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Malik Yacoubi

L'immobilier simplifié

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Expert(e) invité(e)

Comment l’inflation affecte-t-elle vos versements hypothécaires?

Malik Yacoubi|Publié le 31 août 2021

Comment l’inflation affecte-t-elle vos versements hypothécaires?

Si vous angoissez à l’idée que votre taux variable fluctue lorsque le taux préférentiel changera, optez pour un taux fixe. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Récemment, un ami m’a appelé et m’a demandé, paniqué, «mon prêt hypothécaire se termine dans un mois, est-ce que je devrais opter pour un taux fixe ou variable? Comment l’inflation affectera-t-elle mon prêt hypothécaire — comment dois-je prendre cette décision?» Pas de panique, mon cher ami!

Si comme mon ami vous êtes sur le point de renégocier ou que vous êtes actuellement à la recherche d’un prêt hypothécaire, on vous a certainement recommandé de vous informer au sujet de l’inflation. Rares sont ceux qui prennent toutefois le temps de s’asseoir et de se questionner sur les mouvements de l’économie actuelle. Alors, c’est quoi l’inflation, exactement? En bref, il s’agit de mettre un chiffre précis sur l’augmentation du coût de la vie.

Par exemple, si le coût de la vie de tout le monde augmente de 1 %, l’inflation déclarée devrait être de 1 %. L’économie n’est pas une science parfaite, mais c’est ainsi qu’elle devrait fonctionner. C’est un indicateur important puisque la Banque du Canada établit les taux d’intérêt en fonction de l’inflation, ce qui permet ensuite de déterminer votre taux hypothécaire. Donc, si l’inflation est de 1 %, les taux d’intérêt seront généralement supérieurs à ça.

Selon la Banque du Canada, «les perspectives d’inflation reflètent la dynamique de l’offre et de la demande globales dans l’économie, ainsi qu’un certain nombre de facteurs temporaires. Ces derniers mois, l’inflation de l’indice des prix à la consommation a dépassé la fourchette cible de 1 à 3 % de la Banque.»

 

Ce qui influence l’inflation

Il y a deux facteurs principaux à considérer: l’augmentation de la masse monétaire et la disponibilité des biens. Comme tout investisseur en bitcoins vous le dira, les gouvernements fédéraux qui impriment de l’argent ont une tendance inflationniste — particulièrement marquée au cours des deux dernières années. En simplifiant à l’extrême, si 10 personnes ont chacune 100$ à dépenser et qu’elles veulent toutes vraiment acheter des billets pour un match des Canadiens de Montréal, le prix d’un billet sera de 100$. Si ces personnes ont 200$, le prix du billet doublera. Au Canada, bien que l’on imprime une certaine quantité d’argent, elle n’est pas systématiquement distribuée aux consommateurs, de façon à contenir l’inflation. Si les Canadiens ont plus d’argent à dépenser, les prix pourraient augmenter.

Le deuxième facteur d’influence est la quantité de biens produits et disponibles. Au cours de la dernière décennie, la numérisation, l’automatisation et l’amélioration des lignes d’approvisionnement ont permis de livrer plus de biens aux Canadiens à moindre coût, en réduisant le prix des biens et donc, le coût de la vie.

 

Se préoccuper de l’inflation

La crise de la COVID-19 a créé une incertitude généralisée dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, rendant plusieurs produits de consommation disponibles en très petite quantité et résultant en une hausse des prix. En même temps, les personnes confinées chez elles pendant plus d’un an et demi ont économisé plus que jamais auparavant. De manière très simplifiée, les consommateurs ressentent le besoin de dépenser et ont désormais l’épargne nécessaire pour le faire.

En juillet dernier, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, signalait ceci: «Trois facteurs majeurs sont à l’origine de cette tendance à la hausse [des prix à la consommation], tous liés à la pandémie. Premièrement, les prix de l’essence ont récemment bondi. Ensuite, d’autres prix qui avaient chuté l’an dernier en raison d’une baisse de la demande se rétablissent maintenant à des niveaux plus normaux avec la reprise de l’économie. Enfin, la perturbation de la chaîne de valeur mondiale et les contraintes d’approvisionnement liées à la pandémie, notamment les goulots d’étranglement au niveau des transports maritimes, ont fait grimper le prix des voitures et de certains autres biens. En bref, les difficultés d’approvisionnement créent un mouvement plus marqué des prix qui pousse l’inflation temporairement à la hausse.»

 

Comment l’inflation affecte votre hypothèque

La vraie question est la suivante : pourquoi les propriétaires de maisons neuves et existantes se soucient-ils de l’inflation? En termes simples, les taux d’inflation déterminent votre taux hypothécaire. Au début des années 1970 (1971-1974), l’inflation est passée de 2,7 % à 11 %. En 1981, les taux hypothécaires sur 5 ans étaient passés de 4,79 % à plus de 20 %.

En juillet dernier, l’inflation a grimpé à 3,7 % au Canada et 4,8 % aux États-Unis. Ce sont les chiffres les plus élevés de la décennie en matière d’inflation. Pensez aux problèmes que pose l’augmentation du prix des biens de 3,7 %, alors que les Canadiens peuvent emprunter à 1 % sur leur hypothèque. Si l’inflation demeure à ces niveaux, les taux d’intérêt et les taux hypothécaires devront suivre.

De surcroît, le prix moyen des maisons au Canada a connu une hausse de 26 % de 2020 à 2021, pour atteindre 679 051 $. Cela signifie que le Canadien moyen dépense chaque mois 750 $ de plus en frais de logement. Si les taux d’intérêt augmentaient également de 2 %, le propriétaire d’une maison de 680 000 $ dont le prêt hypothécaire représente 80 % du prix d’achat de sa propriété devrait payer 550 $ de plus, mensuellement. Bien sûr, des coûts de logement insoutenables pour les propriétaires pourraient ultimement entraîner une baisse des prix des maisons. Les consommateurs doivent être conscients qu’une hausse des taux peut être imminente et avoir une incidence importante sur le marché de l’habitation.

Voilà, en gros, ce qui résume la situation actuelle et alimente l’inquiétude chez certains consommateurs. D’un autre côté, plusieurs économistes prédisent que les taux d’inflation resteront très bas au cours de la prochaine décennie. La Banque du Canada faisait d’ailleurs récemment la déclaration suivante: «Nous demeurons résolus à maintenir le taux directeur à la limite inférieure réelle jusqu’à ce que la marge de manœuvre économique soit absorbée, de sorte que la cible d’inflation de 2 % soit atteinte de façon durable. Selon nos prévisions actuelles, cela se produira au cours du deuxième semestre de 2022.»

Pour revenir avec l’anecdote de mon ami paniqué par son prêt hypothécaire qui se termine dans un mois. Je lui ai résumé les conseil de centaines d’experts dans le domaine des prêts hypothécaires auxquels j’ai accès et qui disent tous la même chose : il existe certes des tendances, mais personne ne possède de boule de cristal. Si vous pouvez tolérer le risque, les prêts hypothécaires à taux variable, qui sont présentement à des creux historiques, vous permettront généralement d’économiser au fil du temps. Si, au contraire, vous avez une aversion pour le risque et voulez minimiser votre niveau de stress, un prêt hypothécaire à taux fixe de cinq ans vous conviendra probablement mieux. Si vous angoissez à l’idée que votre taux variable fluctue lorsque le taux préférentiel changera, optez pour un taux fixe.

Enfin, et surtout, puisque l’achat de votre maison est l’une des décisions financières les plus importantes de votre vie, assurez-vous de travailler avec des professionnels en qui vous pouvez avoir confiance.