Le président chinois Xi Jinping et le candidat démocrate à la Maison-Blanche Joe Biden. (Source: Getty Images)
Les entreprises canadiennes qui brassent des affaires en Chine, notamment à partir d’une filiale aux États-Unis, et qui comptent sur l’élection de Joe Biden pour assister à la fin de la guerre commerciale entre Pékin et Washington devront déchanter : même si le ton changera advenant une victoire démocrate, une administration Biden maintiendra la pression sur la Chine, disent les spécialistes.
Lors du dernier débat présidentiel ce jeudi soir, le candidat démocrate a d’ailleurs indiqué qu’il obligerait la Chine à «respecter les règles internationales» en matière de commerce et de traitement des entreprises étrangères s’il est élu le 3 novembre.
La raison du maintien de cette pression sur la Chine est fort simple : les démocrates et les républicains ont sensiblement la même vision à propos de la menace que peut représenter la Chine, soulignent les analystes d’Eurasia Group, une firme new-yorkaise spécialisée dans l’analyse du risque politique des entreprises.
«Bien que les républicains favorisent une approche plus dure, l’opposition aux pratiques commerciales chinoises et au vol de propriété intellectuelle bénéficie d’un soutien bipartisan, et Biden ne voudra probablement pas réduire les tarifs de Trump rapidement ou sans certaines concessions de Pékin», écrivent-ils dans une note.
Cela dit, il ne faut pas exclure ce scénario même si Joe Biden devenait le 46e président des États-Unis, car il a dénoncé la guerre commerciale avec la Chine, affirmant que les tarifs ont nui aux entreprises et aux consommateurs américains, rappelle la chaîne de nouvelles d’affaires CNBC.
En revanche, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il enterre la hache de guerre avec les Chinois et qu’on assiste au retour du business as usual, comme avant l’élection du président Donald Trump.
Car, la perception envers la Chine a bien changé ces dernières années. C’est connu, les républicains ont une perception plus négative à l’égard de la Chine, mais la critique progresse néanmoins au sein des deux partis, comme on peut le constater sur ce graphique.
(Source: Pew Research Center)
Pour autant, la poursuite de l’escalade de la guerre commerciale entre les deux géants du Pacifique «semble peu probable», estiment les analystes d’Eurasia Group, soulignant qu’une administration Biden tenterait sans doute d’adopter une approche plus constructive avec Pékin.
Un pour tous, tous pour un
Advenant une victoire de l’ancien vice-président de Barack Obama, Washington pourrait par exemple se concerter avec ses alliés comme le Canada, l’Union européenne et des pays comme le Japon et la Corée du Sud afin de faire pression sur la Chine, car ils vivent sensiblement les mêmes enjeux économiques avec les Chinois.
«De nombreux gouvernements européens et asiatiques partagent les frustrations de Washington face à la capacité de la Chine à utiliser les failles des règles de l’Organisation mondiale du commerce pour poursuivre sa politique de «capitalisme d’État», le système chinois de soutien financier et politique direct de l’État aux entreprises chinoises publiques et privées, qui sont en concurrence avec des entreprises étrangères», insistent les analystes d’Eurasia Group.
Pour rallier les alliés à sa cause, une administration Biden pourrait par exemple éliminer les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium imposés par le président Trump sur les importations européennes, en plus de renoncer à la menace d’imposer des tarifs automobiles.
Deux décisions qui aideraient à rebâtir les relations transatlantiques qui ont pâti de la politique de «l’Amérique d’abord» de l’administration Trump depuis janvier 2017.