(Photo : Blvck Paris pour Unsplash)
BLOGUE INVITÉ. Je me rappelle très bien de mes débuts en affaires. Après avoir travaillé plusieurs années afin de faire de mon idée un projet concret, j’avais comme objectif, après être entré dans le réseau de la SAQ, d’ouvrir de nouveaux marchés.
Par réflexe, j’avais décidé de regarder vers l’ouest et d’étendre mon empreinte dans le reste du Canada en commençant par l’Ontario. Comme beaucoup d’entrepreneurs à leurs débuts, j’avais d’immenses ambitions, mais très peu de moyens. Certes j’avais confiance en la qualité de mon produit ainsi qu’en mon plan de match, cependant, je n’avais aucune idée par où débuter.
Au Québec tout comme en Ontario, la vente de spiritueux est contrôlée par un monopole public. Bien que ce système ait certains avantages, il est cependant complexe pour une personne, comme moi, qui n’avait aucune expérience de collaboration avec une machine aussi lourde.
Certes, j’étais accompagné d’un distributeur local, mais vu mon historique de vente quasi inexistant (j’étais un nouveau produit!) et avec un budget plus que limité afin de faire connaître mon produit, j’ai dû faire face à la triste réalité; je n’avais aucune chance, pour l’instant, de percer le marché ontarien. Face à cette porte close, il fallait que je prenne une décision pour le futur de l’entreprise.
J’étais vraiment déçu de ne pas pouvoir réussir à percer cette frontière invisible entre les deux provinces, mais je n’avais pas l’intention d’abandonner la recherche de nouveaux marchés. C’est quelques semaines plus tard, lors d’un appel avec mon père qui habite en France, que j’ai pris une décision : si le Canada ne voulait pas de moi, j’allais voir ailleurs!
Je n’avais jamais sérieusement réfléchi à l’exportation, pourtant, c’était une option comme une autre! Que ce soit une autre province ou un autre pays ou un autre continent, le défi restait le même. Cette fois-ci, j’avais choisi un marché qui, à mes yeux, allait me donner plus de chances de réussite : la France. En effet, lors de l’élaboration de mon plan d’affaires, la France était souvent prise en exemple comme marché intéressant pour les spiritueux, de plus, on y partage la même langue et ma famille, du côté paternel, y réside.
J’étais décidé. Le couteau entre les dents, j’avais comme mission de prouver aux acheteurs de la LCBO (la SAQ version ontarienne) que je n’avais pas besoin d’eux pour réussir et que mon produit valait la peine d’être commercialisé.
L’idée était grande, les défis l’étaient encore plus! Je n’avais tout simplement aucune idée de ce qu’il fallait faire pour exporter, ne serait-ce qu’une seule bouteille, à 6000 km du lieu de production.
C’est quelques jours plus tard qu’un de mes amis m’a parlé d’un programme qui supportait les entreprises à exporter. Il ne se souvenait pas du nom, mais après quelques recherches, je suis rapidement tombé sur le site d’Exportation et développement Canada.
Bien se renseigner
Étant à ma première expérience en affaires, j’ignorais tout de l’écosystème du monde des affaires et l’existence de programmes spécifiques à l’exportation. À tort, j’étais convaincu qu’il fallait être une multinationale pour penser vendre à l’étranger.
C’est un appel avec l’un de leurs conseillers qui m’a convaincu que mon objectif d’exportation était plus réaliste que je ne le pensais. J’avais déjà ciblé le marché où je voulais tenter ma chance, il me fallait maintenant un plan plus étoffé que le simple fait de vouloir vendre mes bouteilles dans un autre pays.
Au fil des mois suivant, j’ai profité de beaucoup de soutien de la part de différents intervenants pour m’aider à élaborer mon projet d’exportation. Analyse de marchés, recherche de partenaires, budget, protection juridique, aide financière et j’en passe. Parallèlement, j’ai fait quelques visites sur place afin de rencontrer de possibles partenaires. Enfin, presque un an après ce fameux appel avec mon père, j’étais finalement prêt.
Sincèrement, sans l’appui d’experts en la matière, jamais je n’aurais pu réussir une première vente à l’internationale. Depuis, l’impact de l’exportation pour mon entreprise et pour moi en tant qu’entrepreneur est sans équivoque. Japon, Royaume-Uni, France, Belgique, Mexique ne sont que quelques pays où aujourd’hui je suis fier de voir nos produits briller.
Non seulement nous sommes allés chercher de la croissance dans ces nouveaux territoires, nous avons forgé de solides relations d’affaires aux quatre coins de la planète, engagé un chef de territoire, Mat, basé à Paris pour couvrir le marché européen et accélérer notre programme de R&D grâce, notamment, aux idées et tendances que nous voyons émerger dans les différents pays où nos produits sont disponibles.
Les PME d’aujourd’hui disposent de tous les outils pour exporter. Fini l’époque où il fallait être une grande entreprise ou avoir des poches sans fond afin de faire découvrir au monde nos produits. Avec les programmes d’appui à l’exportation existants, les entrepreneurs et leurs équipes ne sont plus seuls dans cette aventure, mais accompagnés d’experts qui facilitent, entre autres, les premiers pas à l’étranger.
Le monde des affaires n’a plus de frontières, les nouvelles technologies facilitent les échanges, les consommateurs ont soif de nouveaux produits, l’exportation est de plus en plus accessible et certainement une avenue que tout entrepreneur devrait explorer.