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Dominic Gagnon

Innovation entrepreneuriale

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Expert(e) invité(e)

En sommes-nous enfin à la Grande Réconciliation?

Dominic Gagnon|Publié le 20 octobre 2022

En sommes-nous enfin à la Grande Réconciliation?

Photo : Dylan Gillis pour Unsplash.com

BLOGUE INVITÉ. Pendant la pandémie, au milieu d’un marché du travail en ébullition et d’un renouveau dans la relation entre employeur et employé, de nombreuses personnes ont rejoint un grand mouvement baptisé la «Grande Démission».

Durant cette période, les travailleurs quittaient pour toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises — mieux payés ailleurs, des leaders pourris, la recherche d’un meilleur équilibre travail-vie personnelle, le désir de prendre plus de temps pour soi, des conditions de travail et salariale pas à la hauteur de leur talent, etc.

Cependant, lorsque l’économie s’est soudainement redressée au début de 2021 avec le retour à grande vitesse de la croissance et du plein emploi, ce fut le choc. Effectivement, le phénomène de la Grande Démission a été exacerbé par le besoin criant de main-d’œuvre et les entreprises sont devenues désespérées pour trouver des gens.

C’était certainement un marché qui favorisait l’employé avant tout et presque à tout prix. Ainsi, pendant une grande partie de 2021, les travailleurs se sentaient en confiance de quitter leur emploi, sachant qu’ils pouvaient toujours, si nécessaire, revenir dans un marché du travail très compétitif.

 

D’offres d’emplois à message de départ!

Aujourd’hui, la situation a considérablement changé, spécialement dans le milieu des technologies, mais aussi dans plusieurs autres secteurs d’activités. L’inflation, la hausse des taux d’intérêt et la chute des marchés boursiers ont poussé de nombreuses entreprises à commencer à réduire leurs budgets et leurs plans d’embauche. Nous sommes passés de dizaines d’offres d’emplois alléchantes sur LinkedIn à plusieurs messages chaque jour de salariés faisant état de coupes et de pertes d’emploi.

En général, les entreprises qui brûlent de l’argent (c’est-à-dire qui ne sont pas rentables), qu’elles soient privées ou publiques, ressentent soudainement une pression énorme pour réduire leurs dépenses, de peur de manquer complètement d’argent. 

Alors qu’au cours des années passées, les investisseurs en capital-risque et les investisseurs boursiers étaient heureux de les inonder d’argent (et sans réelle logique quant aux chiffres), cet environnement d’optimisme insensé a disparu, du moins, pour l’instant.

 

Les employés quittent le navire par peur en ce moment

Nous voyons donc un revirement de situation assez drastique en ce moment. Il y a encore quelques mois, les start-ups aux multiples levées de fonds n’ayant pas réellement l’ambition de devenir profitables étaient les chouchous de la majorité des chercheurs d’emploi.

Mais la réalité est que les employés ne sont pas idiots. Ils se rendent compte que les coupes de postes entraînent généralement encore plus de licenciements — les entreprises s’arrêtent rarement avec une seule série de coupes, même si c’est souvent ce qu’elles communiqueront à la première. Le résultat : une foule de personnes cherche maintenant à se dépêcher de quitter le bateau vers l’un plus stable.

C’est une situation que nous avons vécue positivement chez Connect&GO. Dès l’annonce de notre financement de Série A de 17 millions de dollars, nous avons envoyé le signal au marché que nous étions solides financièrement et bien capitalisé. Cela nous a permis très rapidement de pourvoir plusieurs dizaines de postes avec des personnes incroyables et dans un délai beaucoup plus rapide. Ces nouveaux employés provenaient en partie des coupes dans l’industrie des technos, mais une majorité travaillait dans des entreprises au futur plus incertain !

Effectivement, dans les secteurs les plus touchés, les employés commencent à se poser de questions beaucoup plus profondes sur l’entreprise pour laquelle ils travaillent. Gagne-t-il réellement de l’argent? Si mon entreprise perdait soudainement la capacité de lever de nouveaux fonds, combien de mois resterait-il avant qu’ils ne soient plus en mesure de distribuer la paie?

Et beaucoup n’aiment pas les réponses qu’ils reçoivent à ces questions (lorsqu’ils en reçoivent). Ils réalisent tout à coup que l’argent n’est pas une ressource illimitée et que le plan d’affaires de leur entreprise était principalement basé sur un marché en surchauffe et l’enchainement de levées de fonds. Leur réflexe : quitter le bateau avant qu’il commence à prendre l’eau! Nous vivons donc une nouvelle Grande Démission, mais cette fois, elle n’est pas volontaire! Elle est plutôt motivée par la peur de perdre son emploi, le désir de stabilité et de travailler pour une entreprise qui gagne réellement de l’argent.

Cela aura des conséquences intéressantes. Les entreprises non rentables déjà aux prises avec des taux de croissance et un financement réduits seront également confrontées à de grands défis pour conserver leurs meilleurs employés (c’est-à-dire les plus attrayants). En soi, c’est un peu le retour du balancier — les entreprises ayant fortement profité de la crise pandémique vivront des moments très difficiles, comme ce fut le cas pour les entreprises comme la nôtre et dans le divertissement. Ils devront à leur tour réfléchir à comment pivoter ou se réorganiser avec beaucoup moins d’argent et être plus efficace avec moins.

Les grandes entreprises avec des bilans solides et celles ayant réussi à obtenir du financement verront quant à elles un afflux de talents cherchant à se prémunir d’une potentielle récession et à augmenter leur stabilité.

Faites toutefois attention : il est très possible qu’ils cherchent à repartir dès l’arrivée du printemps. Plus rien n’est acquis!

 

La Grande Réconciliation

Cette Grande Démission involontaire rebalance un peu les choses. En serions-nous donc enfin revenus à un moment où la relation entre employeur et employé redeviendra l’une de collaboration, de respect et d’objectifs communs? Je l’espère réellement. Pour moi, la Grande Réconciliation surviendra lorsque les employés et les employeurs retrouveront un pied d’égalité et ce «juste-milieu» ou chacun d’entre eux peuvent à la fois grandir, évoluer et être respectés.

Pour ma part, je pense que les extrêmes que nous avons vécus dans les dernières années nous y rapprochent réellement. Nous sentons une vraie vague de changement en ce moment dans le recrutement chez Connect&GO. Les employés recherchent de moins en moins la poudre aux yeux que plusieurs start-ups technologiques leur faisaient miroiter, mais un rôle dans lequel ils peuvent grandir et évoluer ainsi qu’une vraie compréhension de leurs envies et besoins. La surenchère à tout prix semble terminée et même si je ne peux pas être contre le fait que chaque personne souhaite gagner plus, je pense que nous en étions à un point où cela devenait très dangereux pour la compétitivité des entreprises.

Sans nos équipes, nous ne sommes rien et ne pouvons rien accomplir. Et sans l’entrepreneur, les équipes n’auraient pas cette opportunité de se rassembler pour accomplir quelque chose de grandiose. Souhaitons que toutes ces grandes tendances nous amènent enfin vers un peu plus de stabilité et de collaboration!