Il y a actuellement 9 femmes directrices générales d'entreprises du FTSE 100, l'indice boursier représentant les 100 plus importantes cotations à la Bourse de Londres. Il y a deux ans, c'était seulement 6%. (Photo: 123RF)
Londres — Il y a deux ans, Tara Cemlyn-Jones, banquière d’investissement qui a participé au financement de start-up dont Lastminute.com, est revenue vivre au Royaume-Uni après des années à l’étranger.
Elle a été frappée par les progrès dans la représentation des femmes dans de nombreux domaines, notamment en politique, mais aussi par le très faible nombre de femmes dirigeantes d’entreprises.
L’association 25×25 dont elle est directrice et coordinatrice s’est fixé un objectif ambitieux: 25 femmes à la tête des 100 plus grandes entreprises cotées au Royaume-Uni d’ici 2025.
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Il y a actuellement 9 femmes directrices générales d’entreprises du FTSE 100, l’indice boursier représentant les 100 plus importantes cotations à la Bourse de Londres. Il y a deux ans, c’était seulement 6%.
Mais dans l’indice élargi FTSE 350, on en reste à quelque 5%. À Wall Street les femmes dirigeantes représentent 6% du S&P 500 et en France il y a pour l’instant 3 femmes DG au CAC 40.
«Nous voulions nous attaquer spécifiquement à la question des directrices générales parce que nous pensions que c’était le seul moyen de faire parvenir les femmes» à un réel pouvoir stratégique dans les entreprises, explique Mme Cemlyn-Jones dans un entretien à l’AFP.
Il y avait déjà eu beaucoup de travail accompli pour la présence des femmes dans les conseils d’administration (CA): dans les entreprises du FTSE 100, leur nombre est passé en dix ans de 12,5% à 39,10%, selon une étude récente.
Pas de quotas
En France, en tête du classement, 43,80% des postes aux conseils d’administration des entreprises du CAC 40 sont occupés par des femmes, dans la foulée de la loi Copé-Zimmermann qui impose un quota de 40%.
«Au Royaume-Uni il n’y a pas de tradition d’imposer des quotas», remarque Mme Cemlyn-Jones. Et pourtant le pays est passé en 2021 devant la Norvège, pays pionnier des quotas de femmes dans les CA et qui arrive désormais en troisième position, à 38,20%.
Les progrès britanniques ont notamment été poussés par des statistiques et rapports commandités par le gouvernement, largement publiés, qui ont contribué à aiguillonner les entreprises.
Mais pour Tara Cemlyn-Jones, pour que le progrès des femmes soit réel, il faut qu’elles accèdent aux positions décisionnaires.
«Au niveau N-2 par rapport au DG, vous avez déjà beaucoup de femmes très qualifiées. Mais elles n’accèdent pas à l’échelon supérieur, car on ne leur a pas donné la bonne opportunité au bon moment.»
Par exemple, un poste de secrétaire générale prépare moins bien que celui de cheffe d’un département qui est considéré comme un centre de profit.
«Une grande partie de notre action est de s’assurer que les femmes bénéficient des bonnes opportunités» pour gravir la dernière marche, explique-t-elle.
Plan de succession
25×25 affiche à présent 20 membres, dont le géant pétrolier BP, la banque Natwest — dirigée par Alison Rose, première femme à la tête d’une banque de la City — Unilever, GSK, BAE Systems ou ITV. L’association est sur le point d’en ajouter 30 supplémentaires.
Les entreprises signataires qui s’engagent pour la parité et plus largement pour la diversité le font, car ils «estiment ne pas tirer le meilleur de leurs employés» à l’heure actuelle. «Et les performances sociétales sont devenues plus importantes», ajoute la cofondatrice de 25X25.
Les entreprises membres doivent préparer un plan de succession qui tient compte de ses effectifs féminins, avec des trajectoires de carrière qui qualifient pour le poste de DG, des objectifs et leur contrôle, des mesures de soutien, entre autres.
«Il faut que les plans soient durables sur dix ans» pour que l’effort porte sur plusieurs générations de futures dirigeantes. Et surtout, l’effort doit venir du ou de la DG pour qu’il imprègne toute l’entreprise.
25×25 a-t-elle déjà des succès à son actif? Le géant du BTP Taylor Wimpey a annoncé en février la nomination de Jennie Daly comme directrice générale, alors que Irene Dorner était déjà présidente du conseil d’administration. Une première pour une grande entreprise du secteur au Royaume-Uni.
Autre exemple: «Leena Nair, qui était directrice des ressources humaines chez Unilever, m’assurait que sa fonction préparait bien pour diriger une entreprise» même si cela n’implique pas un centre de profit. «Elle vient d’être nommée directrice générale de Chanel».