Selon les données de Transition énergétique Québec, les projets de construction coûteront globalement 3,2 % de plus. (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION. Les nouvelles normes en matière d’efficacité énergétique auront un effet à la hausse sur le coût des projets de construction. Le gouvernement calcule toutefois qu’il y aura des économies en coûts d’énergie.
Selon les données de Transition énergétique Québec, les projets coûteront globalement 3,2 % de plus, ce qui représente un investissement supplémentaire annuel de 138,1 millions (M$) de dollars.
L’Association de la construction du Québec (ACQ) adhère aux objectifs des changements. L’organisme estime qu’il était temps de faire un effort supplémentaire en économie d’énergie pour rattraper le reste du Canada. «Mais il faut voir l’autre côté de la médaille», souligne son porte-parole, Guillaume Houle.
«Nous avons vu certains types de matériaux de bois augmenter de deux à trois fois cet été, et on anticipe encore une augmentation, détaille-t-il. Les coûts de l’acier ont également augmenté de 40 % pour les bâtiments en hauteur. Tout ça mis ensemble crée une pression sur les constructeurs.»
Les coûts liés à ces nouvelles normes sont au centre des considérations des promoteurs qui planifient des projets. Philippe Hudon, formateur en efficacité énergétique à Akonovia, a fait plusieurs analyses d’impact pour des promoteurs immobiliers. «Ils doivent se préparer parce qu’ils montent leur budget pour des projets dans les prochaines années, et ils doivent inclure cette évolution-là», précise-t-il.
Économie d’énergie
Les nouvelles exigences permettront toutefois d’améliorer de 27,9 % en moyenne la performance énergétique globale des bâtiments concernés, selon une analyse de Transition énergétique Québec. La société d’État calcule donc que la période moyenne de rendement de l’investissement sera de 6,8 ans.
«Le surcoût de construction va être compensé par une diminution de la consommation d’énergie», expose Nathalie Brisson, architecte à la Régie du bâtiment du Québec. «Le coût est l’élément primordial quand on modifie le Code de construction, et ce sont des exigences minimales, poursuit-elle. On ne veut pas être trop exigeant, au risque que ça ne passe pas dans la pratique courante.»
Elle estime que les bâtiments seront rapidement rentables. Le gouvernement provincial calcule que les exploitants, les propriétaires et les locataires des bâtiments commerciaux, institutionnels, industriels — et certains résidentiels — pourront économiser environ 20,2 M$ par an sur leur facture d’énergie.
Hausse payée par le client
La hausse des coûts de construction sera absorbée par les clients, pointe Guillaume Houle. Le promoteur immobilier Rachel Julien, qui réalise des projets de condos et de multirésidentiel locatif, estime qu’il y aura une hausse moyenne de 5 000 $ à 7 000 $ par condo construit. Précisons que 90 % de la hausse proviendra des surcoûts liés à l’enveloppe du bâtiment.
«Je vais être obligée d’augmenter nos prix d’achat d’environ 3 % à 5 %, affirme Mélanie Robitaille, vice-présidente et directrice générale de l’entreprise montréalaise. Les nouveaux acheteurs, les nouvelles familles vont devoir l’assumer.» Elle rappelle que c’est avec les années que ceux-ci verront un effet positif sur leur facture d’énergie.
Mélanie Robitaille estime que la situation du marché de l’achat est plus difficile que dans le marché locatif. «La capacité de payer des gens au jour 1, c’est l’élément le plus important dans le choix d’une propriété», fait-elle valoir.
Dans le cas des projets locatifs, Rachel Julien est propriétaire de l’immeuble. La firme peut tenir compte de ces nouvelles dépenses dans son montage financier et obtenir un prêt sur une dizaine d’années, puis prendre en compte les coûts d’exploitation plus bas afin de contrebalancer les coûts. Une hausse des loyers est donc possible, «mais de façon plus légère» qu’en cas d’achat, souligne la directrice générale.
Transition énergétique Québec estime qu’il faudra 10,7 ans pour qu’il y ait un rendement de l’investissement sur un bâtiment de 32 logements à la suite de l’application des nouvelles exigences.