(Photo: 123RF)
Un texte d’Edith Cyr, directrice générale, Groupe de ressources techniques Bâtir son quartier
COURRIER DES LECTEURS. La crise du logement du 1er juillet revient, année après année, rappeler à la population que des membres de leur famille, des voisins ou des collègues peinent à se trouver un logement. Je ne surprendrai personne en vous informant que cette crise, elle existe toute l’année durant.
Et que cette problématique ne touche pas uniquement le manque de logements, mais également la capacité de payer le loyer pour plusieurs ménages, de loger convenablement les familles et surtout, de construire des logements sociaux et communautaires pour répondre aux demandes en continu.
Selon la Communauté métropolitaine de Montréal, près de 200 000 ménages locataires à faible revenu consacrent plus de 30 % de leurs revenus à payer leur loyer. La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) évalue que le Québec aura besoin de 620 000 logements de plus d’ici 2030 pour atteindre un niveau d’abordabilité souhaitable. C’est un défi réel auquel il faut collectivement réfléchir et trouver des solutions innovantes pour atteindre cette cible.
Derrière les portes
Uniquement à Bâtir son quartier, une entreprise d’économie sociale qui développe des milieux de vie autonomes et solidaires sous forme de coopérative d’habitation, d’OBNL ou avec les offices municipaux d’habitation, il y a 837 logements dans 11 projets montréalais qui sont en attente d’être financés par le programme AccèsLogis. Derrière les portes de ces logements, il y a d’abord les membres des groupes fondateurs de leur coopérative qui donnent sans compter les heures dans leur projet de vie communautaire, ainsi que les conseils d’administration d’OBNL qui souhaitent offrir un toit aux personnes qui utilisent les services essentiels qu’ils donnent à la population. Ces personnes-là sont toutes bénévoles et c’est la mission de Bâtir son quartier de les accompagner à réaliser leur projet. Il y a également des tables de quartier, des groupes de travail communautaire, des comités logements qui se penchent sur l’inclusion de projets dans leur milieu sans compter les divers professionnels qui travaillent des dossiers complets, et de qualité, pour obtenir les fonds nécessaires à la réalisation de ces logements.
Un impératif électoral
Dans les prochaines semaines, des centaines de candidat(e)s à l’élection provinciale du 3 octobre feront la tournée des organismes et iront à la rencontre des citoyen(ne)s pour entendre leurs préoccupations. Cette campagne électorale doit être l’occasion pour les partis d’annoncer des mesures concrètes pour accélérer la réalisation de logements sociaux et communautaires.
J’ai envie de leur dire qu’on a besoin d’investir dans le logement, tant pour sa construction que pour aider financièrement les gens qui habiteront ces logements. Qu’on doit rapidement financer tous les projets qui sont prêts et mettre en place un programme de financement qui offrirait un soutien adéquat pour les projets en développement, en continu, afin qu’au moins 5000 logements soient disponibles par année pour la population qu’ils représentent.
Ce programme de financement doit être récurrent, à la hauteur des besoins et suffisamment doté pour s’adapter à l’augmentation des coûts de construction et des taux d’intérêt. Rien qu’en 2021, à Bâtir son quartier, nous avons eu 1528 nouvelles demandes de personnes en recherche d’un logement pour un total de 11 000 demandes en attente. Et nous avons, sur la planche à dessin, plus de 50 projets résidentiels qui totalisent environ 3000 logements.
Les efforts des villes en matière de logement abordable pour répondre à la crise sont considérables. Il n’en demeure pas moins que l’habitation est une responsabilité des paliers supérieurs et les villes ne pourront pas y arriver seules. Si l’on veut assurer une abordabilité pérenne des loyers, il est essentiel que les gouvernements financent adéquatement les programmes.