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«When boards broaden their definition of diversity, women and people of color lose out.» Lors de sa parution, fin 2018, cet article de la Harvard Business Review (HBR) a immédiatement attiré mon attention. Il éclaire en effet à merveille le palmarès des grand(e)s de la gouvernance que nous publions ici.
Ce palmarès (notez bien que je me garde d’utiliser le terme de classement) des administrateurs les plus en vue des sociétés québécoises cotées en Bourse a été établi à partir de données colligées par la Chaire de recherche en gouvernance de sociétés. On y remarque plusieurs femmes d’influence, mais celles-ci demeurent en minorité. La proportion d’administratrices dans nos sociétés cotées progresse, mais lentement, selon le bilan que dresse la Chaire de l’évolution de la gouvernance. (Eh oui, ceci est un autre billet sur la nécessaire diversité de genre dans les postes de direction !)
Revenons à cet article de la HBR. Les auteurs y rapportent les résultats d’une recherche portant sur près de 20 ans, qui montrent «un net changement dans la démarche des conseils d’administration en matière de diversité. Alors que cette dernière visait autrefois la démographie, dont le genre et l’origine ethnique, elle priorise maintenant de plus en plus la diversité de fonction ou d’industrie». Deloitte parle de «diversité de pensée», indique l’étude. Autour de la table, on cherche avant tout une diversité de points de vue et d’expérience.
Les auteures voient comme conséquence de ce glissement de sens un ralentissement notable du taux de nomination de femmes et d’autres minorités dans les CA. À l’échelle mondiale, le nombre de femmes aux conseils n’a progressé que de 2 % depuis 2015, pour s’établir à 15 % des sièges – et à seulement 4 % à la présidence du conseil. Par ailleurs, la représentation des Afro-Américains et des Hispaniques dans les CA des 200 plus grandes entreprises n’a pas vraiment augmenté depuis 10 ans.
Les chercheurs proposent de créer un processus de sélection des administrateurs à deux dimensions : celle de l’expérience et celle de la démographie. Les deux sont essentielles pour rassembler au conseil les perspectives les plus diverses.
À la clé, une meilleure performance financière à long terme, une meilleure représentation des minorités et plus d’équité à l’intérieur même de l’organisation. Parce que dans cette matière aussi, c’est le conseil qui donne le ton.
Julie Cailliau
Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires
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