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COVID-19: ce que nous savons sur le vaccin de Pfizer et BioNTech

La Presse Canadienne|14 Décembre 2020

COVID-19: ce que nous savons sur le vaccin de Pfizer et BioNTech

(Photo: La Presse Canadienne)

Les premières doses du vaccin de Pfizer contre la COVID−19 sont arrivées au Canada dimanche, et les autorités ont commencé à l’administrer lundi à Montréal, Québec et Toronto.

Le Canada devrait recevoir 249 000 doses du géant pharmaceutique américain et de son partenaire allemand BioNTech d’ici la fin du mois de décembre et quatre millions de doses au total — suffisamment pour vacciner deux millions de personnes — d’ici le mois de mars. 

Voici ce que nous savons de l’opération vaccination et du produit Pfizer:

 

Qui se fait vacciner en premier? 

Au Québec, les résidents de deux CHSLD sont les premiers à recevoir le vaccin, suivis du personnel: le Centre hospitalier gériatrique Maimonides, à Côte−Saint−Luc, sur l’île de Montréal, et le Centre d’hébergement Saint−Antoine, à Québec. Chaque personne vaccinée devra recevoir une deuxième dose après 21 jours.

En Ontario, ce sont cinq travailleurs de première ligne qui ont été les premiers à recevoir le vaccin lundi, dans un hôpital de Toronto. L’Ontario a reçu 6000 doses dimanche soir et prévoit vacciner d’abord environ 2500 travailleurs de la santé dans les hôpitaux.

 

Comment fonctionne le vaccin? 

Pfizer a utilisé l’ARN messager (ARNm), qui «enseigne» à nos cellules comment fabriquer la fameuse «protéine de spicule» du SARS−CoV−2, qui se trouve à la surface du virus responsable de la COVID−19. Si la personne vaccinée devient plus tard infectée, la cellule pourra alors déclencher une réponse immunitaire.

Le vaccin de Pfizer utilise un ARNm produit synthétiquement et emballé dans un enrobage gras ou lipidique. Lorsqu’il est injecté dans le muscle de l’épaule, le lipide s’accroche aux cellules et y décharge l’ARNm, qui est ensuite traduit en protéine pour fabriquer l’anticorps.

Un autre candidat vaccin de premier plan, celui de Moderna, utilise lui aussi l’ARNm. Celui d’AstraZeneca utilise plutôt un vecteur viral dit «non réplicatif» — un virus dépouillé de son matériel génétique, qui est remplacé par le gène de la protéine de spicule du coronavirus. Ce vecteur viral produit alors la fameuse molécule d’ARNm.

 

Quelle est son efficacité?

Le vaccin de Pfizer est efficace à 95% pour prévenir l’infection par le SRAS−CoV−2 à compter d’une semaine après la deuxième dose. Santé Canada précise en effet sur son site web que les personnes vaccinées peuvent ne pas être protégées contre la COVID−19 avant au moins sept jours après la deuxième dose. Le taux d’efficacité s’appuie sur des études portant sur environ 44 000 participants.

Mahyar Etminan, épidémiologiste à l’Université de la Colombie−Britannique, prévient qu’il ne faut pas surestimer l’importance d’un taux d’efficacité de 95 %: ce taux fait référence à une réduction du risque relatif d’être déclaré positif, et non à une réduction du nombre absolu de cas dans la communauté.

«Mon inquiétude, c’est que les gens s’imaginent que si 100 personnes sont vaccinées, 95 n’attraperont pas le virus et ne seront pas atteintes de la maladie. Ce n’est pas du tout ce que les chiffres suggèrent.» Par contre, si une grande partie de la population est vaccinée, cela pourra avoir un impact significatif, en particulier dans les groupes à haut risque, dit−il.

On ignore par ailleurs, pour l’instant, la durée de l’immunité qu’offriront les principaux candidats vaccins.

 

Quels sont les principaux effets secondaires?

Santé Canada affirme que lors des essais cliniques de Pfizer, les effets secondaires se sont révélés «légers ou modérés»: douleur au site d’injection, frissons et sensation de fatigue et de fièvre.

L’agence fédérale rappelle que ce sont là des effets secondaires couramment associés à de nombreux vaccins et qui ne présentent pas de risque pour la santé.

Comme pour tous les vaccins, il y a un risque, rare, d’effet secondaire grave, comme une réaction allergique.

 

Quels sont les obstacles à la distribution?

Le vaccin de Pfizer, tout comme ceux de Moderna et d’AstraZeneca, nécessite deux doses, injectées à environ trois semaines d’intervalle. Le suivi de rappel deviendra donc particulièrement important: il faudra s’assurer que les gens retourneront chez leur médecin ou leur pharmacien pour recevoir la deuxième dose — et qu’ils recevront le bon vaccin lorsque plus d’une option sera disponible.

L’entreposage pourrait également s’avérer problématique avec le vaccin Pfizer, qui nécessite de «super congélateurs» capables de maintenir des températures de −70°C jusqu’au moment de l’injection. Le vaccin de Moderna a besoin d’une température d’environ −20°C, soit à peu près la même qu’un congélateur ordinaire. Pfizer et Moderna ont besoin de températures plus froides à cause de l’instabilité de l’ARNm.

Par contre, le vaccin d’AstraZeneca peut être conservé au réfrigérateur.