Mener de front une carrière de gestionnaire et des études de MBA tout en conservant une vie personnelle et familiale n’a rien de simple, c’est pourquoi certains étudiants bénéficient d’une ressource d’accompagnement à temps plein. (Photo : 123RF)
FORMATION MBA CADRES ET DIRIGEANTS. «Pour être un bon leader, il faut être bien dans sa peau, être capable de prendre du recul sur son entreprise, ses collègues et même par rapport à soi-même. Il faut être zen et être confiant.» Le gestionnaire d’expérience André Châtelain discutera certainement de ces notions essentielles durant l’accompagnement qu’il offrira bientôt aux étudiants de l’Université de Sherbrooke inscrits au MBA pour cadres en exercice.
À partir de la rentrée 2019, ceux-ci auront droit à une quinzaine d’heures de coaching personnalisé tout au long de leur parcours. Cet accompagnement sur mesure s’inscrit dans la volonté de l’institution de favoriser la réussite au sein de ce programme très exigeant. «Nous voulons que les étudiants deviennent de meilleurs gestionnaires. Nous tentons donc de les accompagner dans leur réussite plutôt que de miser uniquement sur leur performance. Pour cela, il faut favoriser leur bien-être grâce à une approche humaine et personnalisée», explique Jean-François Lalonde, directeur général du Centre Laurent Beaudoin de l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke.
Mener de front une carrière de gestionnaire et des études de MBA tout en conservant une vie personnelle et familiale n’a rien de simple. Ainsi, l’université déploie une série de mesures et d’outils pour faciliter la réussite de ses cohortes. «Le fait de leur offrir du soutien permet de diminuer leur anxiété», assure M. Lalonde.
Les étudiants bénéficient donc d’une ressource d’accompagnement à temps plein. «À la fin de la session, par exemple, je vais prendre un café avec chacun d’entre eux pour savoir comment ça s’est passé et s’ils souhaitent que l’on organise certaines activités. C’est souvent l’occasion de confidences de leur part», souligne Geneviève Héon, coordonnatrice académique au Centre Laurent Beaudoin. S’ils connaissent des difficultés avec certaines matières, elle leur propose du tutorat ou encore un aménagement d’horaire s’ils ont un souci à la maison ou au bureau.
Adaptation des cours selon les commentaires des étudiants, organisation d’activités en fonction des intérêts de la cohorte, groupes de petite taille, activités sur le terrain de plusieurs jours pour explorer différents thèmes liés au savoir-être… Même une consultation avec un kinésiologue est à l’horaire ! Sans compter le coaching personnalisé qui s’ajoute cet automne.
«Souvent, les gestionnaires se trouvent très seuls et ont besoin de quelqu’un pour les appuyer, sans les juger. C’est un peu ce rôle que nous comptons jouer auprès de ces étudiants qui occupent déjà des postes de gestionnaires. Une approche très personnalisée qui s’adapte aux objectifs de chacun», détaille André Châtelain, vice-président chez Desjardins à la retraite, qui partagera ce rôle avec André Villemure, autrefois vice-président chez BRP. «Les deux coachs seront toujours disponibles en cas de besoin, que ce soit par courriel, Messenger ou cellulaire», précise-t-il.
L’Université de Sherbrooke n’est pas la seule à mettre le bien-être et l’introspection au menu de son MBA. À HEC Montréal tout comme à l’Université McGill, les étudiants de ces programmes ont droit à un certain nombre d’heures de coaching. «Cela fait plus de 10 ans que nous offrons ce service, qui permet notamment de passer du savoir-faire au savoir-être», indique Louis Hébert, directeur du programme de MBA à HEC Montréal et codirecteur pédagogique du programme EMBA McGill-HEC Montréal. À l’Université Laval, chaque cadre en exercice débute sa maîtrise par une «évaluation 360», c’est-à-dire réalisée par son entourage, ce qui lui permet de discerner ses forces et ses faiblesses.
De manière générale, les compétences des gestionnaires destinées à améliorer le bien-être de leurs employés prennent de plus en plus de place dans le parcours des étudiants au MBA, constate la professeure Caroline Biron, titulaire par intérim de la Chaire en gestion de la santé organisationnelle et de la sécurité du travail de l’Université Laval. «Ces notions ont toujours fait partie du cheminement des étudiants au MBA, mais maintenant, nous avons une offre de cours plus grande à ce sujet, fait-elle remarquer. Elle se décline sous différentes formes telles la gestion des conflits et les bonnes pratiques pour limiter la surcharge de travail ou diminuer le stress organisationnel. Les étudiants apprennent aussi comment mettre en place une démarche structurée pour améliorer la santé psychologique des employés.»
Des questions primordiales à aborder dès les bancs de l’école, estime la professeure Biron, car les gestionnaires ont un rôle prépondérant à jouer à ce chapitre. Pour améliorer le bien-être de son équipe, il faut en effet mettre en place des pratiques de gestion organisationnelle favorables. «Plusieurs études ont aussi démontré que le style de leadership du gestionnaire a une influence énorme sur la santé psychologique des employés», conclut-elle.