Le Rawdon Golf Resort a développé une offre hivernale, avec des sentiers de raquette, notamment. (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DU GOLF. Plombée par une baisse d’achalandage il y a quelques années — il s’est joué 25 % moins de parties au Canada en 2019 qu’en 2004 —, l’industrie du golf a commencé à se diversifier. Ainsi, nombre de clubs ne se voient plus aujourd’hui simplement comme des lieux de golf, mais bien comme des centres récréotouristiques offrant une panoplie d’activités en toute saison.
Le Rawdon Golf Resort est un bon exemple de cette tendance. En 2017, l’entreprise de Lanaudière a bâti un hôtel de 10 chambres. L’idée était de créer une source de revenus à l’année plutôt que saisonnière.
« Nos revenus ont chuté de 3 % à 5 % par année entre 2013 et 2017, raconte son directeur général, James Scott. On n’aurait pas pu survivre sur seulement six mois de revenus liés au golf. Ça nous a fait réfléchir et nous avons décidé de changer notre vocation. »
L’offre d’activités se développe d’année en année depuis. Des sentiers de vélo à pneus surdimensionnés (VPS ou « fatbike ») et de raquette sillonnent le terrain du complexe touristique, qui loue le matériel requis. Des sentiers de ski de fond sont aussi entretenus. L’été, les visiteurs peuvent faire du vélo de montagne et du kayak, ou encore faire une randonnée dans les sentiers pédestres accessibles près de l’hôtel. L’hiver prochain, l’entreprise aimerait bonifier davantage son offre en ajoutant une patinoire et un sentier de patin.
Signe de cette grande métamorphose, le Rawdon Golf Resort a rafraîchi son image de marque en 2017, laissant de côté son ancien nom, le Club de golf Rawdon, pour mieux refléter son changement de vocation.
En raison des règles sanitaires, les clubs n’ont pu organiser d’événements d’envergure, l’été dernier, comme les mariages, les événements philanthropiques et les tournois, qui sont habituellement une source de revenus non négligeable. Mais dans le cas du Rawdon Golf Resort, la diversification des activités a permis de tirer profit de la situation. Littéralement.
« Notre taux de profit pour la restauration et la salle de réception est de 10 %. Pour le golf et l’hôtel, on parle de 35 %. Comme on n’a pas eu d’événements, mais qu’on a eu 25 % plus de golfeurs et que l’hôtel a bien roulé, on a fait 35 % moins de revenus, mais notre profit a triplé », calcule le directeur général.
Il se réjouit d’avoir connu une année qu’il qualifie d’exceptionnelle et reconnaît que « si nous avions offert seulement un service de restauration, ça aurait été fini pour nous, mais la diversification de nos activités nous a donné une chance de saisir les occasions ».
Le club de golf Le Sorcier à Gatineau a ouvert en janvier ses premiers sentiers de «fatbike». (Photo: courtoisie)
Tendance à l’innovation
À 150 kilomètres de là, le club de golf Le Sorcier, de Gatineau, s’affaire lui aussi à élargir son offre. « On veut devenir un centre de villégiature », explique Guy Beaulieu, son directeur général.
En janvier, le club ouvrait ses sentiers de VPS pour la première fois, un projet qui a nécessité des investissements de 85 000 $. Dix kilomètres de pistes sont offerts actuellement, mais ce chiffre devrait doubler l’hiver prochain. Des sentiers de raquette sont aussi entretenus. « Nous avons 32 VPS, une cinquantaine de paires de raquettes et tous les accessoires associés en location », énumère Guy Beaulieu.
Au contraire d’autres clubs, la décision de diversifier les activités n’était pas motivée par une baisse de revenu liée au golf. « Nous sommes dans une niche un peu plus haut de gamme, alors nos revenus et notre achalandage n’ont pas diminué dans les dernières années, assure le directeur général. Ils ont même augmenté sans cesse depuis 2012. Mais pour rester au sommet, il faut agir. C’est ce qu’on fait, on essaie d’innover. »
Coup de pouce pour la relance
La tendance à la diversification n’est pas limitée qu’aux clubs mentionnés jusqu’ici. Le club de golf Les Cèdres, à Granby, offre par exemple du ski de fond, de la raquette, du VPS et de la randonnée pédestre. Le Continental, dans la région de Sorel, et le golf Le Méandre, à Forestville, proposent aussi du VPS. Au club de golf de Beauceville, c’est plutôt de la raquette, du VPS, de la trottinette des neiges et même du ski-raquette (ou ski Hok, hybride entre le ski de randonnée et la raquette), qu’il est possible de pratiquer l’hiver.
En plus de profiter de leurs propres efforts de diversification, les clubs de golf de la province tireront cette année profit des efforts de l’Association des clubs de golf du Québec (ACGQ), qui s’affairait dès janvier à appuyer la relance de son industrie.
En effet, l’ACGQ était en pourparlers entre autres avec diverses associations touristiques régionales de même qu’avec Explore Québec et Tourisme Québec dans le but de créer des forfaits vacances. Les détails ne sont pas encore tous ficelés, mais l’association assure que le projet verra le jour.
« On a de belles destinations dans nos régions et on veut mettre ça à profit, souligne Martin Ducharme, le président de l’ACGQ. Ça va être le « fun » pour les gens qui veulent se promener et découvrir le Québec. »
Golfeurs, villégiateurs, et surtout, propriétaires de terrains, soyez aux aguets.