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Ian Gascon

Les FNB démystifiés

Ian Gascon

Expert(e) invité(e)

En temps de crise, faut-il liquider son portefeuille?

Ian Gascon|Édition de la mi‑avril 2020

En temps de crise, faut-il liquider son portefeuille?

(Photo: Charles Deluvio pour Unsplash)

LES FNB DÉMYSTIFIÉS. Au moment d’écrire ces lignes, les marchés traversent l’un des marchés baissiers les plus rapides de l’histoire. La ­Bourse canadienne a perdu plus de 30 % en seulement un mois. L’indice de la peur est à un niveau extrême (voir l’encadré) et plusieurs investisseurs se demandent quoi faire. Ces ­jours-ci, je me fais fréquemment questionner à savoir s’il est temps de liquider son portefeuille.

Le passé n’est pas garant de l’avenir, et la crise de la ­COVID-19 pourrait affecter l’économie plus gravement et plus longtemps que ce qui est actuellement anticipé par les marchés. Un tel scénario pourrait facilement entraîner des pertes supplémentaires importantes. À l’inverse, une mise en quarantaine mondiale rapide pourrait limiter la progression de l’épidémie et faire en sorte que l’économie redémarre rapidement. Ce dernier scénario pourrait faire de ce marché baissier le plus court de l’histoire. Alors, comment réagir ?

En fait, il est un peu tard pour y penser. Il est très difficile de prévoir la direction des marchés. Une des meilleures démarches à long terme est de s’assurer que son portefeuille est construit de manière à limiter les pertes à un degré que l’on pourra soutenir afin de ne pas prendre la décision de vendre au pire moment. En théorie, c’est simple. En pratique, cependant, les pertes peuvent être plus élevées que prévu selon les variables macroéconomiques les plus affectées (pétrole, taux d’intérêt, endettement des entreprises). Dans le cas présent, la crise liée à la ­COVID-19, une pandémie sans précédent dans un monde très interconnecté, est aussi aggravée par l’effondrement du prix du pétrole. C’est pratiquement deux crises en même temps. De quoi amplifier les pertes prévues et exacerber les inquiétudes. 

Les deux options de l’investisseur

Si un investisseur décide de vendre alors que les marchés s’écroulent et que la volatilité est à son sommet, il sera réconforté à court terme de voir ses pertes limitées si les marchés continuent de baisser. Il pensera avoir pris la bonne décision. Toutefois, si ce même investisseur a un horizon à long terme, sa peur ne sera vraisemblablement pas dissipée tant que les rendements extrêmes ne seront pas chose du passé. Il y a alors de bonnes chances que les marchés soient déjà à un niveau plus élevé qu’au moment de la liquidation.

Si un investisseur doit vendre, car il doit sécuriser ses actifs pour une dépense imminente, il n’aura ­peut-être pas le choix de vendre. Mais si son portefeuille respecte son profil d’investisseur, il devait savoir qu’une telle perte était possible et qu’elle pouvait se produire à n’importe quel moment.

L’autre option est d’attendre et de laisser passer la tempête. Historiquement, il est préférable de rester investi plutôt que de tenter de prévoir les aléas à court terme. Un effondrement des marchés fait partie des risques peu probables, mais possibles. Dans un tel scénario, une reprise pourrait prendre des décennies. Toutefois, les investisseurs acceptent de prendre des risques dans l’espoir d’obtenir des rendements positifs à long terme, comme ce fut le cas de 2009 à 2019 et pendant presque toutes les périodes de 10 ans précédentes. Pour investir avec succès à long terme, il est préférable d’être patient. 

***

L’indice de la peur

L’indicateur le plus connu qui mesure l’aversion au risque des investisseurs est le ­VIX. C’est un indice qui quantifie la volatilité anticipée du S&P 500 au cours du prochain mois. Sa valeur moyenne des 15 dernières années est d’environ 18. Ainsi, une mesure inférieure à 20 indique un marché relativement calme.

En temps de crise, les variations quotidiennes des marchés s’amplifient et peuvent parfois devenir extrêmes. Au mois

de mars, par exemple, les ­coupe-circuits automatiques des ­Bourses se sont déclenchés à plusieurs reprises après que les indices ont baissé de plus de 7 % en une journée.

Le 16 mars, le ­VIX a atteint un niveau de 83, près de son niveau record de 89 atteint le 24 octobre 2008, en pleine crise financière. ­Est-ce que ça signifie que le pire est passé ? ­Pas nécessairement. En 2018, mais cette fois en ­Russie, l’indice de peur a atteint 200 !