Des taxis et des camions à l’hydrogène sur nos routes ?
Événements Les Affaires|Publié le 06 Décembre 2019(Photo: le plus grand électrolyseur à Bécancour - Air Liquide Canada)
Air Liquide construit à Bécancour le plus grand électrolyseur à membrane échangeuse de protons au monde. D’une capacité de 20 mégawatts, l’installation produira de l’hydrogène décarboné. Un hydrogène « vert » qui n’est pas issu des combustibles fossiles, contrairement au procédé de production traditionnel. Et qui pourrait devenir un élément clé dans la transition énergétique, selon la société française présente au pays depuis 1911. Bertrand Masselot, président et chef de la direction d’Air Liquide Canada, viendra parler des projets de l’entreprise lors du Sommet Énergie des Événements Les Affaires, qui aura lieu le 21 janvier prochain à Montréal.
Quand commencera la production d’hydrogène décarboné et à quels usages servira-t-il ?
Bertrand Masselot : Nous prévoyons commencer la production au cours du second semestre de 2020. Notre hydrogène pourra être utilisé pour décarbonater un grand nombre d’applications industrielles et commerciales, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, il peut remplacer le charbon dans la production de l’acier ou le diesel dans la production d’électricité pour les communautés non raccordées au réseau hydroélectrique. L’hydrogène peut aussi servir au chauffage en remplacement du gaz naturel. Et des chariots élévateurs fonctionnent à l’aide de piles à combustible à hydrogène au lieu de batteries au plomb-acide. Notre hydrogène décarboné est aussi une solution pour répondre aux enjeux environnementaux du transport.
Que voulez-vous dire ?
B.M. : Lorsque l’hydrogène est produit par électrolyse, les émissions de carbone à la sortie de l’usine sont réduites à leur plus simple expression. Ensuite, dans les véhicules, la pile à combustible à hydrogène se combine à l’oxygène de l’air pour produire de l’électricité et ne rejette que de l’eau. Il n’y a aucun gaz à effet de serre. Au Canada et au Québec, Air Liquide veut travailler avec des partenaires pour faire éclore des projets en mobilité durable.
Avez-vous des exemples de réalisations ?
B.M. : À Paris, nous avons lancé une flotte de taxis à hydrogène qui devrait compter 600 véhicules en 2020. Nous fournissons aussi en hydrogène décarboné des autobus dans la zone de Versailles. Ce n’est pas de la science-fiction ni des prototypes. C’est la réalité. En Californie, des voitures roulent à l’hydrogène. Même au Québec, quelques véhicules à hydrogène sont sur la route.
Quels sont les avantages des véhicules à hydrogène par rapport aux véhicules électriques qu’on connaît ?
B.M. : Ces deux options ne sont pas en opposition. Elles peuvent se développer en parallèle, en fonction des usages. Pour les camions, les taxis, les autobus, les véhicules miniers et les véhicules commerciaux qui sont souvent sur la route, l’hydrogène a des avantages certains. D’abord, la pile à combustible se recharge en quelques minutes. En fait, l’énergie n’est pas stockée dans de lourdes batteries comme c’est le cas avec les véhicules électriques traditionnels, mais bien dans des réservoirs. Faire le plein d’hydrogène, ça ressemble à faire le plein d’essence ! De plus, l’autonomie d’un véhicule à hydrogène est similaire à celle d’un véhicule à essence, soit 400 à 600 kilomètres. Enfin, pour les camions électriques qui fonctionnent à batteries, le poids des batteries est problématique. L’hydrogène est donc une meilleure option.
Que faut-il pour développer la filière de l’hydrogène dans le transport ?
B.M. : Un alignement des planètes ! Il faut des acteurs dans la production et la distribution d’hydrogène, des acteurs de l’industrie du transport et de l’aide des gouvernements pour favoriser le déploiement de cette filière. Chez Air Liquide, nous maîtrisons la chaîne de production et de distribution de l’hydrogène. Et nous avons la volonté de contribuer à la mobilité durable.
>