Crédit photo : Patrick Tomasso pour Unsplash
BLOGUE INVITÉ. Lors de la dernière édition de C2 Montréal, le chef de l’Assemblé des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard, a partagé sa vision des liens à créer entre le monde des affaires et celui des Premières Nations. Selon lui, parmi les outils que nous devons mettre en place, il est important de ramener les liens entre la science d’aujourd’hui et le savoir traditionnel des peuples autochtones.
C’est pourquoi lorsque l’on parle de partenariats, de grands projets et de l’exploitation des ressources naturelles, que ce soit au niveau forestier, énergétique ou minier, on ne peut passer sous silence l’importance de la consultation des Premières Nations et de leurs savoirs. Comme le chef Picard l’a exprimé, «ce qu’on recherche, c’est être des partenaires de développement. C’est ce qu’on voit de plus en plus dans le secteur minier, où l’on retrouve beaucoup d’ententes – qu’on appelle les répercussions et les avantages – entre promoteurs et communautés autochtones».
«Au début, ces ententes contenaient des clauses d’emplois, de formation et de contrats, ajoute-t-il. Aujourd’hui, ces ententes contiennent des clauses de partage des profits et, de plus en plus, une participation directe de la communauté au projet à titre de partenaire. Ce modèle devrait se propager à tous les secteurs économiques.»
Depuis quelques années, on reconnaît de plus en plus qu’il y a des savoirs traditionnels propres aux peuples autochtones qui comportent plusieurs connaissances accumulées et transmises d’une génération à l’autre à travers les millénaires. Le chef Picard a également souligné le fait que plusieurs villes, entreprises et états ont emboîté le pas et inclus les peuples autochtones dans la définition et l’établissement des priorités et des stratégies pour la mise en valeur et l’utilisation de leurs terres ou territoires et autres ressources.
Coopération accrue
À part les projets miniers ou forestiers à travers lesquels on retrouve de plus en plus de collaboration et d’inclusion en matière de consultation des Premiers Peuples en lien avec le territoire et leurs diverses connaissances, il existe d’autres secteurs en émergences qui bénéficient de ce savoir ancestral, que ce soit au niveau des plantes médicinales et de la santé naturelle avec les entreprises privées et les universités ou en transformation alimentaire, comme celle de la collaboration de l’Association de gestion halieutique Mi’gmaq et Malécite qui contribue en réunissant la nation Micmac de Gespeg, les Micmacs de Gesgapegiag et la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk à travers laquelle ils ont intégré leurs savoirs ancestraux ainsi que la diversification des activités de pêches et d’aquaculture. Ensemble, ils ont d’ailleurs participé à la création de Salaweg une merveilleuse entreprise de transformation alimentaire des algues. L’union de leur connaissance leur a permis de trouver une façon de développer l’algoculture tout en utilisant une méthode de gestion intégrée, durable et collaborative.
L’objectif de ces trois communautés et de leur association est de pouvoir valoriser une biomasse peu exploitée et de diversifier l’exploitation des ressources marines en Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent. De plus, en plus de contribuer à la création d’emplois et de retombées économiques pour leurs communautés, Salaweg s’assure de réinvestir ses profits pour soutenir ces dernières aussi impliquées dans la poursuite de leur mission de gestion durable de leurs ressources marines.
Depuis la mise en place de la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale en 2012, de plus en plus d’études et de projets porteurs qui ont été faits en collaboration avec les peuples autochtones témoignent de leurs apports bénéfiques que ce soit environnemental ou économique.
Malgré le fait que le savoir traditionnel et le savoir occidental puissent se compléter, les connaissances relatives aux valeurs et aux normes ne s’intègrent pas aussi facilement à des ensembles de données scientifiques.
L’humain et son environnement
Souvent dans une perspective scientifique, quand on regarde l’environnement, l’être humain se trouve au-dessus de son écosystème. Chez les Premières Nations, nos façons de faire et de penser sont basées sur une approche holistique, l’être humain fait partie intégrante de son environnement. Il est sur le même pied d’égalité que les animaux, les plantes et l’écosystème. Nous ne cherchons pas à comprendre pour mieux gérer et contrôler ce qui nous entoure, mais bien à nous intégrer à celui-ci, notre philosophie est complètement opposée.
En tant que membre des Premières Nations, tout comme bien d’autres entrepreneures autochtones, j’ai comme mission de contribuer à la protection de la Terre mère. À travers nos modèles d’affaires, nous intégrons naturellement cette approche millénaire qui nous a été transmise et nous souhaitons partager cette façon de voir notre environnement. Si on y réfléchit bien, avec tous ces défis environnementaux et planétaires qui nous guettent, ce n’est pas vraiment la planète qui est en danger, car elle survivra, mais bien nous, chers êtres humains.