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COVID-19: voici la source insoupçonnée de votre anxiété!

Olivier Schmouker|Publié le 23 juin 2020

COVID-19: voici la source insoupçonnée de votre anxiété!

Une source aussi redoutable qu'insoupçonnable... (Photo: Luiza Braun/Unsplash)

CHRONIQUE. Au Canada, le niveau global d’anxiété est aujourd’hui trois fois supérieur à ce qu’il était avant la pandémie du nouveau coronavirus. En guise de comparaison, il s’apparente à celui observé à Fort McMurray, six mois après les feux de forêt dévastateurs de 2016. C’est du moins ce qui ressort d’une étude multidisciplinaire et interuniversitaire menée par la docteure Mélissa Généreux, en collaboration avec, notamment, les professeurs Marie-Ève Carignan, Marc D. David, Gabriel Blouin-Genest et Mathieu Roy et le chargé de cours Olivier Champagne-Poirier.

Ainsi, près de 20% des Canadiens souffrent maintenant d’anxiété et 22,2% présentent des signes de dépression, d’après l’étude. Le Québec se distingue des autres provinces canadiennes, son taux global d’anxiété étant de «seulement» 13,1% et celui de dépression étant de «seulement» 17%.

Comment expliquer de tels écarts entre provinces? C’est ce qu’ont regardé les chercheurs pilotés par Mme Généreux, ce qui leur a permis de découvrir qu’une caractéristique précise permettait à certaines personnes d’être «trois fois moins susceptibles de souffrir d’un trouble d’anxiété généralisée ou d’une dépression majeure».

Quelle est cette caractéristique? Le «sentiment de cohérence», c’est-à-dire la faculté qui nous permet de comprendre un événement, de lui donner un sens et de trouver des solutions pour y faire face. «Cette faculté est fondamentale en contexte d’adversité, comme c’est le cas depuis quelques mois», souligne Mme Généreux.

D’où l’importance fondamentale de se préoccuper du sentiment de cohérence et de ses impacts sur la santé psychologique. «Notre étude montre que la confusion, la méfiance et la désinformation nuisent à la santé psychologique des gens, poursuit-elle. Plus que jamais, nous avons besoin d’avoir accès à une information qui donne l’heure juste. Une information qui n’alimente pas inutilement nos peurs, mais plutôt qui éclaire avec justesse la situation, lui donne un sens et, le cas échéant, présente des voies à explorer pour l’améliorer.»

Autrement dit, il y a une source insoupçonnée à notre anxiété face à la pandémie de COVID-19, la vôtre comme la mienne, et c’est… la désinformation! À savoir toutes ces «infox» qui circulent ici et là, toutes ces données tordues dans n’importe quel sens pour pouvoir tout dire et son contraire, tous ces «influenceurs» qui jouent au savant et se mettent à clamer haut et fort ce qui leur passe par la tête, sans y réfléchir deux secondes.

«Le traitement médiatique de la pandémie module notre perception de la crise et influence, par le fait même, notre résilience individuelle, note l’étude. Le fait d’utiliser les médias sociaux comme source régulière d’information sur le nouveau coronavirus est associé, au Canada, à un risque accru d’anxiété généralisée ou de dépression majeure. Les médias sociaux présentent une influence sur la santé mentale au même titre que l’isolement ou le stress financier.»

Le hic? C’est que peu de Canadiens éprouvent une «confiance élevée» à l’égard des médias traditionnels et reconnus, le taux n’étant que de 12,7% d’après ce qui ressort de l’étude. L’habitude est maintenant prise de consulter les médias sociaux pour s’informer de l’actualité, quitte à se retrouver ainsi à lire des textes et des opinions ne répondant à aucun critère journalistique, empreint de rigueur et de vérification des faits. Une fâcheuse habitude, comme on le voit bien…

La conclusion est simple : vous voulez aller mieux durant les longs mois de pandémie que nous avons encore devant nous? fort bien, lisez régulièrement des médias aussi sérieux que rigoureux – mieux, abonnez-vous à ceux-ci, peu importe que ce soit sous forme papier ou web -, forcez-vous à décrocher petit-à-petit des médias sociaux (oui, je sais, c’est pas facile, mais c’est possible!), et – comme par magie – vos jours et vos nuits vont se montrer plus doux, plus paisibles, plus agréables. C’est vraiment aussi simple que ça.

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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