Dominion Blueline est là pour rester… j’t’en passe un papier!
Claudine Hébert|Édition de la mi‑octobre 2020Outre les acquisitions qui contribuent à maintenir Blueline parmi les leaders nord-américains dans la papeterie, la PME jouit d'une stabilité de son équipe direction et d'une bonne culture d'entreprise. (Photo: courtoisie)
SPÉCIAL 300 – Rang 15. Au tournant du 20e siècle, plusieurs familles québécoises traversaient la frontière canado-américaine en espérant des jours meilleurs en Nouvelle-Angleterre. L’Américain George A. Savoy, dont les parents étaient canadiens-français, a fait le contraire. Il est venu s’établir à Saint-Jean-sur-Richelieu.
En 1921, ce directeur des ventes de la National Blank Book Company, au Massachusetts, s’est porté acquéreur de la Dominion Blank Book Co, une filiale qui était devenue canadienne quatre ans auparavant. C’est ainsi qu’a commencé l’histoire d’une des plus anciennes PME québécoises toujours en action, qui emploie en ce moment plus de 400 personnes, dont 200 au Québec, raconte George M. Savoy, petit-fils du fondateur.
Âgé de 90 ans, George M. Savoy visite encore régulièrement son ancien bureau de président, qu’il a occupé de 1972 à 1988. C’est d’ailleurs sous sa direction que la société a changé de nom pour adopter l’appellation Entreprises Dominion Blueline, en 1981. Depuis plus de 30 ans, son fils Harolde M., quatrième génération, occupe la tête de l’entreprise devenue l’un des plus importants fabricants et distributeurs de papeterie commerciale du pays.
S’adapter à la demande
Comment Blueline entrevoit-elle le futur avec la tendance croissante du «sans papier» ? «Ce n’est pas d’hier qu’on se prépare à cette nouvelle réalité. On en parlait déjà lorsque j’ai pris le poste de PDG à la fin des années 1980», souligne Harolde M. Savoy. Toutefois, depuis l’arrivée des appareils intelligents, poursuit-il pour ne pas les nommer, cette tendance s’est accentuée.
Pour s’y préparer, la PME montérégienne a adopté une stratégie d’acquisition de produits leaders dans l’industrie de la papeterie commerciale. «Dans les années 1990, nous assistions à la nord-américanisation de l’industrie, explique le PDG. Alors que notre marché était exclusivement au Canada, nous avons acheté, en 1998, Rediform, à Coppell, au Texas, l’un des plus importants imprimeurs de formulaires d’affaires d’Amérique du Nord. Ce qui nous a d’ailleurs permis d’introduire nos autres produits aux États-Unis.»
En 2013, l’entrepreneur – qui a créé la compagnie d’investissement HSGP Investments – a fait l’acquisition de Letts Filofax, une entreprise écossaise spécialisée dans la fabrication d’agendas et autres porte-documents et accessoires en cuir. Il s’agissait d’ailleurs du premier fabricant d’agendas au monde, en 1812. Aujourd’hui, les ventes d’agendas correspondent à plus du tiers des revenus annuels de la PME, dont le montant frôle les neuf chiffres, indique Harolde M. Savoy.
Une équipe stable
Outre ces acquisitions qui contribuent à maintenir Blueline parmi les leaders nord-américains dans la papeterie, son dirigeant maintient que la pérennité de la PME, en affaires depuis 1917, repose aussi sur la stabilité de son équipe direction. «Trois de mes vice-présidents – aux finances, à la production et à la distribution – travaillent pour l’entreprise depuis près de 30 ans. Et les deux vice-présidents qui veillent aux ventes et au marketing sont avec nous depuis le début des années 2000», indique-t-il fièrement.
À Blueline, la culture d’entreprise a toujours occupé une place importante, tient-il à préciser. Ce qui explique le grand sentiment d’appartenance du personnel envers l’entreprise.
La famille Savoy (Photo: courtoisie)
L’ex-vice-président aux ressources humaines, Sylvain Boisvert, cumulait par exemple 33 années de service avant de prendre sa retraite, en septembre dernier. «La famille Savoy a toujours prôné l’information juste ainsi que l’autonomie des employés, ce qui a favorisé le fort sentiment d’appartenance», estime-t-il.
D’ailleurs, poursuit-il, le taux de roulement a toujours été anormalement bas ; il n’a jamais dépassé les 5 %. «Il est arrivé à quelques occasions que des employés nous quittent en raison de meilleures conditions salariales promises par d’autres employeurs… et qu’ils reviennent quelques mois plus tard.» Sylvain Boisvert est un exemple de fidélité envers l’entreprise ; même à la retraite, il continue de collaborer avec Blueline pour certains mandats.