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Des CA plus productifs, et mieux outillés

Dominique Talbot|Publié le 23 novembre 2023

Des CA plus productifs, et mieux outillés

Roxanne Lessard au Web Summit de Lisbonne (Photo: courtoisie)

Pour tout l’automne, Les Affaires vous présente SOLUTION START-UP, une rubrique dédiée aux jeunes entreprises innovantes du Québec. Vous découvrirez des entreprises qui ont franchi l’étape de l’«accélération». C’est un rendez-vous chaque semaine, tous les mercredis à 12h.

SOLUTION START-UPRoxanne Lessard revient de loin. De Lisbonne, au Portugal, plus précisément. La semaine dernière, elle y a présenté son entreprise, Panorama, lors d’une des plus grandes conférences technos d’Europe, le Web Summit. Et elle s’est assurée de se faire remarquer.

Comment ? En participant à la grande compétition de «pitch». Une chance unique de présenter et faire connaître Panorama à l’extérieur des frontières du Québec. C’est d’autant peu banal que seulement 105 entreprises y ont été sélectionnées alors que plus de 2500 s’y étaient inscrites.

«C’était notre première expérience à l’international. Ça s’est bien passé. Ç’a aussi été l’occasion de faire le plein de contacts et de partenaires potentiels», raconte Roxanne Lessard.

Une première expérience à l’international après quelques mois d’existence seulement, puisque les services de Panorama sont disponibles depuis avril 2023 seulement. Et qui s’adressent aux administrateurs et administratrices de PME, de grandes entreprises et d’organismes à but non lucratif.

«C’est un logiciel de gouvernance qui réduit de 42% la charge de travail de membres de conseils d’administration (CA) en automatisant les meilleures pratiques afin de soutenir une prise de décision éclairée», explique Roxanne Lessard, qui est détentrice d’un baccalauréat en administration des affaires de l’UQTR et d’un MBA de l’université Laval.

D’ailleurs, c’est à partir de ses propres expériences dans différents CA qu’est née l’idée de Panorama. Elle voulait mettre de l’ordre dans des instances qu’elle trouvait parfois trop complexe. Pour rien.

«J’ai moi-même trouvé ça déstabilisant quand j’ai rejoint mon premier CA, dit-elle. J’ai vécu plusieurs questionnements. Je me suis souvent sentie inutile, pressée. J’ai appris beaucoup trop de choses sur “le tas”. On a même vécu de mauvaises surprises par rapport aux finances. Dont du financement qui était en péril. J’ai donc vécu beaucoup de fatigue et de stress de toujours aller chercher des informations. De toujours être inquiète de s’assurer de notre conformité. Panorama, c’est venu de ces expériences, à la base.»

Elle a par la suite poussé plus loin son questionnement afin de savoir si c’était comme ça sur d’autres conseils d’administration. Si d’autres administrateurs et administratrices se sentaient de la même façon. À défait de trouver des réponses à ses propres inquiétudes, elle s’est rendu compte qu’elle n’était vraiment pas seule à les vivre.

«C’est là que nous sommes entrés dans un processus plus structuré où nous avons commencé à faire des entrevues avec une trentaine d’organisations de différentes tailles. On s’est assuré de bien saisir leurs enjeux pour finalement déterminer une problématique que nous serions en mesure de résoudre avec un logiciel informatique.»

Par la suite, elle a mis sur pieds un programme de «saine gouvernance» avec 10 organisations. Peu de temps après, Panorama était née.

 

Rapide progression

Lancée il y a à peine sept mois, en avril 2023, Panorama compte déjà plus de 300 utilisateurs. Impossible, donc, d’établir des comparatifs de croissance pour le moment, mais Roxanne Lessard a déjà des objectifs à la hauteur des problèmes qu’elle souhaite régler dans les organisations.

Il est en revanche possible de dire que déjà, plus de 200 réunions de conseils d’administration ont eu lieu sur la plateforme et plus de 400 résolutions y ont été adoptées.

«Notre modèle d’affaires repose sur un abonnement autour de quelques centaines de dollars par mois. Le montant varie selon la taille du C.A., son nombre de comités, le nombre de ses réunions et le contexte propre au C.A.»

«Selon nos prévisions, d’ici la fin 2024, on prévoit atteindre plus d’un demi-million de dollars annuels de revenus récurrents», estime l’entrepreneure.

D’une certaine façon, plus les revenus de son entreprise augmenteront, plus le temps perdu dans les CA qui font affaire avec elle diminuera. Les problèmes, aussi.

«Trop souvent, les administrateurs, et j’ajouterais la direction générale d’entreprises, ne parviennent pas à apporter leur pleine valeur en conseil d’administration, souvent en raison de l’obsolescence de pratiques de gouvernance, de la surcharge ou encore du manque de documentation. Il y a une fine ligne à observer. Malheureusement, cela laisse trop peu de temps pour des réflexions, des interactions stratégiques», analyse Roxanne Lessard.

C’est pourquoi, entre autres fonctionnalités, Panorama s’occupe de générer les procès-verbaux de manière automatique, de même que toutes les résolutions qui sont prises pour ensuite les classer à un registre de manière automatique. Et de tout autre document pertinent au bon fonctionnement du CA, auquel Panorama s’adapte selon ses particularités.

Des modèles d’ordre du jour sont également proposés, ainsi que de meilleures pratiques de gouvernance. De cette façon, impossible pour un CA de ne plus retrouver quand telle ou telle résolution a été adoptée, ou de perdre la trace d’un chèque, par exemple. Et les données sont traitées avec les plus hautes normes de sécurité Iso, insiste Roxanne Lessard.

«L’intégrité de l’information est là. Ce n’est pas possible de supprimer une résolution une fois qu’elle a été votée et adoptée. C’est plus difficile d’avoir des pratiques non éthiques je dirais.»

«La gouvernance est là, elle est importante, car elle nous amène un cadre et une structure de fonctionnement pour créer de la valeur et pour nous guider dans une prise de décision. C’est tellement important, insiste-t-elle. Nos décisions d’aujourd’hui sont celles qui façonnent nos sociétés de demain. La gouvernance doit suivre des processus modernes, qui ont du sens avec la réalité d’aujourd’hui.»