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COVID-19: quels sont les travailleurs les plus touchés?

Olivier Schmouker|Publié le 21 avril 2020

COVID-19: quels sont les travailleurs les plus touchés?

Des mises à pied aussi subites que massives... (Photo: Andrei Damian/Unsplash)

CHRONIQUE. Depuis la mi-mars, le Québec subit la «Grande congélation», cette paralysie subite de son économie déclenchée par les instances gouvernementales afin de venir à bout de la pandémie du nouveau coronavirus. Du jour au lendemain, toutes les activités jugées «non essentielles» ont dû s’arrêter, sans avoir la moindre idée du jour où la lumière repassera au vert.

Résultat? Un bond aussi inédit que spectaculaire du taux de chômage, passé de 4,5% en février à 8,1% en mars, accompagné d’une vague de travail à temps partiel initiée par les employeurs. Autrement dit, une précarisation extrême des travailleurs, comme on n’en avait encore jamais connu au Québec.

La question saute aux yeux: qui a été le plus touché par ce tsunami? Une étude de Desjardins qui s’appuie sur les données de Statistique Canada permet d’y voir plus clair à ce sujet…

(Source: Études Desjardins, 2020)

Ainsi, c’est du côté de l’enseignement que le nombre de pertes répertoriées a été le plus élevé, avec une mise à pied de 72.600 enseignants. Il ne s’agit pas là du personnel des écoles – du primaire à l’universitaire – qui, toujours rémunéré, a dû arrêter de travailler comme il en avait l’habitude. Ce chiffre concerne, en fait, tous ceux qui travaillaient pour des écoles privées de langues, de beaux-arts, de métiers, de développement personnel, d’informatique, de conduite automobile, des services de surveillance le midi et des centres d’orientation professionnelle et de développement de tests, lesquelles ont dû fermer leurs portes.

Le secteur de l’hébergement et de la restauration a encaissé des pertes de 64.400 emplois, soit la chute la plus forte en pourcentage (-24%). À noter qu’on peut estimer à 80% le nombre de salariés de ce secteur qui sont embauchés dans la restauration. Un point mérite d’être souligné concernant ce secteur : la fermeture des restaurants n’a été imposée que le 25 mars, soit après la fin de la collecte de données par Statistique Canada pour le même mois; en conséquence, il faudra attendre d’avoir les données d’avril pour avoir un portrait plus juste de la situation dans ce secteur («Il faut s’attendre à ce que les données d’avril brossent un portrait plus sombre», souligne Joëlle Noreau, économiste principale, de Desjardins.)

Un troisième secteur particulièrement touché par la crise est celui du commerce de gros et de détail (-31.400 emplois). Le quart des salariés de ce très grand groupe, qui comptait 663.500 emplois en février, œuvre dans le commerce de gros.

De son côté, le secteur de l’information, de la culture et des loisirs a encaissé une diminution notable tant en nombre (-26.600 emplois) qu’en pourcentage (-14,5%). «Dans le cas des emplois dans l’information, la culture et les loisirs, il y a une part non négligeable de travailleurs autonomes qui se retrouve sans filet de sécurité hormis les programmes gouvernementaux», indique Mme Noreau, soulignant ainsi la gravité de la situation.

Enfin, un autre secteur particulièrement secoué est celui de l’agriculture. Quelque 5.100 emplois ont été supprimés, ce qui correspond à près de 9% de l’ensemble des salariés.

En résumé, le palmarès des secteurs les plus touchés est le suivant pour le mois de mars:

1. Services d’enseignement, -72.600 emplois, -23%

2. Hébergement et restauration, -64.400 emplois, -24%

3. Commerce de gros et de détail, -31.400 emplois, -4,7%

4. Information, culture et loisirs, -26.600 emplois, -14,5%

5. Agriculture, -5.100 emplois, -9%

Maintenant, la Grande congélation laissera-t-elle des séquelles en matière d’emploi? Difficile à dire aujourd’hui-même…

«Néanmoins, on assiste d’ores et déjà à un premier relèvement de l’activité économique, estime Mme Noreau. Dans quelle mesure cela se traduira-t-il par un retour à la situation d’avant, marquée par une surchauffe du marché du travail (en raison de la pénurie de main-d’oeuvre qui sévissait alors)? Une telle chose ne devrait pas se produire à court terme après la levée du confinement. Car nous devrions assister à un décloisonnement graduel et sectoriel; et donc, à des réembauches progressives dont le rythme sera marqué par le retour de la confiance des ménages et de la demande des consommateurs, deux indicateurs économiques clés qu’il nous faudra alors suivre de très près.»

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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