Femmes sur le marché du travail: la situation s’améliore, mais…
Catherine Charron|Publié le 08 mars 2022«L’importance que nous accordons à ces questions aujourd’hui pourrait faire de la pandémie un moment décisif tournant pour les Canadiennes», conclut le rapport. (Photo: LinkedIn Sales Solutions pour Unsplash)
RHéveil-matin est une rubrique quotidienne où l’on présente aux gestionnaires et à leurs employés des solutions inspirantes pour bien commencer leur journée. En sirotant votre breuvage préféré, découvrez des astuces inédites pour rendre vos 9@5 productifs et stimulants.
RHÉVEIL-MATIN. Si les Canadiennes ont bien repris leur place sur le marché du travail après l’avoir quitté en grand nombre au début de la pandémie, force est de constater qu’elles sont toujours moins bien payées que leurs homologues masculins, indique Services économiques RBC.
Dans une note parue le 4 mars 2022, Dawn Desjardins, Carrie Freestone, Rannella Billy-Ochieng’ et Naomi Powell, les autrices, soulignent qu’un «retour à la normale ne suffira pas» à rehausser le salaire des femmes qui, s’il était égal à celui des hommes pour un emploi équivalent, ajouterait 18 milliards de dollars dans les poches des ménages au pays.
Consultez tous nos textes pour la Journée internationale des femmes
En 2021, les mères de bambins de moins de 6 ans obtenaient 87 cents pour chaque dollar gagné par les pères de ces enfants. Et plus ils vieillissent, plus l’écart se creuse, selon les données collectées par Statistique Canada: celles dont la marmaille est âgée de 6 à 12 ans reçoivent 18 cents de moins.
Cette «pénalité maternelle» affecte même les femmes sans enfant, qui empochent 93 cents pour chaque dollar de leur homologue masculin.
Elles sont pourtant plus nombreuses à faire partie de la population active: en janvier 2022, elles représentaient 84,4% des femmes de 25 à 54 ans, soit légèrement plus que les 83,8% enregistré à pareille date en 2020 selon des données désaisonnalisées. De plus, elles obtiennent davantage de postes spécialisés dans le domaine des finances, de l’assurance ou des services professionnels par exemple.
Le hic, c’est que les hommes aussi, ce qui laisse les proportions pratiquement inchangées. Notons que, outre les services professionnels, scientifiques et techniques, où elles comptent pour 43% de la main-d’œuvre, le nombre de femmes employées semble «plus équilibré» en finance, en assurance et en immobilier.
Les autrices ajoutent que la différence de participation à la population active est encore plus marquée lorsque ces femmes font partie des minorités visibles, sont autochtones, ou si elles sont âgées de 55 ans et plus.
L’écart entre les rémunérations, quant à lui, n’a presque pas changé par rapport à avant la pandémie. Au Québec, malgré la loi sur l’équité salariale, les femmes reçoivent en moyenne 92 cents pour chaque dollar gagné par les hommes. Précisons néanmoins qu’à l’échelle du pays, ce ratio est plutôt de l’ordre de 87 cents par dollar.
Du côté de la haute direction, toutefois, la situation n’a pratiquement pas bougé depuis la fin des années 1990, souligne la note: les femmes occupent moins du tiers de ces postes.
Le tremplin post-pandémie
Pour corriger le tir, les autrices du rapport soulignent que le Canada peut encore en faire davantage.
«L’importance que nous accordons à ces questions aujourd’hui pourrait faire de la pandémie un moment décisif tournant pour les Canadiennes», concluent-elles.
Certes, le système de garde abordable adopté par le fédéral au cours de la pandémie est un pas dans la bonne direction. Celui implanté au Québec en 1997 a d’ailleurs fait ses preuves, si ce n’est que ça a pris 8 ans pour que le nombre de femmes faisant partie de la population active grimpe de 7,3 points de pourcentage, dépassant du même coup la moyenne nationale.
En 2021, 86,9% de celles en âge de travailler font partie de la population active, alors que ce taux est de 83,9% dans l’ensemble de la population.
«Le défi consiste maintenant à tirer parti de l’élan qu’il a créé en définissant les prochaines actions», est-il écrit dans le rapport. La bonne nouvelle, c’est que les femmes se trouvent en meilleure posture qu’avant le début de la pandémie.
En effet, environ 50% d’entre elles ont obtenu un baccalauréat, alors qu’elles n’étaient que 25% en 1997, ce qui laisse croire que d’ici quelques années, elles seront plus naturellement nombreuses à occuper des postes de direction selon les autrices.
La nouvelle flexibilité des milieux de travail devrait aussi leur permettre de moins sentir l’effet de la «pénalité maternelle», car elles pourront plus facilement jongler entre leurs impératifs familiaux et professionnels.
Mais du travail reste encore à faire du côté des milieux à forte prépondérance masculine, des barrières qui freinent les femmes à acquérir des connaissances, surtout chez celles qui demeurent en région.
Pour ne plus rater ce rendez-vous, recevez votre RHéveil-matin dans votre boîte de courriels!