Le gouvernement du Québec doit établir des incitatifs fiscaux plus généreux pour encourager le maintien ou le retour des travailleurs de 60 ans et plus, selon Sylvie Cloutier. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. La campagne électorale est bien lancée et les propositions des partis sur les enjeux les plus urgents pour les électeurs occupent l’essentiel de l’espace médiatique. Mais une campagne est aussi et surtout l’occasion de lancer des débats et d’offrir une opportunité de discuter de préoccupations majeures qui sont peu abordées au cours de la gouvernance de l’État.
Le secteur de la transformation alimentaire (TA) a des défis propres, distincts d’autres secteurs manufacturiers à cause bien sûr de nos particularités réglementaires: salubrité des aliments, processus de fabrication, etc. Après tout, notre matière première est vivante et doit être traitée dans des laps de temps qui obligent nos entreprises à une structure et une planification solides et irréprochables.
Je profite donc de l’occasion pour couvrir nos principales préoccupations relatives à l’économie et à l’ESG (environnement, social et gouvernance).
1. Mettre en place des mesures spécifiques au secteur de la transformation alimentaire (TA) afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre
Tout d’abord, le gouvernement du Québec doit établir des incitatifs fiscaux plus généreux pour encourager le maintien ou le retour des travailleurs de 60 ans et plus.
De plus, l’immigration est une des solutions pour atténuer la pénurie de main-d’œuvre. Le gouvernement doit faciliter l’accueil des travailleurs étrangers temporaires (TET) en poursuivant le dialogue entrepris avec le gouvernement fédéral, afin de rendre le fonctionnement du programme des travailleurs étrangers temporaires plus efficient et en accélérant la transition numérique du ministère de l’Immigration, de la Francisation et Intégration (MIFI). Dans un souci d’accueil des TET, il faut aussi soutenir financièrement les entreprises manufacturières qui souhaitent construire des logements pour leurs travailleurs.
Il existe un programme pilote en transformation alimentaire qui permet aux travailleurs étrangers temporaires de faire une demande de résidence permanente après 24 mois d’expérience au Québec. Malheureusement, les critères ne sont pas concurrentiels par rapport aux autres provinces canadiennes. Je crois que, pour retenir cette main-d’œuvre qualifiée et expérimentée, il est essentiel de leur faciliter l’accès à la résidence permanente.
2. Instaurer une Stratégie nationale de la transformation alimentaire
Le gouvernement doit investir massivement dans ce secteur névralgique. La mise en place d’une Stratégie nationale de la transformation alimentaire qui aurait comme objectif d’injecter 100 millions de dollars par année pendant dix ans dans le secteur contribuerait à combler l’écart de compétitivité et d’améliorer la productivité de l’industrie et ainsi assurer une plus grande autonomie alimentaire au Québec.
3. Reconnaître l’industrie de la TA comme un service essentiel en lui octroyant ce statut de manière officielle et permanente
La pandémie de la COVID-19 a révélé l’importance de l’industrie de la transformation alimentaire pour assurer la sécurité alimentaire de la population québécoise.
Afin que le Québec puisse mieux se préparer à une éventuelle crise avec la même détermination, il est crucial d’accorder à l’industrie de la transformation alimentaire le statut de service essentiel et d’enchâsser cette reconnaissance de manière officielle et permanente dans la loi.
4. Soutenir les entreprises de l’industrie de la TA dans leurs efforts visant à se doter de cibles ambitieuses et concrètes en matière d’écoconception et d’analyse de cycle de vie
L’industrie de la transformation alimentaire est fortement préoccupée par les problématiques liées au suremballage et à l’utilisation excessive de plastique à usage unique. Dans le contexte compétitif actuel, il serait opportun pour le gouvernement de mettre en place des incitatifs visant à encourager les entreprises les plus ambitieuses en matière d’ESG (environnement, sociétal, gouvernance).
5. Réviser la réforme de la consigne et considérer l’avis des parties prenantes dans le développement du meilleur projet possible pour la collecte sélective et la consigne, afin d’y inclure davantage de paramètres répondant aux critères environnementaux
Le recyclage, la consigne et la revalorisation des matières et des aliments sont des incontournables pour assurer une économie circulaire au Québec. Cependant, la réforme de la consigne récemment adoptée par le gouvernement du Québec ne permettra pas d’augmenter le taux de récupération et aura des incidences notables sur l’émission des GES.
6. Créer un plan de soutien visant à accompagner l’industrie de la TA dans ses efforts de réduction des GES
La réduction des GES implique des dépenses importantes qui, sans aide gouvernementale, finiront par se faire ressentir sur le coût du panier d’épicerie des Québécois et des Québécoises. Un plan de transition énergétique pour les entreprises de transformation alimentaire permettant au secteur de réduire ses émissions doit être développé sans toutefois contribuer à la problématique de l’inflation.
Je suis heureuse d’avoir l’occasion de partager avec vous quelques-uns des défis méconnus de notre secteur. Dans le contexte électoral actuel, cette tribune me permet aussi de vous parler de notre réalité.
Je publierai la 2e partie de ce texte le 22 septembre prochain, en vous présentant les défis de productivité que rencontrent nos entreprises.