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Analyse de la rédaction

Deux points de pourcentage qui font une grosse différence

Denis Lalonde|Édition de la mi‑mai 2024

Deux points de pourcentage qui font une grosse différence

(Photo: 123RF)

EN ACTION. Les matins se suivent et se ressemblent, chantait le regretté Joe Dassin.

Dans le cas qui nous intéresse, on pourrait plutôt dire que ce sont les années qui se suivent et se ressemblent pour les investisseurs.

En effet, les investisseurs boursiers ont réalisé, en moyenne, un rendement de 20,79% en 2023, selon la trentième édition de l’étude «Quantitative Analysis of Investor Behavior» («Analyse quantitative des comportements des investisseurs»), de la société américaine Dalbar.

Pourtant, l’indice S&P 500 a enregistré un rendement de 26,29% l’an dernier. On peut donc en déduire qu’en moyenne, le manque à gagner moyen de l’investisseur a été de 5,5 points de pourcentage, le troisième plus important des 10 dernières années. En 2022 et 2021, les manques à gagner s’étaient chiffrés à 3,06 et 10,32 points de pourcentage respectivement.

Dalbar soutient que pour chaque tranche de 100000$ US, l’investisseur moyen a retiré 2965$ US de son portefeuille l’an dernier et réalisé des gains de 20172$ US, pour terminer l’année à 117207$ US.

 

 

Rester stoïque

Or, le même montant investi en début d’année et conservé tout au long de l’année dans l’indice S&P 500 aurait rapporté un gain de 26288$ US, pour un total de 126288$ US. Une plus-value d’environ 9000$ US.

L’objectif, ici, n’est pas de parler des biais cognitifs liés à l’investissement, mais bien de démontrer que dans la vaste majorité des situations, à très long terme, la décision la plus sage est tout simplement de rester pleinement investi en tout temps, même en temps de crise.

Bien sûr, les chiffres ne reflètent que la situation qui a prévalu en 2023. Une année en Bourse constitue rarement un échantillon représentatif dans la vie d’un investisseur quand on pense qu’une période d’accumulation de capital peut s’échelonner sur une cinquantaine d’années, parfois plus.

Prenons un échantillon un peu plus représentatif des 30 dernières années qui pourrait refléter le cheminement de tout investisseur désirant s’enrichir à long terme. Après tout, les crises n’ont pas manqué durant la période.

De 1994 à la fin de 2023, la Bourse a traversé le marché haussier de la fin des années 1990, l’éclatement de la bulle des titres technologiques au tournant du millénaire, la récupération jusqu’à la crise financière de 20082009 (la pire en 80 ans), le marché haussier qui a suivi jusqu’en 2019, le choc de la pandémie de COVID-19 qui a paralysé l’économie mondiale au début de 2020 suivi d’une remontée rapide et d’une bonne année 2021, avant les reculs liés au choc de la remontée des taux d’intérêt en 2022 et le rebond de 2023 surtout attribuable, pour les marchés américains, à la performance des «sept magnifiques» que sont Microsoft (MSFT, 414,40$ US), Apple (AAPL, 182,30$ US), Nvidia (NVDA, 898,62$ US), Amazon (AMZN, 187,52$ US), Alphabet (GOOGL, 167,27$ US), Meta Platforms (META, 475,12$ US) et Tesla (TSLA, 168,69$ US).

Ainsi donc, selon Dalbar, au cours des 30 dernières années, les investisseurs boursiers ont obtenu un rendement annuel moyen composé de 8,01%, comparativement à 10,15% pour le S&P 500. Mesurons un peu la progression de tels placements durant la période par tranche de 100000$ US. À un taux de 8,01%, on arrive à un montant de 1009065$ US après 30 ans (voir graphique). Dix fois la mise de base, c’est quand même très bien.

À un taux de 10,15%, le montant grimpe à 1817753$ US, 18 fois la mise de base! Évidemment, la progression réelle de la valeur de l’investissement initial n’a pas été linéaire au cours des 30 dernières années, mais l’objectif est de bien comprendre les conséquences de se contenter d’un rendement annuel moyen d’environ 8% et non de 10%.

En tentant de prévoir les variations à court terme des marchés boursiers, l’investisseur moyen aura donc laissé un peu plus de 800000$ US sur la table sur 30 ans par tranche d’investissement initiale de 100000$ US. Comme quoi, quand on parle d’endommager un projet de retraite, l’épargnant est parfois son pire ennemi.

Pour revenir à Joe Dassin, la patience est l’arme la plus redoutable pour se faire un meilleur conte de fées. Même si on pense qu’on a passé l’âge, il faut continuer d’y croire.