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Marine Thomas

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Analyse de la rédaction

Des Z au zénith

Marine Thomas|Édition de la mi‑mars 2023

Des Z au zénith

La jeunesse est habituellement caractérisée par son optimisme, Or, l’instabilité économique, géopolitique et climatique actuelle les ronge. (Photo: 123RF)

BILLET. Paresseux, volatils, irrespectueux… À tort ou à raison, les Z ont mauvaise réputation.

«Notre jeunesse aime le luxe, elle est mal élevée, elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui sont des tyrans.»

Cela n’est pas une phrase entendue à un souper de famille, mais une citation de… Socrate, 400 ans avant J.-C.! On le voit, de tous temps, les jeunes ont été critiqués par leurs aînés, ceux d’aujourd’hui ne font donc pas exception.

Une différence notable va toutefois caractériser cette génération née entre 1996 et 2010 par rapport à toutes celles qui l’ont précédée: elle n’aura pas de croûtes à manger! Le départ massif à la retraite des baby-boomers va créer un incroyable trou d’air dans le marché de l’emploi qui lui permettra d’accéder à des postes de direction à une rapidité inégalée dans le passé. Ne leur en déplaise, les entreprises seront donc amenées à leur confier des rôles de gestionnaires plus rapidement qu’elles ne le pensent.

Autant s’y préparer dès maintenant, en comprenant leurs aspirations et en les faisant monter en compétences d’ici leur prochaine promotion.

Ne vous y trompez pas, des responsabilités supplémentaires, ils en veulent! Les revendications d’équilibre avec leur vie personnelle ne signifient pas qu’ils se désinvestissent de leur vie professionnelle.

Au contraire: 67% des Canadiens issus de la génération Z considèrent que le travail occupe une place très ou assez importante dans leur vie et 43% aspirent à gérer des employés un jour, selon l’étude «Jeunesse»de Léger. Un autre constat, plus sombre, m’a marquée à la lecture de cette étude: l’inquiétude profonde des Z envers l’avenir.

La jeunesse est habituellement caractérisée par son optimisme, voire sa naïveté. Or, l’instabilité économique, géopolitique et climatique actuelle les ronge.

Ce sont 70% de nos jeunes qui déclarent avoir déjà vécu une dépression ou des périodes d’anxiété. Ces chiffres ne sont pas le reflet d’une réalité locale, puisqu’une étude de McKinsey fait état de la même angoisse chez les jeunes Américains. Il est évident que la pandémie a accentué ces troubles de santé mentale. Si tout le monde a souffert de ces années de confinement, c’est véritablement la jeunesse que l’on a sacrifiée en la privant des expériences marquantes liées à cette tranche de vie. Elle en paye encore aujourd’hui le prix. On comprend dès lors mieux cette philosophie du plaisir immédiat qui lui est souvent reprochée. Les jeunes sont 60% à déclarer: «Je vis davantage dans le moment présent, car l’avenir est plus incertain que jamais.»

Nous devrions collectivement nous inquiéter que notre jeunesse aille si mal. Il est de la responsabilité des générations actuellement au pouvoir de prendre la pleine mesure de ce mal-être et d’y répondre. Loin d’être démunies, les organisations ont un rôle immense à jouer. En donnant aux plus jeunes des défis à la hauteur de leurs ambitions, en leur permettant d’apporter des changements positifs en adéquation avec leurs valeurs, les entreprises pourraient répondre à leur quête de sens, tout en les encourageant à développer leur plein potentiel.

Prenez le temps d’échanger avec les jeunes au sein de votre entreprise et de les connaître réellement, en laissant de côté les clichés: c’est seulement ainsi que vous pourrez enfin profiter pleinement de tous leurs talents.