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Filières stratégiques: des occasions à ne pas manquer

Le courrier des lecteurs|Mis à jour le 13 juin 2024

Filières stratégiques: des occasions à ne pas manquer

(Photo: courtoisie)

Un texte de Stéphane Drouin, vice-président, Achat québécois chez Investissement Québec

COURRIER DES LECTEURS. La mise en place d’une filière batterie au Québec a fait couler beaucoup d’encre depuis les grandes annonces de la dernière année, mais on ne parle pas assez de l’ampleur des occasions qui seront générées en périphérie de la chaîne de valeur, soit de l’extraction des minéraux à leur transformation en matériaux de batterie, puis à la revalorisation/recyclage de ces derniers.

La création de la filière de la batterie au Québec va permettre de développer une expertise de pointe, un bassin de talents et tout un réseau de PME qui vont alimenter l’industrie des transports et de la gestion de l’énergie. Sachant que le média anglais spécialisé en énergie Benchmark Minerals prédit que près de 30 % de la production nord-américaine de cathodes qui entrent dans la fabrication des batteries proviendra de Bécancour en 2030, et que les ventes mondiales annuelles de véhicules électriques pourraient atteindre près de 700 milliards de dollars américains en 2030, le potentiel est énorme. 

Les applications des batteries sont multiples, bien au-delà de celles qui se retrouvent dans les véhicules électriques. Il ne s’agit pas d’une seule industrie, mais bien d’une filière industrielle. Le stockage d’énergie à grande échelle, par exemple, sera nécessaire pour intégrer au réseau électrique les énergies renouvelables intermittentes, comme les énergies solaire et éolienne: pouvoir stocker l’énergie quand il y a du vent et du soleil permet de l’utiliser pendant les pointes de demande d’électricité. 

Et il n’y a pas que la filière batterie dans le paysage. Nous n’avons qu’à penser aux filières énergétiques de l’hydrogène vert et des bioénergies, aux développements dans l’industrie aérospatiale, aux contrats du chantier Davie, ou encore au Plan d’action 2035 d’Hydro-Québec qui prévoit des investissements de plus de 150 milliards de dollars (G$), à un rythme de plus de 10G$ par année. Juste pour le volet de l’énergie éolienne, l’annonce faite récemment par la société d’État nous indique que les plus grands projets de parcs d’éoliennes terrestres au monde prendront forme au Québec au cours des prochaines années. 

Nous vivons une des plus grandes périodes d’investissements et de développement économique pour les entreprises québécoises. Et ces grands projets industriels arrivent à un moment où l’achat local n’a jamais été autant stratégique. Bien que l’on se soit presque remis des impacts de la pandémie de Covid-19 sur les chaînes d’approvisionnement, les dernières années ont mis à jour plusieurs enjeux qui y sont liés. 

Pour les grands donneurs d’ordres qui réalisent des projets ici, s’approvisionner au Québec permet une plus grande prévisibilité sur les délais de livraison et une empreinte environnementale considérablement réduite en évitant le transport des marchandises sur de longues distances. Avoir ses fournisseurs près de soi permet également de les rencontrer aussi souvent que nécessaire et d’exercer un contrôle qualité pour s’assurer que le produit fini répond aux exigences. Quand l’on considère ces aspects, on arrive vite à la conclusion qu’il n’est souvent pas moins coûteux de s’approvisionner en Asie, par exemple.

Alors, qu’il soit question de la filière batterie ou d’autres grands projets industriels à venir, les intentions des donneurs d’ordres sont claires: ils souhaitent s’approvisionner auprès de fournisseurs québécois, autant que possible. Mais les entreprises québécoises sont-elles prêtes à saisir ces immenses occasions? 

Quand on dit grands projets, on dit grands besoins. Pour remporter un appel d’offres, il faut avoir la capacité de production et le niveau de productivité recherché. Et l’on sait que, malgré les progrès des dernières années en la matière, le Québec ne fait pas bonne figure côté productivité en comparaison avec les autres pays de l’OCDE, dû à un retard en termes de numérisation, d’automatisation et de robotisation. 

Il y a aussi les exigences au niveau des certifications, notamment côté santé-sécurité et développement durable. Ne pas les avoir peut disqualifier un soumissionnaire d’emblée. Au-delà d’exiger le respect des normes en vigueur, les grands donneurs d’ordres ont des standards de plus en plus élevés. Si les occasions seront bel et bien au rendez-vous, c’est la responsabilité des entreprises de s’assurer de répondre aux exigences. 

Mes collègues et moi chez Investissement Québec échangeons régulièrement avec les grands donneurs d’ordres. Certains nous ont déjà fait part de leurs besoins, d’autres sont encore à les définir. Il s’agit de produits et services comme des équipements, des matières premières, des matériaux transformés, des pièces, des services-conseils et des technologies de l’information.

Nous nous assurons de rendre disponibles aux entreprises qui nous en font la demande les détails quant aux étapes de production et leurs besoins respectifs, sur la prévisibilité des projets à approvisionner et la nature des contrats à venir. Nous tenons également des événements pour favoriser le maillage entre les donneurs d’ordres et les fournisseurs québécois.

Nos équipes sont en mesure de fournir l’accompagnement technologique aux entreprises qui souhaitent se préparer. Nous pouvons les aider à identifier les projets porteurs et les financer.

«La fenêtre sera courte pour ceux qui souhaitent aller de l’avant avec des projets d’accroissement de capacité, d’augmentation de productivité, d’innovation et de certifications.»
Il s’agit de ne pas rater le train; si vous n’êtes pas prêts au moment où les contrats seront octroyés, il sera trop tard. Ce serait vraiment dommage que l’on ait réussi à lancer des projets industriels d’une telle envergure et que les entreprises québécoises n’en profitent pas au maximum.

 

Consultez notre dossier spécial sur la filière batterie