La fondatrice et PDG d'Ecova Stéphanie Beaulieu (Photo: courtoisie)
BLOGUE INVITÉ. Ils sont peu, ceux qui peuvent se vanter d’avoir jonglé avec succès entre une carrière de mannequin à Milan et l’obtention d’un diplôme en droit. Stéphanie Beaulieu a réussi l’exploit, entre les séances de photos et les défilés, d’offrir des conseils juridiques pendant plus de cinq ans.
Son expérience a permis à la Montréalaise de développer une compréhension complexe du monde de la mode, de ses coûts sociaux et environnementaux, et de la manière de contrer l’écoblanchiment dans l’industrie textile.
«Je voulais faire quelque chose de significatif, qui pourrait avoir un impact sur les aspects que j’aimais moins de l’industrie de la mode», dit Stéphanie Beaulieu.
Détentrice d’un MBA de l’Université McGill avec une spécialisation en commerce de détail et d’un certificat en mode durable de la Parsons School of Fashion, elle a quitté le domaine juridique pour fonder ecova, une marque de mode durable qui offre une façon repensée de magasiner, à travers des capsules éducatives.
Sensibiliser les consommateurs, un textile à la fois
La fondatrice est convaincue que c’est par le biais de messages positifs et informatifs que les consommateurs peuvent faire des choix plus judicieux et plus respectueux de l’environnement.
La première collection d’ecova, entièrement consacrée aux accessoires d’hiver en cachemire, présente un compte rendu détaillé du processus de recyclage derrière son cachemire écologique, certifié par le Global Recycled Standard et le Cardato Recycled Standard.
«Notre objectif était de donner un véritable accès aux consommateurs aux coulisses de la production», explique-t-elle. Nous sommes allés en Toscane et avons réalisé un court documentaire démontrant toutes les étapes du processus, expliquées par des acteurs de la chaîne d’approvisionnement, allant de l’usine de recyclage du cachemire à l’atelier de tissage.»
Le cachemire produit est composé de 65% de cachemire recyclé et de 35% de cachemire vierge. Si le cachemire 100% recyclé peut sembler plus respectueux de l’environnement, la durabilité est le facteur le plus important à considérer lorsqu’il s’agit d’assurer la longévité du produit.
«Après de multiples discussions et analyses d’échantillons, notre tisseur a démontré que le mélange de cachemire recyclé et de cachemire vierge assurerait une plus grande qualité et longévité à nos produits, ce que nous considérons comme meilleur pour l’environnement à long terme» peut-on lire sur le site web de l’entreprise.
C’est la culture de la surproduction et des achats excessifs qui va à l’encontre de la mode écoresponsable, que les textiles soient recyclés ou non.
Être conscients du gaspillage, c’est donc investir dans des pièces durables et de haute qualité, évitant ainsi d’avoir à les remplacer à court terme.
«Nous expliquons en détail ce qui fait qu’un produit est durable, afin que les consommateurs puissent développer des réflexes leur permettant d’être plus soucieux de leurs choix lorsqu’ils magasinent, tout en étant plus avertis lorsqu’ils font face aux pratiques d’écoblanchiment malheureusement trop répandues dans l’industrie de la mode», dit Stéphanie Beaulieu. Nous souhaitons leur offrir les informations nécessaires afin qu’ils deviennent des consommateurs plus écoresponsables.»
Les habitudes d’achat de ces dernières années révèlent de meilleures pratiques écologiques. La durabilité est considérée comme un critère d’achat important pour 61% des consommateurs américains, et plus d’un tiers des consommateurs mondiaux sont enclins à payer davantage pour des produits respectueux de l’environnement, selon la Global Sustainability Study 2021.
À venir pour ecova ?
Au fil du temps, la marque vise à offrir une gamme complète de vêtements et d’accessoires fabriqués de manière transparente.
Les produits ecova peuvent désormais être achetés en ligne sur www.ecova.co. Stéphanie Beaulieu espère présenter ses produits dans le grand magasin de luxe canadien Holt Renfrew dans le courant de l’année.
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est diplômée en journalisme et en sociologie de l’Université Concordia.