ENTRE LES LIGNES. On ne peut pas prévoir l’avenir, mais on peut tenter de comprendre ce qui se passe dans le présent. Où en sommes-nous dans le cycle économique ? Où nous situons-nous dans les cycles du marché boursier ? Où nous situons-nous approximativement dans le cycle des émotions des investisseurs ? Dans son livre The Most Important Thing: Uncommon Sense for the Thoughtful Investor, Howard Marks, cofondateur d’Oaktree Capital Management, présente un tableau pour aider les investisseurs à se situer dans le cycle boursier (tableau du haut).
Pour chaque facteur, cochez l’adjectif qui correspond le mieux aux conditions actuelles et vous aurez une bonne idée de la température ambiante du marché boursier. Si vous cochez la majorité des facteurs de la colonne de gauche présentés par Howard Marks, la prudence est de mise. Si, au contraire, vous cochez la plupart des conditions de la colonne de droite, vous vous trouvez probablement devant une belle occasion d’investir à bon prix. À mon avis, c’était assurément le cas en 2008-2009 pendant la crise financière; c’est sensiblement moins vrai aujourd’hui. J’ai tenté de cocher les cases du tableau. La seule qui me semble plus incertaine est celle des perspectives économiques. Pour les autres facteurs, je crois qu’on peut sans trop de doute cocher les cases de gauche.
En plus du tableau ci-haut, je suis d’avis qu’on peut aussi se fier à d’autres critères pour mesurer la température du marché boursier. En voici quelques-uns:
1. Le niveau d’évaluation général du marché boursier.
Pour ma part, j’aime bien utiliser les données que prépare la firme Standard & Poors. Les bénéfices courants et prévus des sociétés de l’indice S&P 500 per- mettent de calculer le ratio cours/bénéfices de l’indice et de comparer son niveau à sa moyenne historique de près de 15,0. Attention toutefois:il faut tenir compte du niveau des taux d’intérêt courants pour se faire une idée de l’évaluation du marché — des taux très bas justifient généralement une évaluation plus élevée alors que des taux élevés justifient des ratios plus bas. Pour le moment, selon Standard & Poors, le ratio cours/bénéfices prévu du S&P 500 est de 22,06.
2. La popularité du marché boursier auprès des investisseurs autonomes.
Je soulignerais ici que la popularité de la spéculation sur séance (day trading) peut nous donner une excellente idée du taux de spéculation dans le marché. Le nombre de transactions quotidiennes a pratiquement doublé, passant d’un peu moins de 800 au dernier trimestre de l’année 2019 à plus de 1 400 depuis la pandémie, selon la firme de courtage Charles Schwab.
3. Le niveau d’utilisation de la marge (dette) par les investisseurs autonomes.
Le graphique (tableau ci-dessus) montre que nous sommes près d’un sommet d’utilisation de la marge.
4. Le nombre et la popularité des premiers appels publics à l’épargne (PAPE).
Selon stockanalysis.com, au cours des onze premiers mois de l’année 2020, il y a eu 426 sociétés qui ont fait leur entrée en Bourse, comparativement à 233 en 2019. Ce nombre a déjà dépassé le sommet de 397 en 2000, au comble de la bulle technologique.
À mon avis, seulement quelques heures par année sont requises pour se faire une bonne idée de l’état des marchés boursiers. Ce seront toutefois quelques heures bien investies qui devraient guider l’investisseur dans sa stratégie d’investissement.
EXPERT INVITÉ
Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.