(Photo : 123RF)
STAGES EN ENTREPRISES. L’été dernier, deux femmes intéressées par des carrières en technologies de l’information (TI) ont reçu des bourses de stage offertes par l’organisme Concertation Montréal, par son projet Le Mouvement montréalais Les Filles & le code.
Maëliss Teissier est l’une d’elles. Étudiante au baccalauréat en informatique et génie logiciel à l’Université du Québec à Montréal, elle a réalisé un stage de développeuse back end en solutions numériques chez Desjardins Digital. L’expérience l’a ravie. « J’ai adoré ça, résume-t-elle. C’était un vrai stage qui m’a appris des tonnes de choses, notamment d’un point de vue technique. »
Ses tâches demandaient des compétences substantiellement différentes de celles qui lui avaient été enseignées jusque-là durant sa première année universitaire. Alors que les cours amènent principalement à bâtir des systèmes de toutes pièces, son travail chez Desjardins lui a demandé de se plonger dans des systèmes déjà existants. Une tout autre paire de manches. « Ça m’a permis de me familiariser avec les outils et les applications en développement web », affirme l’étudiante.
L’expérience humaine a elle aussi valu le coup ; ses coéquipiers l’ont intégrée et soutenue. « En informatique, il y a peu de femmes et – sans généraliser – j’ai l’impression qu’elles ont moins confiance en elles, souffrant parfois d’un syndrome de l’imposteur, remarque Mme Teissier. Un stage comme celui-là, ça donne vraiment confiance. »
La bourse porte donc déjà ses fruits. Sans compter que chez Desjardins, la porte reste ouverte. La jeune femme a été invitée à décrocher le téléphone « quand [elle] sera prête » à y retourner.
Faire connaître ses valeurs
L’initiative a également été fructueuse pour l’entreprise d’accueil, explique David Racicot, chef d’équipe en acquisition de talents chez Desjardins. Elle lui a permis de donner de la visibilité à ce qu’elle peut offrir aux femmes en TI, de faire rayonner ses valeurs d’entreprise et de souligner son engagement, autant à l’interne qu’à l’externe. « C’est important de démystifier les TI pour les femmes, dit M. Racicot. C’est aussi important de trouver les meilleurs talents et de casser les paradigmes. Certains postes restent encore associés aux hommes et on doit briser ces barrières-là. »
La coopérative financière se dit maintenant ouverte à accueillir une deuxième stagiaire. Si rien n’est signé pour le moment, les discussions vont bon train et pointent vers une nouvelle bourse de stage en 2020. « La collaboration avec Concertation Montréal s’est bien déroulée l’an dernier, affirme M. Racicot. On était enchantés de pouvoir donner la chance à une femme stagiaire en TI de venir faire sa place ici, et c’est pour cette raison qu’on continue de discuter avec eux en vue de renouveler l’expérience. »
L’initiateur du projet confirme : certains fils restent à être attachés, mais les discussions progressent en vue d’offrir d’autres bourses et stages cet été. « Les femmes sont toujours sous-représentées en TI, alors ça reste important d’offrir des possibilités de stages à de jeunes femmes dans ce milieu », fait valoir Émilie Boudrias, agente de développement chez Concertation Montréal.
Elle explique que de choisir deux partenaires pour accueillir les stagiaires – Ubisoft et Desjardins – qui étaient non seulement sensibles à la question de la parité en TI, mais aussi de grande renommée, était une façon d’assurer la qualité du stage. « On voulait de grandes entreprises connues, parce qu’on voulait que les stagiaires aient une expérience significative dans leur CV », explique-t-elle.
En plus d’avoir fait profiter deux étudiantes d’une expérience professionnelle, ces stages ont aussi permis d’augmenter le nombre d’ambassadrices des valeurs véhiculées par Le Mouvement montréalais Les Filles & le code, souligne Mme Boudrias. Peut-être aussi de semer la graine de futures mentores, qui sait.
Certaines modifications seront probablement apportées au projet cette année – des changements de nature administrative pour faciliter la vie des ressources humaines chez les partenaires et une plus grande flexibilité quant à la durée des stages -, mais une chose est sûre, l’initiative a toujours sa place. « On doit continuer d’inspirer la relève et les entreprises pour changer la situation, affirme Mme Boudrias. On doit s’assurer qu’il y a une représentativité. Les TI, c’est un milieu qui a une grande influence, autant socialement qu’économiquement, alors c’est important que les femmes y prennent part. »