CPQ: la pandémie n’a pas gommé la pénurie de main-d’oeuvre
Catherine Charron|Publié le 12 avril 2021(Photo: 123RF)
Même si l’économie de la province est au ralenti depuis le début de la pandémie, le nombre d’emplois vacants au Québec ne cesse de croître, ce qui affecte pratiquement l’ensemble des entreprises indique le plus récent sondage du Conseil du patronat du Québec (CPQ).
Peu importe la région, et tous secteurs d’activités confondus, 94 % des répondants éprouvent de la difficulté à engager de nouveaux employés, a dévoilé lundi l’association. Une conclusion qui ne surprend pas son président et chef de la direction Karl Blackburn.
« Au quatrième trimestre de 2019, 126 000 postes étaient disponibles au Québec. À la même période, en 2020, ce chiffre atteignait 148 000 », rappelle-t-il.
Pour près de la moitié des 430 sociétés sondées entre le 29 mars et le 5 avril 2021, ce défi les empêche même d’accepter de nouveaux contrats. Et si rien n’est fait pour renverser la vapeur, ce chiffre devrait augmenter, assure Karl Blackburn.
« Pour celles qui voient s’envoler des opportunités d’affaires et qui perdent des contrats, faute de main-d’œuvre, cette situation est crève-cœur », a écrit le président et chef de la direction du CPQ dans un communiqué. Ce dernier y a laissé entendre que la situation risque de s’aggraver lorsque les entreprises dont les activités sont à l’arrêt reprendront leur cadence habituelle après la pandémie.
En entrevue avec Les Affaires, Karl Blackburn précise que la situation pourrait bien s’envenimer avec les nombreux départs à la retraite dans les prochaines années, un danger anticipé bien avant la pandémie. C’est pourquoi il faut « impérativement », selon lui, augmenter les seuils d’immigration.
L’immigration, encore et toujours
Les répondants au sondage du Conseil du patronat du Québec semblent être du même avis, car 42,8% d’entre eux estiment que l’immigration est « le choix à privilégier ». Là encore, le chemin n’est pas simple pour les employeurs québécois, qui doivent attendre environ 27 mois avant d’accueillir l’employé étranger désiré. Dans le reste du Canada, ce temps d’attente est plutôt de 3 à 6 mois.
« Il n’est pas normal que seuls 12% des immigrants canadiens viennent au Québec alors que notre poids démographique est au tour de 25% de la société canadienne. […] L’immigration nous permet de continuer à créer de la richesse pour prospérer », martèle Karl Blackburn.
Ce dernier estime que la société doit maintenant passer à l’action et rehausser les seuils, non seulement afin de permettre d’essuyer l’effet des départs à la retraite, mais aussi afin de permettre de supporter la création d’emploi liée à la croissance des entreprises québécoises.
La relance économique passe aussi par le rehaussement des compétences des employés, et par la formation des travailleurs, afin qu’ils se réorientent vers des secteurs en forte demande.
« Si on ne parvient pas à ralentir cette pénurie de main-d‘oeuvre, il en va de la qualité de la relance économique qui risque d’être affectée de façon importante », met en garde Karl Blackburn.