Des taux d’intérêt et traitements contre l’obésité qui dérangent
Denis Lalonde|Publié le 06 octobre 2023La persistance des hauts taux d'intérêt affecte des entreprises comme le producteur d'énergies renouvelables Boralex, selon Steve Bélisle. (Photo: 123RF)
BALADO. Les taux d’intérêt des obligations gouvernementales américaines à échance de dix ans ont progressé de plus de 130 points de pourcentage depuis le mois d’avril pour dépasser 4,7%, du jamais vu depuis 2007.
Cela a eu pour effet de faire reculer les marchés obligataires, mais aussi certains secteurs des marchés boursiers, selon Steve Bélisle, gestionnaire de portefeuille à Gestion de placements Manuvie. «Le Japon a décidé d’abondonner les taux d’intérêt négatifs, ce qui a poussé les taux obligataires à la hausse partout dans le monde, mais plus important encore, la Réserve fédérale américaine est restée ferme. Elle a gardé le cap avec des taux d’intérêt élevés, alors que beaucoup d’investisseurs anticipaient des coupures d’ici la fin de l’année», explique-t-il.
Selon lui, comme les taux semble vouloir rester plus élevés plus longtemps, de nombreux investisseurs obligataires ont simplement lancé la serviette.
Les effets des taux d’intérêt plus élevés ont aussi des répercussions en Bourse, notamment dans les secteurs des fonds de placement immobiliers, des télécommunications et des services à la collectivité (Utilities). Les investisseurs qui se demandent pourquoi des titres d’entreprises comme Boralex (BLX, 28,64$) ont reculé fortement au troisième trimestre peuvent blâmer la vigueur des taux d’intérêt, explique Steve Bélisle.
Il dit préférer les titres de certains épiciers, comme Empire (EMP.A, 37,86$), Loblaw (L, 117,05$) et Ahold Delhaize (AD, 28,71 euros, Bourse d’Amsterdam).
Régime minceur pour McDonald’s?
Steve Bélisle observe également un «curieux phénomène» en Bourse en ce moment, alors que certains médicaments contre l’obésité permettraient aussi de réduire les «envies irrationnelles», ce qui fait reculer des titres d’entreprises de restauration rapide, de boissons gazeuses, d’alcool et de tabac comme McDonald’s (MCD, 252,23$US), Diageo (DEO, 150,35$US) et Pepsi (PEP, 160,10$US).
«Le phénomène profite aux pharmaceutiques qui commercialisent de tels traitements comme Eli Lilly (LLY, 541,48$US) et Novo Nordisk (NVO, 89,99$US), mais aussi à Pfizer (PFE, 33,47$US) qui possède un médicament en développement», dit-il.
Il explique que même le fabricant d’équipements médicaux Baxter (BAX, 37,02$US), dont les activités sont liées au diabète, a souffert en Bourse récemment. «Si les gens consomment moins de malbouffe, de boissons gazeuses et d’alcool, on pense que le diabète pourrait reculer, ce qui affecterait la demande pour les produits de l’entreprise», dit-il.
C’est à son avis un phénomène exagéré qui pourrait expliquer les variations difficiles à expliquer de certains titres boursiers depuis quelques temps, mais qui reste à surveiller.