Comment faire mieux après le meilleur premier trimestre en 21 ans
Dominique Beauchamp|Publié le 30 mars 2019Le S&P 500 connait son meilleur trimestre en 10 ans et son meilleur début d'année depuis 1998. (Source: Wall Street Journal)
Après un gain de 13% à Wall Street et à Bay Street – le meilleur début d’année en 21 ans – les observateurs sont nombreux à se demander comment la Bourse peut encore faire mieux.
Les onze secteurs du S&P 500 se sont appréciés au premier trimestre, une première depuis 2014.
L’appréciation spectaculaire du S&P 500 et du S&P/TSX s’étend à l’indice mondial MSCI (12%), aux matières premières (14,8%) et aux obligations de pacotille des sociétés américaines (7%).
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L’indice des matières premières a conclu son meilleur trimestre depuis 2009 grâce au bond de 33% du cours du pétrole West Texas, tandis que les obligations de pacotille affichent leur meilleur trimestre depuis 2013, précise Bank of America Merrill Lynch.
Le Dow Jones a gagné 11%, le Nasdaq s’est envolé de 16% et l’indice des titres à faible capitalisation Russell 2000 a avancé de 13,8%, depuis le début de l’année.
Les signaux de progrès dans les négociations commerciales à Pékin, et les nouvelles rencontres prévues à Washington la semaine prochaine, font aussi espérer une entente prochaine entre la Chine et les États-Unis.
La célèbre courbe des taux, dont l’inversion partielle avait défrayé les manchettes la semaine dernière, s’est rétablie cette semaine. Les taux américains de trois mois ont terminé la séance de vendredi à 2,38% alors que les taux de 10 ans ont clos la semaine à 2,41%.
Renflement de 14% des multiples
Même si le gain du S&P 500 renverse la chute de 14% du dernier trimestre de 2018, l’appréciation provient surtout d’une hausse de 14,3% du multiple d’évaluation de l’indice phare, note Vincent Delisle, co-chef des placements chez Hexavest.
Le pivot de la Fed et la rechute des taux d’intérêt expliquent ce renflement puisque les prévisions de bénéfices ont baissé de 1,2%, précise-t-il, en citant des données de la Banque Scotia.
Dans son esprit, il est clair que les investisseurs misent sur une pause prolongée par la Fed et d’autres banques centrales pour raviver l’économie mondiale et la progression des profits plus tard en 2019.
M. Delisle entretient des doutes parce que le stimulus monétaire et fiscal aux États-Unis et les politiques procroissance de la Chine ne seront pas au rendez-vous, cette fois-ci, contrairement à 2016.
À son avis, deux risques divergents planent sur la Bourse à court terme.
D’une part, les investisseurs sous-estiment la possibilité que les bénéfices des entreprises américaines reculeront pendant deux trimestres consécutifs si l’on se fie au message de ralentissement que signale la rechute de 0,3% des taux repères de 10 ans en mars.
Tracie McMillon, de Wells Fargo Investment Institute, doute aussi que les bénéfices trimestriels qui seront dévoilés en avril aux États-Unis aient assez de tonus pour donner un nouveau souffle à la Bourse.
Selon les prévisions colligées par Refinitiv, les profits déclineront de 1,9% au premier trimestre.
Et si au contraire, l’économie prenait du mieux plus vite que prévu, la pause des taux pourrait s’écourter, ce qui comprimerait les multiples d’évaluation, explique M. Delisle.
Jeunes pousses possibles
Chez Bank of America Merrill Lynch, Michael Hartnett croit que les bénéfices reprendront le pôle d’influence en Bourse étant donné que les investisseurs ont déjà réagi au ralentissement économique, au pivot de la Fed, à l’inflation stable et au récent recul des taux.
À cet égard, le stratège en chef estime que les estimations sont encore trop élevées. Son modèle prévoit une contraction de 9% des bénéfices mondiaux d’ici 12 mois alors que les analystes prévoient encore des profits stables.
Lrs profitss onciaux reculeront de 9% d’ii 12 mois, alors que les analystes misent sur des bénéfices stables (Source: Bank of America Merrill Lynch)
Malgré tout, à plus court terme, M. Hartnett s’attend à ce que certains indicateurs tels que les exportations coréennes, les nouvelles commandes chinoises et l’activité résidentielle aux États-Unis prennent du mieux, au deuxième trimestre.
«Ces nouvelles pousses vertes rappelleront que la tenue des obligations de sociétés sont un meilleur repère pour la valeur des actifs que le marché obligataire», écrit-il.
M. Hartnett prévoit toutefois que la Bourse connaîtra son apogée à mi-année avant de basculer à nouveau.
L’élément déclencheur viendrait de nouvelles craintes que les dettes sont trop élevées par rapport à la capacité des emprunteurs de les rembourser parce que la faible inflation freinera la croissance des revenus et l’économie.
«Les investisseurs réaliseront alors que les banques centrales sont impotentes à enrayer ce danger», conclut-il.