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EXPERT INVITÉ. À l’ère des mégadonnées (Big Data), de l’apprentissage automatique et de l’intelligence artificielle, les algorithmes sont devenus omniprésents et sont des indicateurs prévisionnels permettant d’influer sur la vie quotidienne.
Qu’est-ce qu’un algorithme et à quoi ça sert?
Le terme algorithme fut inventé par le mathématicien persan Mohammed ibn Musa al-Khwarizmi, dans le courant du 9e siècle avant J. C. Un algorithme peut être considéré comme un ensemble d’opérations ordonné et fini devant être suivi dans l’ordre pour résoudre un problème.
Avec l’essor de l’intelligence artificielle, ce terme est de plus en plus en vogue.
Aujourd’hui, on utilise des algorithmes pour concevoir des portefeuilles de titres, prédire les crimes, analyser, gérer la conduite de véhicules autonomes, prédire les comportements, organiser les résultats de recherches sur le Web et pour de multiples autres applica-tions. Les algorithmes sont omniprésents et influent sur notre économie, notre société et peut-être même sur la façon dont nous pensons.
Comment fonctionnent les algorithmes informatiques?
Dans le domaine de la programmation informatique, les algorithmes sont des ensembles de règles indiquant à l’ordinateur comment effectuer une tâche étape par étape. Ils pourront aussi prendre en compte différentes variables au cours des étapes, selon les situations. Comme pour une recette de cuisine, l’algorithme indiquera les différentes étapes et pourra aussi adapter celles d’une recette selon les ingrédients disponibles (ex.: on désire remplacer du sucre par du sirop d’érable).
Les algorithmes informatiques fonctionnent par des entrées (input) et des sorties (output). Par exemple, un moteur de recherche est un algorithme qui reçoit une requête en guise d’entrée. Il mène une recherche dans sa base de données pour des éléments correspondant aux mots de la requête et produit ensuite les résultats.
Les algorithmes et la Bourse
En Bourse, les algorithmes de négociation à haute fréquence constituent un autre exemple. Ils sont utilisés par les plus grandes institutions financières mondiales pour leur permettre de placer des ordres sur le marché. Ils se basent sur le profit qu’elles espèrent réaliser et sur les conditions du marché à un moment donné. Ces algorithmes ont désormais plus d’influence sur l’économie mondiale que les courtiers humains. En outre, ils sont responsables du mouvement de milliards de dollars chaque jour.
Sur les marchés boursiers, l’algo-trading a pris de l’ampleur ces trois dernières décennies. Il s’agit d’une méthode de négociation où la vitesse des algorithmes prime avant tout. Ceux-ci doivent être en mesure d’acheter ou de vendre une position de titres en quelques millisecondes, par exemple à la suite de la publication en ligne d’une nouvelle ou d’un discours de la banque centrale américaine. Seuls les algorithmes les plus puissants et disposant d’une connexion Internet extrêmement rapide seront en mesure de réaliser leurs transactions avant les autres et ainsi d’obtenir un meilleur prix d’achat ou de vente.
L’influence financière des algorithmes
Les algorithmes ont eu une influence sur une grande partie de la situation financière américaine lors du krach de Wall Street de 1987 et du «Flash Crash of 14 h 45» (krach éclair), survenu en 2010. Dans ce dernier cas, les indices boursiers ont chuté de plus de 9 % avec une baisse de 7 % en 15 minutes environ, à 14 h 45, le 6 mai 2010.
Temporairement, une valeur boursière de 1000 milliards de dollars a ainsi disparu. Plusieurs rapports suggèrent que ce krach pourrait avoir été déclenché par une vente d’une très grande position de titres, suivie d’une cascade de ventes par des algorithmes réagissant à cette baisse soudaine du marché.
Limites et dangers des algorithmes
Les algorithmes offrent de nombreuses possibilités, mais il reste qu’ils constituent un ensemble d’instructions programmé qui peut comporter des failles. Lorsqu’ils sont programmés ou mis à jour, une simple faute peut produire des résultats inexacts qui sont lourds de conséquences. Malheureusement, ces erreurs ne sont pas toujours détectées à temps.
Au-delà des erreurs, les algorithmes peuvent être tendancieux par la perception ou même par la volonté des programmeurs qui les créent. Prenons l’exemple d’un algorithme conçu pour le recrutement. Si la personne qui le crée considère (à tort) qu’un candidat plus jeune à la suite de l’analyse du CV est systématiquement un meilleur choix qu’un candidat plus vieux, l’algorithme sera basé sur cette perception et donc partial. Ce problème de biais est encore plus dangereux pour les algorithmes d’intelligence artificielle. Ces derniers se nourrissent des données qu’on leur fournit et peuvent donc perpétuer les erreurs de perception et les préjugés du passé.
Quel avenir pour les algorithmes?
Il semble certain que l’avenir appartient aux algorithmes. Ils façonnent notre monde en nous fournissant des informations qui seraient presque impossibles à produire pour un esprit humain. Nous avons façonné les algorithmes autant qu’ils nous ont façonnés.
Dans les années à venir, on peut s’attendre à ce que de nouvelles technologies reposant sur les algorithmes voient encore le jour et augmentent leur influence sur l’industrie financière.
