Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (Photo: MEQ)
PERSPECTIVE DES MARCHÉS ÉTRANGERS. L’économie mondiale pourrait bien ralentir en 2020, si les prévisions disent vrai, et l’Europe n’en serait pas exclue. Malgré cela, le continent reste une excellente destination pour les exportations québécoises et canadiennes.
Un des secteurs actuellement porteurs est certainement celui de l’agroalimentaire, explique Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). «Le marché européen représente une belle occasion», dit-elle.
L’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global (AECG), entre le Canada et l’Union européenne (UE), en septembre 2017, en est partiellement responsable. Celui-ci a fait tomber 97 % des droits de douane sur les produits canadiens, avec un objectif de 98,7 % d’ici 2023. Des entreprises qui devaient par exemple payer 5 %, 7 % ou 10 % de droits dans le passé en sont maintenant exemptées, illustre Mme Proulx. «On devient donc beaucoup plus concurrentiel lorsque l’on arrive sur le marché, explique-t-elle. C’est pour cette raison qu’on dit depuis des années aux entreprises de s’intéresser au marché européen.»
Si on se fie aux données qu’a fournies Affaires mondiales Canada à Les Affaires, elles ont écouté. D’octobre 2018 à septembre 2019, les exportations de nombreux produits alimentaires ont monté en flèche, comparativement à l’année précédente. C’est le cas des bleuets congelés (56 %), dont les exportations se sont élevées à 102,8 millions de dollars, les canneberges en conserve (70,8 %), dont les exportations ont atteint 52,7 M$, et le poisson en conserve (15,0 %), qui totalise 46,3 M$.
Affaires mondiales Canada a également noté une forte croissance des exportations pour le sirop d’érable (10,4 %), les préparations alimentaires (16,5 %), les mollusques vivants (25,1 %), les poissons congelés (29,1 %), le boeuf (292,6 %) et les jus de fruits (33,1 %), entre autres.
«Pour réussir à exporter, il faut être compétitif et se doter des ressources et de l’expertise nécessaires», insiste Mme Proulx. Mais pour les firmes qui sont bien préparées, il y a assurément de belles occasions.
Tech et fintech
Tout ce qui touche aux nouvelles technologies, qu’il s’agisse d’intelligence artificielle (IA) ou de technologies liées au monde de la finance, est également porteur en Europe. Surtout au Royaume-Uni, note Pierre Gabriel Côté, délégué général du Québec à Londres.
«Oui, la Banque d’Angleterre prédit un ralentissement, dit-il. Oui, on parle du Brexit. Malgré cela, nous restons très optimistes, car il s’agit de secteurs qui, ici, sont très innovants, très vibrants, et qui attirent beaucoup l’attention. L’économie va continuer d’avoir des besoins importants.»
Le Royaume-Uni étant un centre mondial de finance, il attire les capitaux et les joueurs clés de ce domaine. Il s’agit donc d’une occasion d’affaires en or pour qui sait la saisir. Tout ce qui touche à l’open banking et à la sécurité informatique, par exemple, suscite beaucoup d’intérêt, explique M. Côté.
«CGI, mais aussi Coveo et Element AI viennent ici parce qu’ils maîtrisent la technologie ultime pour répondre à ces besoins, soit l’intelligence artificielle, fait-il valoir. Dans ce domaine-là, nous sommes bien positionnés. Ici, au Royaume-Uni, le Québec est considéré comme le Silicon Valley de l’IA.»
Comment les exportateurs et entreprises peuvent-ils en profiter ? «L’écosystème québécois de soutien aux entreprises est excellent, dit M. Côté. Il y a beaucoup d’accompagnement, comme le service des délégués commerciaux. Il faut agir. Les occasions sont immenses.»
Manufacturier innovant
Le secteur manufacturier, spécifiquement les sous-secteurs qui concernent les produits les plus hautement technologiques, est actuellement très porteur pour les exportateurs d’ici.
«Quand on regarde les produits et les secteurs qui ont connu la plus importante croissance de leurs exportations en Europe depuis l’Accord, on trouve notamment ceux qui concernent la machinerie et les équipements», note Mme Proulx. Selon elle, cependant, les entreprises qui réussiront à percer le marché européen seront surtout celles qui auront réussi à innover et qui auront investi dans l’automatisation et la robotisation.
«De manière générale, les entreprises du Québec connaissent un important retard de productivité, dit-elle. Nous sommes peu ou pas compétitifs sur le marché européen.» Pour cette raison, les Européens profitent davantage de l’accord que les exportateurs québécois. Selon Mme Proulx, les statistiques relatives à l’année suivant l’entrée en vigueur de l’accord montrent que le Québec importe plus qu’il exporte.
Questionnée sur la manière d’avoir du succès et de percer le marché européen, la PDG de MEQ répond : «Il faut investir. Il faut prendre le virage de l’industrie 4.0.»