(Photo: 123RF)
DÉFI START-UP. Les gouvernements ont proposé rapidement des programmes d’aide pour les entreprises touchées par la pandémie. Ils ont dû s’ajuster en cours de route, afin de répondre aux besoins des sociétés qui avaient des besoins particuliers. C’est le cas de nombreuses start-ups.
Pour Winston Chan, entrepreneur, mentor et conseiller à la base entrepreneuriale HEC Montréal, la situation ne saurait être plus claire: «si les gouvernements n’aident pas les start-ups, une grande partie d’entre elles disparaîtront», soutient-il.
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Les entrepreneurs le savent. Seulement 24,3% des jeunes pousses québécoises estiment avoir de fortes chances de survie sans mesures étatiques, selon le Baromètre startup du Mouvement des accélérateurs du Québec (MAIN). La même proportion croit qu’elles périront probablement sans appui public.
Or, ces start-ups auront un rôle crucial à jouer pour créer des emplois dans les prochains mois et les prochaines années. Elles représenteront aussi des sources importantes d’innovation. La disparition de nombreuses jeunes pousses nuirait donc aux efforts de relance économique.
Le problème le plus urgent pour les entreprises reste de se financer pendant la crise, soutient Kayla Isabelle, directrice générale de Startup Canada. « Le financement et les liquidités constituent toujours un souci pour les start-ups, mais en temps de pandémie c’est bien pire, avance-t-elle. C’est d’autant plus crucial si elles doivent faire pivoter leur modèle d’affaires.»
De nombreux programmes d’aide
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les gouvernements fédéral et provincial et même les municipalités n’ont pas lésiné sur les mesures d’aide aux entreprises depuis le début de la pandémie. Subventions salariales, garanties de prêts, moratoires sur le remboursement des prêts consentis par des organismes publics, sursis dans la production des déclarations d’impôts et de taxes, aide pour payer les loyers commerciaux, financement de formations pour s’adapter au contexte actuel… Les programmes pleuvent.
Mais comme tout s’est construit dans l’urgence, des failles sont rapidement apparues. De nombreuses jeunes pousses passaient entre les mailles du filet. «L’appui aux start-ups en prédémarrage et en démarrage représente le maillon faible de l’aide gouvernementale», déclare M. Chan. Pour obtenir la Prestation canadienne d’urgence (PCU), par exemple, on doit démontrer au moins 5 000 dollars de revenu l’année précédente. Or, plusieurs entrepreneurs en démarrage ne génèrent pas de revenus. Ils financent leur projet avec leur épargne. Donc ils n’ont pas accès à la PCU.
«Au départ, plusieurs critères étaient mal adaptés à la réalité des start-ups, surtout celles qui se trouvent au stade du prédémarrage ou du démarrage, concède Patrick Gagné, cofondateur de Bonjour Startup Montréal. Les gouvernements ont toutefois été très à l’écoute et ont tenté d’ajuster le tir en cours de route.» Plus de la moitié des jeunes pousses au Québec sont à ces stades de développement.
Rectifier le tir
Le Programme de garantie et de prêts pour les petites et moyennes entreprises constitue un exemple de cet effort d’ajustement. Il offre l’accès à un prêt d’une valeur maximale de 40 000 dollars, libre d’intérêts pendant un an et dont un quart de la valeur pourrait éventuellement devenir non remboursable. Mais pour y accéder, les demandeurs devaient avoir versé entre 20 000 et 1,5 million de dollars en salaire en 2019.
Cela excluait d’office de nombreuses start-ups. Le gouvernement a assoupli ses règles. Depuis le 19 mai, il a élargi ce programme aux entreprises qui ne répondent pas à ce critère, à certaines conditions. Elles doivent notamment démontrer des dépenses (loyer, taxes foncières, assurances, etc.) totalisant entre 40 000 et 1,5 million de dollars.
Le gouvernement fédéral a par ailleurs octroyé 20 millions de dollars à Futurpreneur pour appuyer les innovateurs et d’autres entreprises en démarrage qui ne sont pas admissibles à la Subvention salariale d’urgence du Canada. Il a aussi allongé la durée de cette subvention salariale jusqu’en août. Celle-ci couvre 75 % du salaire des employés, jusqu’à un maximum de 847 dollars par semaine.
Cependant, l’entreprise doit démontrer une perte d’au moins 15 % de ses revenus en mars ou de 30% en avril et mai (comparativement à janvier et février). Or, les start-ups en prédémarrage et démarrage n’ont souvent pas ou très peu de revenus.
Il reste donc des solutions à trouver pour éviter de perdre trop de start-ups durant la pandémie. Luis Cisneros, co-directeur de la base entrepreneuriale HEC Montréal, invite par ailleurs à ne pas oublier de soutenir l’écosystème entrepreneurial. « Il faut s’assurer que les organismes d’accompagnement pourront jouer leur rôle, car ils appuient beaucoup d’entrepreneurs et constituent des ressources importantes pour les aider à traverser la tempête. »