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Commission de la santé mentale du Canada: rechercher et agir

Léa Villalba|Publié le 18 mai 2022

Commission de la santé mentale du Canada: rechercher et agir

Michel Rodrigue est le PDG de la CSMC depuis un peu plus d’un an. (Photo: courtoisie)

SANTÉ MENTALE DES EMPLOYÉS. Initiatrice de la première stratégie de santé mentale au pays, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) poursuit sa mission depuis plus de 15 ans. Entre recherches scientifiques et travail de terrain, la CSMC se penche sur les meilleures pratiques à implanter pour une meilleure santé mentale collective. Portrait.

« Notre approche, c’est de valider les actions de façon scientifique avant de les adopter au sein de la société », explique Michel Rodrigue, PDG de la CSMC depuis un peu plus d’un an. Après une carrière dans les communications, les relations gouvernementales et le secteur public, il s’est tourné vers la CSMC. Un saut important pour lui. « J’ai vu les méfaits de la santé mentale sur les familles, les amis après plusieurs décès, notamment par suicide, dans mon entourage, confie-t-il. J’aimerais pouvoir faire changer les choses. »

Depuis son arrivée à la tête de la Commission, plusieurs recherches ont été lancées, notamment en lien avec la pandémie. « La crise sanitaire a créé une épidémie d’anxiété, de troubles de santé mentale et de consommation de substances, énumère le PDG. Comme société, si on veut se rétablir en termes économiques et sociétaux, on doit se pencher sur la santé mentale et appuyer les gens. »

Ainsi, l’anxiété et la dépression ont presque doublé chez les jeunes dans les deux dernières années. Même constat du côté des familles à revenus modestes et des femmes seules avec de jeunes enfants. Des troubles de santé mentale qui transparaissent dans les milieux du travail, puisque 35 % des travailleurs canadiens indiquent qu’ils sont épuisés, selon Recherche en santé mentale Canada.

 

Sensibiliser davantage

Depuis ses débuts, la CSMC intervient dans les milieux de travail, notamment pour proposer des formations comme L’esprit au travail (EAT). « Ça permet de mieux comprendre les troubles de la santé mentale et d’évoquer aussi la stigmatisation, les tabous qu’il y a derrière », décrit Michel Rodrigue.

« Le succès de notre entreprise repose sur les employés qui la composent, et c’est notamment pourquoi nous avons à cœur leur mieux-être », explique Renaud Dugas, porte-parole et chef de service des relations de presse à Loto-Québec. En décembre dernier, l’entreprise a ainsi décidé de « bonifier » son programme de santé et mieux-être. « Celui-ci met l’accent sur la prévention et offre des mesures concrètes pour favoriser la santé physique, mentale et sociale de notre personnel », détaille-t-il.

Pour compléter cette offre, Loto-Québec a décidé de faire appel à la CSMC et à sa formation EAT ; près de 600 gestionnaires de la société d’État seront amenés à la suivre. « Cette formation nous permet de déstigmatiser les questions liées à la santé mentale, en plus d’établir un langage commun, affirme Renaud Dugas. Plusieurs gestionnaires ont mentionné se sentir maintenant mieux outillés, tant à titre personnel que dans leur rôle auprès d’employés vivant diverses situations. »

Une autre formation de la CSMC, intitulée Premiers soins en santé mentale, est aussi « très demandée » par les entreprises québécoises. « On y découvre que c’est la même chose que les premiers soins physiques. Il faut comprendre la scène, stabiliser la situation, savoir où chercher de l’aide et apporter du soutien jusqu’à ce que les spécialistes interviennent », résume Michel Rodrigue.

 

De nouveaux outils

En avril, la CSMC a lancé un tout nouvel outil sur son site Internet : la Trousse d’outils du gestionnaire, dans l’optique d’« aider les employeurs à instaurer un environnement de travail sécuritaire et salutaire pour la santé mentale de tous. »  Il s’agit d’« une série de documents pratico-pratiques, fondés sur la recherche scientifique et accessibles à tous », détaille le PDG.

On y retrouve cinq rubriques portant sur la résolution de conflits, l’accueil de nouveaux employés ou encore les problèmes de rendement. S’y retrouve également un volet sur « la protection par les gestionnaires de leur propre santé mentale », qui est « primordial » selon Michel Rodrigue. « C’est comme un avion : avant de mettre le masque à oxygène à quelqu’un d’autre, il faut d’abord mettre le sien, illustre-t-il. Au travail, si on veut être apte à appuyer quelqu’un qui a un trouble de santé mentale ou qui vit une crise, il faut savoir s’occuper de soi-même en premier lieu. »

Un des autres outils de la CSMC s’intitule Comment reconnaitre les signes d’une dégradation de la santé mentale chez les employés ? Il peut être utilisé dans son milieu de travail, mais également auprès de ses proches. « Ça nous apprend à poser les bonnes questions, à déceler quand quelqu’un ne va pas bien et à aller plus loin que la réponse “Ça va”. »

En proposant gratuitement tous ces conseils et formations en ligne, la CSMC espère inciter le plus de monde possible à s’informer sur la santé mentale et à agir pour le bien-être commun.