements de nature spéculative, passe un mauvais quart d’heure présentement alors que de nombreux investisseurs et spéculateurs craignent les effets du risque de récession, de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation sur les actifs plus risqués, rappelle la journaliste.
Une nouvelle classe d’actifs… pas sûr
La popularité du bitcoin tient en partie au fait que bien des gens y voient une nouvelle classe d’actifs qui doit faire partie des portefeuilles diversifiés. Mais est-ce vraiment le cas ? Plusieurs gestionnaires ne le croient pas. Mais ils hésitent à le dire tout haut afin de ne pas froisser la susceptibilité des investisseurs qui se retrouvent dans une situation très inconfortable actuellement.
Pour Katie Martin, rédactrice, Marchés financiers, au Financial Times, le bitcoin ne repose sur aucune valeur intrinsèque. Sa valeur ne dépend que de la volonté des gens de l’acheter ou de le vendre.
Très populaire? oui mais…
La seule raison qui semble justifier qu’on le considère comme une classe d’actifs, c’est sa popularité, explique Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuilles chez Claret Gestion de placements. « Il n’y a aucun autre élément qui supporte le contraire. Il ne verse pas de dividendes ou d’intérêts, et ne génère pas de flux de trésorerie », dit-il.
Il existe deux facteurs essentiels qui font d’un investissement une classe d’actifs, explique Vincent Fournier. D’abord, il doit garder sa valeur à travers le temps. Certains prétendent que le bitcoin constitue une classe d’actifs en le comparant à l’or. Mais la comparaison est boiteuse, selon lui. « Il y a quelques milliers d’années, on pouvait acheter des vêtements avec de l’or. On le peut encore aujourd’hui », dit-il.
Mais aussi, pour constituer une classe d’actifs, il faudrait que l’investissement en bitcoin soit assez liquide, c’est-à-dire qu’il puisse être négocié facilement. « Ce n’est certainement pas le cas actuellement », conclut Vincent Fournier.