Élections: Trudeau convaincu qu’il a reçu un mandat clair
La Presse Canadienne|Publié le 21 septembre 2021Au final, les libéraux auront perdu quelques plumes en Atlantique, mais ont résisté à leurs adversaires dans le Grand Toronto. (Photo: Getty Images)
Au terme d’une campagne électorale dont l’utilité aura été contestée du débat à la fin, les libéraux forment de nouveau un gouvernement minoritaire. Le chef libéral Justin Trudeau est cependant loin d’y voir une défaite et parle d’un «mandat clair» qu’on lui a confié.
Lors d’un bref discours devant ses partisans à Montréal, M. Trudeau a soutenu que des millions de Canadiens avaient décidé, une fois de plus, de choisir un plan «progressiste» pour sortir le Canada de la pandémie. Défaut d’avoir obtenu la majorité souhaitée, il a tenté de dépeindre le résultat de l’élection comme une victoire pour la vision de son parti.
«Vous avez fait un choix. Vous avez donné aux parlementaires un mandat clair pour qu’on en finisse avec cette pandémie une bonne fois pour toutes et bâtir un meilleur avenir», a-t-il dit, entouré de sa femme et de deux de ses enfants.
Après cinq semaines de campagne, le chef libéral s’est dit prêt à revenir au travail. Les libéraux avanceront donc avec leur plan pour un système national de garderies, pour des investissements en santé avec conditions, pour un plan en logement, pour avancer sur le chemin de la réconciliation et pour continuer la lutte sur les changements climatiques.
«En tant que Canadiens, vous avez élu des parlementaires pour livrer tout cela et notre équipe, notre gouvernement, est prêt», a soutenu M. Trudeau.
Puis, il a tendu la main aux Canadiens qui ont déploré la tenue de ces élections en pleine quatrième vague et a lancé un appel aux autres partis, avec qui les libéraux devront collaborer pour adopter les projets de loi à venir.
«Je vous ai entendus: ça ne vous tente plus, qu’on parle de politique et d’élections. Vous voulez qu’on se concentre sur le travail qu’on a à faire pour vous», a-t-il lancé.
«Mes amis, je suis prêt à poursuivre le travail», a-t-il ajouté.
M. Trudeau a ensuite remercié les chefs des autres partis pour leurs services à la nation, ainsi que le personnel d’Élections Canada qui va compter des bulletins de vote jusqu’aux petites heures de la nuit. Il a également remercié sa mère, Margaret Trudeau, qui était présente dans la salle et sa famille pour leurs sacrifices.
L’élection de lundi met fin à une campagne électorale qui ramène les libéraux à la case départ, ou presque. Ils avaient fait élire 157 députés en 2019 ; ils étaient à 155 députés libéraux confirmés aux petites heures, mardi. Le dépouillement des bulletins de vote par la poste pourrait sceller le sort de certains autres députés dans des courses serrées.
Au final, les libéraux auront perdu quelques plumes en Atlantique, mais ont résisté à leurs adversaires dans le Grand Toronto.
M. Trudeau aura perdu deux ministres sortantes, soit Bernadette Jordan en Nouvelle-Écosse et Maryam Monsef en Ontario.
Au Québec, quelques courses serrées continuaient de tenir les électeurs en haleine jusque dans la nuit, notamment dans Trois-Rivières, Longueuil–Saint-Hubert et Brome-Missisquoi. La députée Brenda Shanahan semblait en voie de perdre dans Châteauguay-Lacolle au profit du Bloc québécois, alors que la candidate vedette Ann Gingras semblait avoir perdu son pari dans Beauport-Limoilou.
Quelques dizaines de militants se sont déplacés à l’hôtel Le Reine Élizabeth, où le rassemblement libéral avait lieu, à temps pour le discours du chef. Ils sont partis aussi vite qu’ils sont arrivés.
Malgré tout, les libéraux ont évité de manifester leur déception tout au long de la soirée. Au contraire, ils ont tenté de dépeindre leur mandat comme une victoire, après avoir connu une fin de campagne au coude-à-coude avec les conservateurs.
Même avant l’annonce des résultats, le coprésident de la campagne libérale au Québec, Pablo Rodriguez, semblait baisser les attentes des militants, en disant qu’il ne verrait pas «quelqu’un faire la fine bouche parce qu’il a reçu un mandat minoritaire ou majoritaire».
«C’est un privilège de diriger le Canada. (…) Lorsque les Canadiens vous donnent cette possibilité-là, vous la prenez, quel que soit le mandat et vous donnez le meilleur de vous-même», a-t-il déclaré aux journalistes en début de soirée.
Geneviève Hinse, directrice des communications du Parti libéral du Canada (PLC) pour la campagne nationale, a tenté de dépeindre la situation comme une victoire pour les «valeurs progressistes».
«C’est la troisième fois que les Canadiens choisissent d’élire Justin Trudeau et un gouvernement progressiste à la tête du pays. (…) Ça, pour nous, c’est un grand moment de fierté et d’humilité, en même temps», a-t-elle dit en entrevue.
Alors que certains commentateurs spéculaient sur l’avenir de M. Trudeau, M. Rodriguez assure que son chef va continuer d’avoir la confiance du caucus à «100%» même en situation minoritaire.