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Employés, voici comment reprendre le dessus

Olivier Schmouker|Édition de la mi‑juin 2020

Employés, voici comment reprendre le dessus

(Illustration: Charles DesGroseillers)

SANTÉ DES EMPLOYÉS. La réouverture graduelle des entreprises et des commerces québécois vient avec son lot de défis en matière de santé et sécurité des employés. Les dirigeants doivent aussi s’assurer de veiller sur la santé mentale de leurs travailleurs, fortement éprouvée par la pandémie de COVID-19. Les Affaires vous offre quelques conseils pour employeurs et employés.

Les chiffres font froid dans le dos… 52 % des Canadiens trouvent que leur santé mentale s’est détériorée à la suite des mesures de confinement, selon les données de la fin mai de Statistique Canada. Ceux-ci ressentent une grande nervosité (71 %), se découvrent facilement irritables (69 %), ou encore éprouvent de la difficulté à se détendre (64 %). C’est bien simple, le nombre de Canadiens qui estiment que l’état de leur santé mentale est aujourd’hui «passable» ou «mauvais» a triplé en un an, leur proportion étant passée de 8 % à 24 %.

Morneau Shepell, un fournisseur de services en mieux-être auprès des entreprises, a concocté un Indice de santé mentale. Or, ce dernier montre que le moral des employés s’est littéralement effondré en raison de la pandémie du nouveau coronavirus : au Québec, l’Indice montre en mai – comme en avril – une chute moyenne de 12,3 points par rapport au score de 75 antérieur à la COVID-19. Une chute surtout due aux sentiments d’anxiété (+14 points), de dépression (+14 points), d’inefficacité au travail (+13,5 points) et d’isolement (+12 points). Bref, le moral est à terre.

«La pandémie a bouleversé notre mode de vie habituel, dans sa prédictibilité ainsi que dans notre sentiment de contrôle, dit Lisa Angeloni, vice-présidente à la Stratégie client chez Morneau Shepell. Cela favorise l’anxiété, qui vient s’ajouter à d’autres conséquences, comme la perte de revenus ou les inquiétudes quant à notre santé physique.»

Une initiative originale

Dans ce contexte, il est important de se faire du bien. Ce qui peut notamment s’effectuer en… s’habillant autrement. «La santé mentale est encore un tabou, c’est pour ça qu’il est complexe pour chacun de nous de réaliser que nous sommes fragiles sur ce plan, et encore plus que nous avons un problème lorsque celui-ci survient. C’est justement pour lever ce tabou que nous avons eu l’idée de créer notre start-up», raconte Juan Rincon, un des trois cofondateurs de Kool Apparel, une marque québécoise de vêtements vendus en ligne.

Tout comme ses amis Samuel Choquette et Étienne Penelle, Juan Rincon a été marqué par des problèmes de santé mentale, directement ou indirectement. «Pour ma part, dit-il, j’ai eu du mal à m’accepter tel que j’étais, à reconnaître les émotions qui m’envahissaient, surtout à l’adolescence. J’aurais aimé de l’écoute, du soutien, quelque chose qui me permette de trouver un certain équilibre avant que le déséquilibre ne se produise. Quand nous avons réalisé cela tous les trois, nous nous sommes dit qu’il fallait aider les autres en ce sens, contribuer à prévenir avant de devoir guérir ; c’est comme ça qu’est né Kool Apparel, il y a neuf mois, à Granby.»

«Nous utilisons l’art et le tissu pour faire passer un message positif, poursuit Étienne Penelle. Sur un hoody, un coton ouaté ou une casquette figure un dessin merveilleux ou une citation inspirante. Nous avons ainsi inscrit la phrase « Derrière ce masque, je te souris en cachette « , de l’auteur David Goudreault, sur le masque que nous avons lancé en mai.»

Mine de rien, cela aide vraiment les gens. Les témoignages abondent sur la page Facebook de Kool Apparel : un étudiant de 15 ans déclenche des discussions passionnantes rien qu’en portant un T-shirt de la marque ; une jeune employée revêt toujours un vêtement Kool Apparel lorsqu’elle rencontre son psy, car cela lui donne de l’énergie, etc. «Nous sentons que nous faisons du bien aux clients, comme aux organismes liés à la santé mentale à qui nous reversons une bonne partie de nos profits, dit Juan Rincon. La cause avance. Et ça, ça fait notre bonheur !»

«Que l’on soit entrepreneur, employé ou, que sais-je, étudiant, on gagne à choyer sa santé mentale, résume Étienne Penelle. C’est, je crois, la grande et belle leçon de la pandémie.»

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Trois façons de prendre soin de sa santé mentale

La COVID- 19 a créé beaucoup de stress pour les employés. Pour y remédier, il convient de veiller à se faire du bien. Voici trois conseils de Lisa Angeloni, vice- présidente à la Stratégie client chez Morneau Shepell :

1. Gérer ses émotions

« Pour commencer,il faut reconnaître que nous avons été touchés émotionnellement par les événements : perte de confiance en soi, inquiétude pour la santé de ses proches, etc. Puis, il faut réaliser que c’est normal, et pour ce faire, le mieux est d’en parler à autrui. Si cela est difficile avec un proche, on peut faire appel aux services d’un conseiller par l’entremise, entre autres, du Programme d’aide aux employés ou aux étudiants. »

2. Prendre soin de soi

« Assurez- vous de vous réserver du temps pour les contacts sociaux, l’activité physique, le plaisir, la détente et l’accomplissement personnel, ajoute- t-elle. C’est la base de nos besoins psychologiques quotidiens. »

3. Avoir un oeil sur ses finances

« L’Indice de santé mentale de Morneau Shepell montre que l’incertitude financière nuit à la santé mentale, indique- t-elle. Même si votre situation financière n’a pas vraiment changé, le simple fait de faire le point et d’avoir un plan à court et à moyen terme peut vous redonner un sentiment de contrôle, et par suite, réduire votre anxiété. » – O.S.